Dans ma famille, on a toujours eu des dons de voyance. Personnellement, j'avais prédit la guerre en Irak trois jours à l'avance, la montée du prix du baril de pétrole, l'élection de Nicolas Sarkozy deux heures avant qu'elle soit effective, la mort de Jean Paul II, la victoire de Michael Schumacher dans le championnat du monde de Formule 1 en 2004… Bref, mon incroyable talent ne saurait être remis en question. Et là je peux vous le dire avec certitude : je suis en train de chroniquer l'album qui figurera tout en haut du top de l'année 2008 sur Thrashocore.
Qui ici n'a pas écouté …And Time Begins ? Qui ici n'a pas suivi la vague d'engouement qui a suivi la mise en écoute d'extraits de ce Diminishing Between Worlds sur le myspace du groupe ? Je pense pouvoir dire sans trop me tromper que ce nouveau Decrepit Birth était attendu avec impatience par la quasi-totalité des chroniqueurs de death du site, et j'ai dû lutter ferme pour pouvoir la faire cette chronique, j'ai même dû renoncer à l'augmentation que Chris était sur le point de m'accorder pour la somme de travail que j'abats (car oui, sur Thrashocore on applique la doctrine de notre chef : chroniquer plus pour recevoir plus de promos).
Vous vous souvenez sans doute de …And Time Begins sorti voilà cinq ans, et que l'on pouvait qualifier de Suffocation sous stéroïdes. C'était rapide, brutal, technique, et fort sympathique sans pour autant donner envie de sauter au plafond, car il manquait vraiment un éclair de génie pour faire sortir le groupe du lot. Et si à l'époque Decrepit Birth était un exemple typique de ce que les américains qualifient de « blasting death » (j'espère que je n'ai pas besoin de vous expliquer ce que ça veut dire…), force est de constater qu'aujourd'hui, l'évolution est pour le moins sidérante !
Déjà, au revoir Derek Boyer (Suffocation) et Tim Yeung (tous les groupes de death de la côte Est), seuls Bill Robinson et Matt Sotelo restent à bord du navire. Et qui de mieux pour compléter le line-up que les musiciens d'un des meilleurs groupes de brutal death technique des Etats-Unis, à savoir Odious Mortem ? Le groupe a donc embauché l'excellent KC Howard aux fûts, batteur dont quatre générations de chroniqueurs ne cesseront sans doute pas de vanter les qualités. Et l'influence de Odious Mortem au sein du groupe est palpable, car l'on ne peut même plus parler d'évolution à ce niveau, c'est un changement radical et salvateur de style, auquel il faudrait être totalement fou pour ne pas adhérer.
Et oui, fini le gros death poilu et viril façon marteau pilon, si Decrepit Birth reste brutal, rapide et technique, le groupe abat une nouvelle carte que l'on attendait pas : la mélodie. J'ai arrêté de compter le nombre de leads présents sur ce Diminishing Between Worlds tant cet album n'est qu'un défilé incessant de solos et de leads ponctués par des riffs fluides et brutaux. Le gain de maturité est juste totalement incroyable, car malgré des changements mélodiques constants, des parties de batterie tantôt supersoniques (purée, cette vitesse à la double grosse caisse est juste sidérante) tantôt épileptiques et un placement vocal assez contre-nature, le rendu est extrêmement prenant, et le très haut niveau technique atteint ne rend pas pour autant les compositions indigestes, loin s'en faut !
Le seul rapprochement avec Odious Mortem s'il est naturel est pourtant bien trop simple : là où ce dernier joue vraiment la carte de la brutalité et de la technicité exacerbées, Decrepit Birth a une optique différente : on sent clairement que le groupe a cherché à faire la musique la plus accrocheuse possible, la brutalité et la technicité inhérentes au style n'étant là que pour appuyer l'incroyable bagage mélodique du groupe et former la musique la plus accrocheuse possible. C'est un peu comme si l'on comparait Gorguts et Martyr : le rapprochement est immédiat car un musicien commun aux deux groupes a de la personnalité et pourtant la musique est différente.
Decrepit Birth possède réellement sa propre personnalité et il est impossible de ne pas se laisser charmer par l'intro proche d'un Cynic de l'instrumental « The Enigmatic Form » ou par les riffs divins de « A Gathering Of Imagination ». Chaque morceau comporte son moment épique, son passage mélodico-technique, son envolée de basse, son solo dantesque… Prenez le meilleur de Spawn Of Possession, Odious Mortem et Neuraxis, un soupçon de Death, Hate Eternal et Mithras pour les solos, une apporche des riffs rentre dedans proche de celle du dernier Kronos en date mélangez, et vous aurez peut être une vague idée du bonheur qui vous attend à l'écoute de Diminishing Between Worlds.
S'il fallait trouver un défaut à cet album ce serait peut être le fait qu'il est sous-mixé (entendez par là que le volume global est relativement faible par rapport à la normale), mais la production quant à elle est en béton armé. Le son très incisif des guitares ressort sans pour autant cacher la basse qui se fait très souvent audible (on aurait d'ailleurs souhaité qu'elle le soit encore un peu plus, mais un ampli ENGL a le don pour faire ressortir les guitares par rapport à tout le reste), et le son de la batterie est quant à lui très judicieusement pensé : grosse caisse très audible mais pas trop en avant, caisse claire claquante sans être énervante, seules les cymbales sont un poil en retrait et se font moins audibles quand les morceaux gagnent en densité. Bref une production quasi-parfaite, avec un chant pas trop en avant qui ne couvre à aucun moment l'instrumentation. Le chant qui est peut être lui aussi un petit défaut, étant un peu trop grave et manquant un poil de puissance, mais il est cela dit assez varié pour remplir parfaitement son office sans déranger le moins du monde, tant il sied bien à la nouvelle orientation musicale du groupe.
On peut aussi pinailler sur le fait que le morceau
« …And Time Begins » est repris et fait un peu tâche parmi les nouvelles compositions du groupe, mais vu la qualité de ce Diminishing Between Worlds et sa relative longueur (45 minutes, soit 15 de plus que le précédent album tout de même), il sera bien vite pardonné au groupe d'avoir un morceau un poil faible au milieu de l'album.
Ai-je encore besoin de réitérer mes éloges après cela ? Si Cryptic implosion de Odious Mortem fût le meilleur album de brutal death technique de l'année passée, il y a de fortes chances pour que ce Diminishing Between Worlds soit le meilleur de 2008 dans la même catégorie. Oubliez Spawn of Possession, Decrepit Birth enterre tout ce que avez pu entendre jusqu'à présent en matière de brutal death technique, en prenant tout le monde à contre-pied : je n'aurais vraiment pas parié sur le groupe avant leur promo de 2006 pour sortir un pareil album. Mais celui-ci n'est ni plus ni moins que la quintessence du style : ultime.
Par Keyser
Par Lestat
Par Lestat
Par Sosthène
Par Sosthène
Par MoM
Par Jean-Clint
Par Sosthène
Par AxGxB
Par Deathrash
Par Sikoo
Par Jean-Clint
Par Troll Traya
Par alexwilson
Par Sosthène