Orphalis - The Approaching Darkness
Chronique
Orphalis The Approaching Darkness
Ça faisait un moment que je voulais parler d'Orphalis. Depuis le deuxième album des Allemands en fait, The Birth of Infinity, petite tuerie de brutal death (technique) sortie en 2016 sur Amputated Vein Records pourtant passée inaperçue, même ici. En attendant de revenir peut-être un jour sur cette pépite méconnue, c'est leur nouvel opus The Approaching Darkness, illustré par une superbe peinture d'Adam Burke, qui va permettre de présenter le combo de Dortmund. Un disque très attendu de mon côté tant le précédent m'avait marqué. Là non plus on n'est pas très en avance puisque ce troisième long-format date de juin 2019, cette fois sur Rising Nemesis Records, le label brutal death d'outre-Rhin qui monte.
Et à nouveau, le quatuor, redevenu depuis un quintette avec l'arrivée d'un nouveau bassiste, a fait fort. Pas autant qu'avec The Birth of Infinity, néanmoins The Approaching Darkness se place clairement dans le haut du panier. Celui d'un brutal death assez technique et moderne, entre Origin, Omnihility (pour rester dans les "o"), late-Deeds of Flesh et une version light de Beneath the Massacre. Les Teutons ont toutefois procédé à quelques petits réglages sur ce nouvel album, dont certains me font préférer l'opus précédent. Oh, rien qui change complètement la donne mais ce sont deux-trois paramètres qui montrent tout de même un semblant d'évolution. Des choses que l'on pouvait déjà entendre sur The Birth of Infinity, accentuées ici. Orphalis a ainsi quelque peu revu à la baisse l'intensité et la technicité de son death metal pour donner un peu plus de couleurs modernes et "progressives" à son œuvre. En gros, The Approaching Darkness se montre un poil plus varié. La formation simplifie son écriture, privilégie l'efficacité, diversifie ses rythmiques, insiste plus sur les ambiances, modernise son style, propose plus de groove, balance moins de sweeps. On voit ainsi apparaître plus fréquemment des dissonances, des passages saccadés, des bass drops, des breakdowns aux riffs huileux ou encore des riffs blackened blastés ("Aeons of Destruction" à 1'43, fin de "The Stench of Human Failure", "The Futility of Existence" à 0'17 et 2'09, "Moulded to Serve" à 1'40 ...), un peu à la manière de ce que peut proposer Cattle Decapitation (influence que l'on retrouvera l'espace de quelques instants sur le chant reptilien de "From the Depths" à 1'37).
Tout ceci est cela dit fait avec parcimonie donc ça passe plutôt bien. Très bien, même. Bien sûr, j'aurais pu faire sans les passages syncopés beaucoup trop modernes et sans les bass drops, effet de style plus approprié pour des groupes de slam ou de deathcore comme Devourment ou Benighted que pour un combo se réclamant du brutal death technique. Dommage aussi ce déclin de sweeps qui gazouillent et cette absence de solos mélodiques qui illuminaient de temps en temps The Birth of Infinity. On n'en retrouve qu'un sur "The Futility of Existence", plutôt bien branlé en plus. Frustrant ! Ces quelques défauts ne doivent cependant pas masquer le sentiment global : The Approaching Darkness bute méchamment. Les blast-beats sont de toute façon toujours là et pas qu'un peu, ouf, l'honneur est sauf ! D'autant que la production puissante et pas plastique les met bien en valeur. Le riffing reste de haut niveau, centré sur des tremolos aux mélodies assez sombres. Les vocaux s'avèrent eux meilleurs que sur l'opus précédent, mieux maîtrisés, en particulier les shrieks, et les intonations les plus gutturales font moins brutal death d'entrée de gamme. Le growl principal se montre quant à lui puissant et intelligible. L'ensemble vocal, bien varié, offre une dynamique intéressante et convaincante. La basse a aussi son mot à dire et s'extirpe volontiers des lignes de guitares. L'écoute au casque vous révélera toutes ses qualités. On terminera la distribution des bons points avec l'intensité dramatique qu'arrive à créé le groupe, apportant un côté prenant à l'œuvre, ainsi que la bonne ambiance dark que dégage le disque. Pas toujours le cas quand il s'agit de brutal death, qui plus est orienté technique et moderne, où ce sont trop souvent la rythmique, la brutalité stérile et la technicité futile qui prédominent.
Non, ici, tout est mis au service de compositions intelligemment écrites et équilibrées. Les presque quarante minutes passent comme le coronavirus dans le corps d'un retraité fragile, nous laissant très satisfaits. Pas à 100% certes, l'aspect parfois trop moderne et facile encore une fois ou cet appauvrissement en leads mélodiques, plaçant dès lors le disque un cran en-dessous de The Birth of Infinity, mais tout de même comblés. Surtout par rapport à l'offre brutal death de ces dernières années que l'on a connue plus qualitative. Orphalis se positionne ainsi parmi ce qui se fait de mieux en la matière et il est étonnant qu'après trois albums et dix ans de carrière, les Allemands restent trop peu souvent cités. Ce The Approaching Darkness propose pourtant toutes les qualités requises pour entrer dans le petit cœur de n'importe quel amateur de death metal doté d'un minimum de bon goût. Efficacité, riffing, écriture, mélodies, groove, technicité, brutalité, les Teutons savent y faire dans tous les domaines. Vous auriez tort de continuer à les bouder !
| Keyser 27 Mars 2020 - 1504 lectures |
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