On peut dire que je l'attendais ce nouvel album de mes Suédois préférés! Après deux excellents brûlots plébiscités par toutes les personnes de bons goûts, Visceral Bleeding revient nous faire saigner les tympans avec son 3ème opus,
Absorbing The Disarray. Prévu tout d'abord en décembre dernier, puis début mai, c'est finalement courant juillet que celui-ci voit le jour, après de mutiples problèmes divers et variés chez Neurotic Records, désormais coutumier du fait. On dit souvent que le 3ème album est un cap important pour un groupe, le passage de l'espoir au talent confirmé, de l'anonymat à la notoriété, de l'insouciance à la maturité. Pour moi c'est des conneries, mais faut bien que je remplisse mon introduction! Trèves de bavardages: voici pourquoi, malgré un bon 7/10,
Absorbing The Disarray est une déception...
Parlons d'abord des bonnes choses. A savoir que Visceral Bleeding pratique toujours son propre style de brutal death, jouissivement technique et véloce. Le groupe a même progressé. Les riffs de guitares sont encore plus travaillés, touffus, techniques, tordus, tarabiscotés (rajoutez n'importe quel adjectif commençant par un "t" sauf tétraplégique qui ne colle pas du tout et trigulaire qui n'existe même pas) que sur
Remnants of Deprivation et
Transcend into Ferocity et le groupe n'a rien perdu de sa vitesse d'exécution impressionnante, pratiquement aucun temps mort n'étant accordé pour ces sprinteurs. C'est aussi le cas du batteur et son jeu épileptique atypique toujours entre blasts (qui n'en sont pas vraiment d'ailleurs, plutôt des semi-blasts très rapides), roulements et rythmiques thrashies, tout celà en quelques poignées de secondes (on pourra par contre toujours lui reprocher de ressortir éternellement les mêmes patterns mais bon...)! Et je ne parle même pas des cassures rythmiques qui viennent vous surprendre toutes les 10 secondes ainsi que des harmoniques sifflantes toujours autant surutilisées qui vous font frissoner dangereusement la moelle épinière. Les morceaux des Scandinaves étaient déjà complexes à retenir et à différencier, je ne vous raconte pas pour ceux de ce
Absorbing The Disarray! Un véritable casse-tête dont bon nombres d'écoutes attentives seront nécessaires pour en percer le secret. Heureusement l'excellente production nous aide bien dans notre tâche!
Mais Visceral Bleeding n'a pas évolué seulement au niveau de sa technique. On entend ici et là des influences un peu plus "tendances", notamment des saccades à la double (on n'arrive pas encore à la mosh-part tout de même!) comme sur "Disgust The Vile", "Emulated Sense: Failure", "Absorbing The Disarray", "Awakened By Blood" ou "Demise Of The One That Conquered". On peut également remarquer des passages plus posés ("Disgust The Vile", "Rip The Flesh", "Absorbing The Disarray", "Demise Of The One That Conquered") heureusement assez rares car ne convenant pas trop au style Visceral Bleeding même s'ils permettent de souffler un court instant. On a aussi des séquences un peu plus mélodiques que d'habitude (enfin tout est relatif!). Là, le riff d'intro de "Beyond The Realm Of Reason" me vient à l'esprit mais c'est surtout aux nombreux soli du nouveau guitariste Martin "Germ" Bermheden que je fais allusion. Un solo par morceau, toujours plus ou moins mélodique mais assez original, construit de manière étrange et souvent lent sur des passages rapides.
On pourra reprocher à cette petite évolution (le groupe restant quand même en plein dans son rayon) une baisse du quotient de brutalité. L'Hémorragie Viscérale reste un groupe brutal mais un peu moins. Pour une autre raison surtout, et là j'en viens au gros point noir de cet opus, celui qui gâche le travail effectué par ces musiciens hors pair (on ne compte pas le bassiste qui ne sert pas à grand chose malheureusement). Dennis Röndum, l'ancien chanteur, a laissé place à Martin Pedersen, l'ex vocaliste live. Et là c'est le drame! Soyons francs toutefois, Pedersen évolue dans le même registre que son illustre prédécesseur. Le même registre dans le sens où Onkel Herpes possède un flow ultra rapide mais à l'énonciation compréhensible, flow qui convient parfaitement au tempo endiablé de la musique du quintette. Là où le bât blesse, c'est que sa voix s'avère moins gutturale et originale que celle du sieur Röndum. J'ai même parfois l'impression d'avoir à faire à Randy Blythe de Lamb Of God! J'aime la voix de Blythe mais pas pour Visceral Bleeding qui amène un chant death. Du coup, ça choque et le groupe y perd encore en brutalité. Certes on s'y habitue sur le fil mais ce changement reste LE problème majeur de cet album, au demeurant très impressionnant sur le plan strictement musical. Il empêche
Absorbing The Disarray d'être réellement marquant et d'asseoir définitivement Visceral Bleeding comme l'un des pilliers de la scène brutal death technique.
Voilà pourquoi, malgré un talent de composition indéniable, une technique toujours plus affûtée et affinée et une maîtrise du genre parfaite, ce
Absorbing The Disarray est une déception. Pour moi, le chant de Pedersen freine Visceral Bleeding dans son évolution et son épanouissement. A la rigueur, ceux qui ne connaissent pas les deux premiers albums et qui découvrent la formation avec cet opus peuvent s'en trouver comblés. Les autres, comme moi, devraient avoir plus de mal à se faire à cette incarnation moins extrême de l'Hémorragie Viscérale. Morale de l'histoire: rendez-nous Röndum!
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