Grotesque - Museum Of Human Disease
Chronique
Grotesque Museum Of Human Disease
L'inspiration. On le sait, les groupes de metal, en particulier son versant extrême, en manquent cruellement dès qu'il s'agit de se trouver un nom. Soit ils choisissent un titre de morceau d'un de leurs combos cultes, soit ils prennent deux-trois mots bien clichés qu'ils lient ensemble, soit ils sélectionnent n'importe quel substantif avec le suffixe "-tion". Mais il y a des groupes qui se cassent encore moins le cul en pompant carrément leur nom sur un autre. Pas très grave s'il s'agit d'une petite formation locale mais quand on parle d'un poids lourd, ça le fait déjà beaucoup moins. Alors soit les Australiens de Grotesque sont des gros rip-offs, soit ils sont complètement incultes et n'ont jamais entendu parlé du groupe suédois homonyme. Je ne sais pas quelle est l'explication la moins embarrassante...
Tout ça pour vous dire que ça craint, mais qu'il ne faut pas s'arrêter là. Car Grotesque fait preuve ici d'un sacré talent qui devrait faire vite oublier ce plagiat éhonté. Mettons donc de côté les Suédois pour nous occuper de ces Australiens formés en 2004 et dont Museum Of Human Disease est la première sortie parue en 2007 chez Prime Cuts Music. Un full-length pour commencer?! C'est qu'ils n'ont pas froid aux yeux ces petits! Et pourquoi pas après tout vu le niveau affiché! Imaginez Grotesque comme un croisement bâtard entre Cannibal Corpse et Origin, avec des bouts de Deeds Of Flesh, Dying Fetus et Suffocation dedans. Soit du brutal death à l'américaine pris entre groove grassouillet et vitesse express. Un brutal death souvent technique qui surprend déjà par sa production. On s'attendrait à un son très moderne protoolisé à mort avec une batterie triggée jusqu'à la moelle. Pas du tout, c'est même tout le contraire. Conséquence d'un manque de moyens ou d'un vrai choix de production? Aucune idée mais le résultat me plait bien. Enfin surtout en ce qui concerne le son naturel des tambourins. Ça fait plaisir d'entendre une vraie batterie dans un genre plus habitué aux sonorités plastiques et mécaniques, sans que cela ne nuise à l'impact de la musique. Les guitares, en revanche, manquent d'épaisseur. La puissance en prend donc un coup. Un peu dommage pour du brutal death censé en mettre plein les oreilles.
Rien d'impressionnant niveau son mais niveau musique, on prend cher par contre, surtout quand ça blaste. Parce que non seulement Grotesque blaste beaucoup (blast-beats et semi-blasts à tire-larigot) avec tout plein de rafales de double pédale, mais il faut entendre les plans de gratte déments qu'il nous balance par moment! Tremolos fulgurants, sweeps ultra rapides, accélérations dévastatrices, changements de rythme incessants, le niveau technique est très élevé et d'autant plus impressionnant qu'il s'agit d'un premier album. Écoutez donc les débuts de "Chaos Theory" et "Internal Dimensions", "Pulsating Cosmos" à 0'17 et 1'20, "Disgust" à 1'11 ou "Omnipotent Antipode" à 1'22 et 2'12. Si c'est pas bonard tout ça!
Mais Grotesque, ce n'est pas que ça. À côté de ces excès de vitesse et autres démonstrations techniques, les Australiens montrent aussi un visage beaucoup plus gras et groovy qui ravira les adeptes du brutal death US, notamment par le biais de ralentissements chargés en lipides et de mid-tempos huileux qui tâchent. Sans oublier la basse bien audible à la Suffocation. Si ces passages plus simples permettent d'aérer les compositions et d'éviter un disque trop indigeste, ils s'avèrent toutefois moins intéressants que les parties brutales endiablées. Sur "Eternities End", je trouve même le groupe carrément mou et pataud! Les séquences lourdingues du titre suivant, "Disgust", ne resteront pas non plus dans les annales. Museum Of Human Disease souffre également de redondance sur la fin malgré les changements de tempos et la qualité globale des riffs très supérieure à la moyenne, signe que l'on n'a pas affaire à n'importe qui tout de même. La faute à un manque dommageable de vraies mélodies et à un chant ultra guttural trop monotone de Tarren Whitfield, parti depuis chez les ultra techniques Entrails Eradicated. Quelques shrieks placés ici ou là n'y changeront rien.
Loin d'être parfait, Museum Of Human Disease n'en reste pas moins un album très prometteur pour qui aime à la fois le brutal death US et le brutal death technique. Le principal problème de Grotesque réside dans la trop grande différence entre les parties rapides et techniques et les séquences plus basiques, non seulement en terme de qualité mais aussi d'enchaînement entre les deux. Le combo de Perth n'a pas non plus la richesse mélodique d'un Spawn Of Possession ou l'intensité et la fluidité d'un Origin. Mais avec une telle brutalité, une technicité impressionnante et un bon sens du groove, le potentiel est déjà grand et le résultat remarquable. Quant au manque de puissance de la production, la minceur des guitares et le son non-triggée de la batterie donnent à l'album un charme certain qui le démarque des autres et donne envie de l'encourager. Le combo de Perth est jeune de toute façon et a donc tout le temps de corriger ces maladresses. L'EP éponyme de 2010 confirmera d'ailleurs toutes ses promesses.
| Keyser 9 Mars 2012 - 1523 lectures |
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