Quand on pense brutal death et Belgique, c'est souvent Aborted que l'on évoque. Pourtant, un autre groupe moins connu mériterait tout autant d'attention. Ce groupe, c'est Emeth, et j'espère bien que cette chronique vous poussera à vous pencher sur ce combo ô combien talentueux!
Il y a 2 ans sortait
Insidious, un 1er album foudroyant de par sa brutalité et son intensité, qui faisait passer ses compatriotes avortés pour une chorale de scouts tétraplégiques. Déjà bien parti, le désormais quintette (Peter Goemaere est arrivé l'année dernière en tant que second guitariste) enfonce le clou avec son nouvel opus
Reticulated, démonstration ahurissante de brutalité technique et chaotique!
Vous voyez le type en camisole de force sur la magnifique pochette (signée Sven d'Aborted)? Et bien c'est ce qui pourrait vous arriver si vous n'êtes pas suffisamment préparés! Mais comme je suis un mec cool, je vais vous expliquer de quoi il retourne.
La 1ère chose qui impressionne sur ce
Reticulated, c'est sa vitesse hallucinante. Autant vous dire qu'il vous faudra vous accrocher pour suivre les 9 morceaux qui composent cette pièce maîtresse! Tout va très très vite, ça part dans tous les sens: blast-beats frénétiques les 3/4 du temps, guitares déchaînées et schizophréniques, chanteur volubile, Emeth ne s'accorde aucun repos, si ce n'est sur quelques parties bien lourdes toujours parfaitement placées pour un maximum de satisfaction ("Fallacy Of Reason", "Karmic Impediment", "Heteronomy Of The Will", "Synoptical Incoherence"). Une impression de foutoir incontrôlé pourrait se faire ressentir mais pas du tout, chaos il y a mais il est maîtrisé magistralement par des musiciens hors-pair. Car avec la vélocité des titres s'ajoute une technicité vertigineuse au-delà de tout ce que j'ai pu entendre dans le brutal death. A côté, Cryptopsy c'est Lorie! Hyperbole mise à part, le batteur Tom Ales fait au moins jeu égal avec Flo Mounier, de par sa vitesse d'exécution inhumaine et ses changements de rythme déroutants. Et que dire des parties de guitares composées par Matty Dupont (également guitariste chez Aborted), de la folie pure (écoutez le monumental "Concentric Diversions" par exemple)! Finalement, il n'y a que la basse de Kevin Schutters qui fait défaut. Celle-ci ressort par-ci par-là mais pas assez à mon goût, ça m'aurait pourtant définitivement convaincu que ces mecs sont des extraterrestres! Mais ce n'est pas tout: en plus de nous éprouver physiquement par son intensité, Emeth nous assure de longues migraines avec des paroles intellectuelles complexes écrites par le maître à penser Matty Dupont. L'appellation "Extreme Belgian Sickness" que le groupe donne à sa musique prend là aussi tout son sens!
Reticulated marque ainsi un grand pas en avant de la part d'Emeth. Une progression qui a également amené quelques changements. Le plus évident d'entre eux concerne le chant de Tom Kimps. A tel point qu'on se demande même s'il s'agit du même chanteur! Le bonhomme a adopté un style hurlé orienté hardcore et a quelque peu délaissé les growls vicieux d'
Insidious, même si on peut encore en retrouver tout au long de l'album (ce à quoi contribue Svencho, invité sur "Karmic Impediment"). Pris au dépourvu, j'ai au début été plutôt déçu par cette évolution. Mais une fois l'adaptation réussie, on se rend compte que les vocaux n'en sont pas moins extrêmes et qu'ils renforcent même le côté schizophrénique par sa plus grande diversité. Et puis ces hurlements apportent aussi une vraie personnalité au frontman! On pourrait presque du coup cataloguer Emeth dans le brutal deathcore technique (les passages lourds allant également dans ce sens), rapprochant la formation flamande d'un groupe comme Despised Icon.
Autre différence avec le 1er album, la production. Et là, ce serait plutôt un reproche. Le son est très bon, mais quelques détails me dérangent et empêchent la note de monter à 9. Le groupe a fait appel à Daniel Bergstrand (In Flames, Dimmu Borgir), un choix plutôt étrange. Si les guitares sonnent bien et permettent d'apprécier toutes les subtilités, il en va autrement pour la batterie. Déjà pas assez mise en valeur, elle souffre également d'un son trop "doux", pas assez agressif. Ca se ressent pendant les blasts où la grosse caisse se trouve trop étouffée et où la caisse claire ne claque pas comme elle devrait. On est loin de la production dévastatrice d'
Insidious et c'est bien dommage!
Voilà la seule critique que je peux émet(h)tre (ahah!) sur ce phénoménal
Reticulated. Parce qu'à part ça, Emeth a sorti là un album remarquable, à la pointe de ce qui peut se faire dans le genre. Le combo devrait ainsi logiquement s'imposer comme l'une des références majeures. Pour ceux qui aiment les défis et qui n'ont pas peur de devoir écouter un album une vingtaine de fois pour en capter la substance,
Reticulated est un must-have!
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