En voilà des revenants dont on n'avait presque oublié l'existence! Jadis parmi mes chouchous sur leurs deux premiers albums, le très bourrin
Insidious et le schizophrénique
Reticulated, Emeth s'était quelque peu fourvoyé sur
Telesis, troisième opus des Belges qui les voyaient évoluer vers un death metal plus simple et moderne. Ça, c'était en 2008. Depuis, pas mal de choses ont changé. Le line-up déjà puisque seul le guitariste fondateur Matty Dupont n'a pas quitté le navire, devant quasiment tout reconstruire. Entre 2012 et 2013, il va ainsi trouver quatre nouveaux membres dont le plus connu Boris "El Bastardo" Cornelissen, ancien growler chez Leng Tch'e et Suppository et qui avait déjà fait un featuring sur
Telesis. Tout ce petit monde va signer cette année sur Xtreem Music (l'encéphalogramme de leur ancien label Brutal Bands étant encore plus plat que celui de Schumacher) et sortir à la mi-septembre un quatrième disque,
Aethyr, six ans après leur dernière production.
Je vous avouerais qu'après la déception
Telesis et ce long laps de temps, je n'avais au départ que peu d'intérêt pour cet album, malgré mon affection pour Xtreem Music et ma nostalgie pour la formation, ainsi qu'un léger effort fait sur la pochette certes encore trop moderne et colorée mais bien moins moche que l'horreur qui ornait la précédente réalisation du combo d'outre-Quiévrain. Mais quelques extraits prometteurs avaient su piquer ma curiosité. Emeth allait-il revenir en force d'entre les morts? Au final, après deux mois d'écoutes intensives, j'ai envie de répondre pas vraiment.
Pourtant,
Aethyr n'est pas tout à fait une resucée de
Telesis. On note ainsi un retour à des sonorités plus brutal death, que ce soit dans le chant yaourt du nouveau frontman Boris ou dans les riffs plus méchants et vicieux. Les séquences modernes saccadées connaissent un retrait salvateur au profit de breakdowns plutôt typés slam parts groovy et grassouillettes plus appréciables (quelques bass drops par ci par là pour accentuer leur lourdeur). On accueille également avec plaisir le renfort technique, avec certains passages qui renvoient aux meilleures heures de la formation. Pas mal de leads et solos virevoltants ("Der Einsam Wandler" à 1'26, c'est presque du Mithras!), d'intensité dans les riffs soutenus par de nombreux blast-beat furieux et une basse proéminente agile qui pourrait souvent passer pour une fretless.
Voilà les points d'amélioration par rapport à
Telesis. Plus brutal death, plus technique, plus mélodique, avec de meilleures parties de guitare (rythmique et lead) dans l'ensemble. C'est du moins ce qui ressort des premières écoutes, plutôt positives. Puis au fur et à mesure, le constat s'assombrit. Car parmi les très bons passages, on croise aussi pléthore de séquences génériques voire carrément mauvaises tel ce "Suffering Comes With Thy Name" d'une banalité affligeante suivi par un "Eidolons Of Ash" pas beaucoup mieux sur sa première moitié (la deuxième, plus rapide, mélodique et technique, s'avère plus intéressante), ou l'ultra poussive "Wrath Upon the Cursed", juste sauvée de la misère totale par un bon riff et un solo cool à mi-parcours. Emeth alterne en fait bons plans et moments de médiocrité, brutal death technique séduisant et brutal death bateau (typique sur le fort sympathique morceau-titre "Aethyr" illuminés par des passages technico-mélodiques et un peu de sweep gâchés aussitôt par une saccade core nullissime), rendant ce
Aethyr frustrant car il y avait de la place pour faire mieux. Malheureusement, le groupe ne tient jamais la cadence exigée pour faire un vrai bon album de brutal death, comme il avait su le faire sur ses deux premiers full-length.
Et puis il y a toujours cette comparaison gênante avec Aborted qui date de
Telesis. Que ce soit sur les blasts ou les tchouka-tchouka thrashy, impossible de ne pas penser à la bande de Svencho. D'autant que le chant de Boris ressemble souvent à s'y méprendre à celui du frontman des avortés. Une version toutefois au rabais puisque les vocaux yaourt font partie des mauvais points qui plombent
Aethyr en le banalisant. C'est moche, ça ne ressemble à rien et ça manque de puissance, contrairement à Sven. Les intonations hurlées moins gutturales, tout aussi barbantes, n'y changent rien. À noter les featurings de Julien Truchan (Benighted) sur "Exterminate The Vacillating" et de Fabio Marin (Internal Suffering) sur "Der Einsam Wandler". On ne me l'aurait pas dit, je ne les aurais même pas remarqués! C'est dire leur utilité...
The More things change the more they stay the same comme disent les anglophones. Malgré les six ans séparant
Aethyr de
Telesis et le line-up remanié au quatre-cinquième, ce nouvel album "à boire et à manger" ne marquera pas la renaissance d'Emeth. Dommage car il y avait du mieux entre une musique moins death moderne et plus brutal death, des élans davantage techniques ou encore un feeling mélodique plus présent. On ne ronchonnera pas non plus sur le quotient de brutalité tout à fait acceptable et bien mis en valeur par une production puissante certes moderne mais pas trop aseptisée, le nouveau batteur Nico Veroeven (Serial Butcher, ex-Leptotrichia) se posant comme une véritable mitraillette. Du moins quand il blaste. Car le Emeth intense que l'on croise encore ici reste bonard. Mais les Belges s'évertuent trop souvent à baisser le rythme ou à se faire plus basique, abaissant leur brutal death, qui pourrait être bien plus savoureux, au rang des milliers de formations inutiles qui polluent la scène, à l'image de ces samples qui ne servent à rien, ces riffs simplistes sans intérêt ou ce chant yaourt des plus banals. Même l'interlude atmosphérique d'une minute "Lama Sabachtani" en son clair, à la base une bonne idée, fait plouf. En outre, Emeth sonne ici trop comme un clone d'Aborted. N'étant plus très fan du combo de Sven, j'ai d'autant plus de mal à accrocher à ce
Aethyr. Si vous restez adeptes d'Aborted ou de groupes comme Benighted toutefois, il y a peut-être moyen que vous adhériez à ce nouveau disque d'Emeth. Il n'est après tout pas dénué de qualités. En ce qui me concerne, je suis désormais persuadé que le groupe continuera de sortir ce genre d'albums couci-couça que j'écouterai tout de même par curiosité, sans jamais atteindre le niveau de ses deux premières productions. Ce n'est pas les premiers et ce ne sera malheureusement pas les derniers!
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