Comment faire mieux qu'un album de la trempe de
Pierced From Within? Le défi semble presque impossible à relever mais c'est pourtant ce à quoi Suffocation va devoir s'attaquer car le chef-d'oeuvre de 1995 est encore dans toutes les têtes. Et le quintette new-yorkais n'a pas semblé pressé de s'atteler à la tâche puisque ce n'est que trois ans plus tard que sort enfin le 4è volume du manuel
Le brutal-death technique, comment qu'on fait?. Après une longue tournée mondiale, le groupe s'est accordé une pause bien méritée, n'ayant nullement l'intention de bâcler son travail: tout ce qui sort sous le nom de Suffocation doit être marqué du sceau de l'excellence.
Trois ans c'est long et il peut s'en passer des choses. Et en effet il s'en est passé. Le groupe n'est plus chez Roadrunner Records mais chez un label indépendant, Vulture Records. Relapse Records resortira cependant
Despise The Sun en 2002 pour une meilleure distribution. Deuxième changement, Dough Bohn, le remplaçant du grand Mike Smith sur
Pierced From Within, laisse sa place derrière les fûts à Dave Culross, l'ancien cogneur de Malevolent Creation. Le groupe a par contre conservé Scott Burns aux manettes, choix judicieux au vu du son massif de
Pierced From Within.
Tout commence par cette phrase qui donne le ton: "The greatest trick the Devil ever pulled was convincing the world he didn't exist" (phrase culte du film culte
Usual Suspects notamment). L'intro lourde de "Funeral Inception" déboule à la suite, balayant tout sur son passage avec sa double-pédale ravageuse. Puis viennent les blasts qui nous permettent d'admirer le jeu de Culross, plus axé sur les cymbales et le charley et doté d'une puissance de frappe surhumaine. Toutes les intros sont d'ailleurs excellentes, on est tout de suite pris dans le déferlement, pas le temps de s'amuser! Cerrito et Hobbs ont une nouvelle fois sorti le grand jeu. Je ne le dirais jamais assez, ces mecs ont un don: composer des riffs qui tuent. Le riff schizophrénique de "Devoid Of Truth" appuyé par les cymbales est absolument énorme, tout comme le pont hypnotisant à 1'31. L'accélération de "Despise The Sun" à 0'36 laisse toute concurrence sur place tandis que les rafales sur la fin de "Bloodchurn" n'en finissent pas de m'estomaquer.
Suffocation a-t-il donc relevé le défi? Niveau qualité rien à redire mais on ne peut qu'être déçu devant la quantité. En trois ans de silence radio le groupe n'a su nous offrir qu'un EP de cinq morceaux (et encore seulement quatre sont inédits car "Catatonia" figurait déjà sur le premier EP du groupe,
Human Waste de 1991) pour seulement 16 minutes de boucherie intense. Intense, voilà un mot qui définit bien ce mini-album.
Despise The Sun est sans doute ce que les Américains ont fait de plus brutal et de plus direct, et ce n'est pas peu dire. Si vous cherchez de jolies mélodies (m'étonnerait quand même si vous êtes sur ce zine!), vous avez frappé à la mauvaise porte. Ici tout n'est que brutalité éreintante et démonstration de force. La recette qui a fait ses preuves ne change pas, Suffocation reste sur ses acquis tout en évitant de tourner en rond: riffs inspirés, changements de rythme (moins fréquents que par le passé cependant), son pachydermique, batterie martyrisée par des blast-beats surpuissants, basse omniprésente, atmosphère post-apocalyptique et aboiements féroces du sieur Mullen (avec un petit effet d'écho un peu bizarre sur ces derniers) qui s'adonne même aux grognements porcino-grindesques sur la fin de "Catatonia". On peut cependant regretter la présence d'un seul solo (sur "Catatonia"), unique touche de mélodie dans ce monde de brutes.
Suffocation est donc revenu en très grande forme et plus énervé que jamais. Les cinq morceaux que composent ce
Despise The Sun tutoient encore les sommets, ce qui rend l'écoute d'autant plus frustrante. Quand c'est aussi bon on en veut toujours plus et c'est exactement ce qui se passe. C'est un peu comme si, à peine l'acte de chair débuté, une fille super bien roulée que vous n'avez pas revu depuis longtemps se barrait. Et en plus de se tirer en pleine action cette conne vous annonce qu'elle ne reviendra plus. Car oui, après s'être abscenté pendant trois ans et n'avoir pondu qu'un mini-album, Suffocation se sépare, à cause de putain de conflits internes! Heureusement, vous connaissez sûrement la suite, le groupe fera son grand retour en 2004 avec
Souls To Deny.
Par gulo gulo
Par AxGxB
Par Jean-Clint
Par Raziel
Par Sosthène
Par Keyser
Par Keyser
Par Lestat
Par Lestat
Par Sosthène
Par Sosthène
Par MoM
Par Jean-Clint
Par Sosthène
Par AxGxB
Par Deathrash
Par Sikoo