Suffocation fait partie de mes groupes de death préférés aux côtés d'Incantation et Morbid Angel. Les New-Yorkais m'ont mené il y a quelques années dans un univers plus brutal et torturé que celui dans lequel j'évoluais. Et je leur en serai toujours reconnaissant. Mais le jour que je redoutais est arrivé. Tous les groupes finissent par décevoir et les géniteurs du brutal death n'échappent pas à la règle.
Blood Oath, nouvel album de la bande à Mullen, est en effet le plus mauvais, ou plutôt le moins bon.
Pourtant, la pochette rougeoyante concoctée par Jon Zig rattrape bien la bouse pondue par lui-même pour
Suffocation sorti trois ans auparavant. Mais ce n'est qu'un trompe-l'oeil car une fois la galette insérée dans le lecteur et la touche lecture enfoncée impatiemment, c'est la déception qui prévaut. Rien qu'au niveau de la production. Mais putain qu'est-ce que c'est mou!? Comment un groupe qui a sorti le monstrueux
Pierced From Within en 1995 avec une prod gigantesque peut s'affubler d'un son si faible en 2009?! Ca passe encore au niveau des grattes qui rendent à peu près bien compte de la lourdeur des passages les plus pachydermiques mais alors la batterie en plastique du pourtant talentueux Mike Smith...aucune puissance, aucun impact, rien!
Blood Oath a beau comporter pas mal de blast-beats, ils sonnent tous comme des pétards mouillés, douce caresse au visage au lieu d'une bonne grosse mandale dans la tronche! C'est dommage parce que le mix, lui, est parfait avec un retour en force de la basse qu'on avait pas entendue si distinctement depuis la reformation des Américains. Les lignes de Derek Boyer n'ont peut être pas le même feeling que celles du génial Chris Richards mais ça fait quand même plaisir (notamment ce petit passage solitaire à 1'54 sur "Provoking The Disturbed" suivi d'un bass drop explosif et d'un solo mélodique très appréciable) car c'est une marque du son Suffo qui avait disparu depuis un moment.
Le son Suffo en tout cas, ils ne l'ont pas perdu.
Blood Oath est en effet un album typique du quintette de Long Island. Le combo a beau avoir été copié par des milliers de groupes depuis 15 ans, on sépare toujours facilement le bon grain de l'ivraie. Pas d'évolution notable si ce n'est quelques passages plus mélodiques qu'à l'accoutumée comme sur "Blood Oath" à 1'34 ou "Undeserving" à 1'43 et bien sûr tous les soli de Terrance Hobbs, torturés mais toujours avec une touche construite très mélodique. Soli qui me semblent d'ailleurs plus nombreux que sur les dernières réalisations. On peut même dire que
Blood Oath est l'opus le plus old-school de Suffocation depuis sa renaissance, rappelant par moment le mésestimé
Breeding The Spawn par ses structures changeantes (mais prévisibles cette fois), son ambiance assez froide, ses quelques rythmiques thrashy ("Mental Hemorrhage", "Undeserving") et quelques passages bien lourds (surtout "Mental Hemorrhage" à 1'17 qui peux faire penser au break pachydermique de
"Breeding The Spawn" sans en atteindre le génie toutefois). La recette des parrains du NYDM reste globalement la même avec pas mal de changements de rythme soit une alternance entre séquences mid-tempo ou lentes avec des passages plus rapides et même blastés, des riffs travaillés qui portent indéniablement la patte Suffo (j'aime beaucoup celui en intro d'"Images of Purgatory" avec les blasts) ainsi qu'une technique toujours au-dessus de la moyenne. Sans oublier bien sûr la voix puissante et compréhensible de Frank Mullen qui, s'il a pas mal perdu depuis la grande époque, reste un vocaliste d'exception et un grand frontman (*secoue la main au rythme des blasts*).
Le problème c'est que la recette a cette fois, et pour la première fois, vraiment du mal à prendre. Chez moi du moins parce que j'ai entendu beaucoup d'éloges sur ce sixième full-length du gang black and white. Eloges que je ne trouve pas mérités. Suffocation n'a jamais basé sa renommée sur ses blasts, plutôt sur ses riffs chunky (New-York oblige) mais je trouve les morceaux de
Blood Oath globalement mous et poussifs. Et ce n'est pas qu'à cause de la production. Certains riffs sont terribles (citons cette fois le début de "Cataclysmic Purification") mais il y a trop de déchets, trop de motifs peu inspirés. Suffocation semble avoir quelques difficultés à se renouveler à ce niveau. Dans mes rêves les plus fous, j'imagine encore un retour du riff master Doug Cerrito mais je sais que ça n'arriva pas. Du coup,
Blood Oath manque de tubes, de classiques potentiels ("Dismal Dream" est sans doute l'un des meilleurs morceaux mais reste bien inférieur aux classiques du groupe), de véritable accroche. Et il faut avouer que je ne ressens pas la même chose qu'à l'écoute d'un
Effigy Of The Forgotten, d'un
Breeding The Spawn, d'un
Pierced From Within ou même d'un
Despise The Sun pourtant plus direct: aucune atmosphère suffocante, pas vraiment d'imprévisibilité, pas de breakdowns qui donnent envie de se rouler par terre ou d'accélérations vous faisant perdre la moitié de vos neurones et trois litres de salive. Le mélange de technique et de groove a perdu de sa saveur.
Ca fait bien longtemps que Suffocation n'est plus le groupe le plus brutal ou le plus technique mais c'est vraiment sur cet album que ça se ressent le plus. Le réenregistrement de "Marital Decimation" (on va finir par l'avoir entièrement réenregistré notre
Breeding The Spawn!) n'y change rien, cette nouvelle version n'ayant pas le même attrait que l'original malgré le son catastrophique. Ce ne sont pas non plus les bonus tracks inutiles comme d'habitude (des rough-mix ou des versions instrumentales) qui vont relever le niveau. Mais que ce soit clair: un album moyen de Suffocation restera toujours supérieur à 80% des sorties brutal death actuelles. Si
Blood Oath s'avère décevant comparé au palmarès de la formation, il ne fait donc absolument pas tâche par rapport à l'ensemble de cette scène sclérosée. Et on se réconfortera aussi en se disant qu'en live ce sera une toute autre histoire, Suffocation restant sur ce terrain l'un des plus grands.
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