Aaaaah un nouvel album de Suffocation (* prendre un air béat et légèrement abruti à la Barney des Simpson *). Un peu comme une coupe du monde de football, on attend ça avec impatience parce qu'on sait que l'on va de nouveau toucher à la crême des crêmes, au gratin, à la quintessence, à l'esprit originel (* s'essuyer et changer de caleçon *). Marre des matches pourris de L1, voilà enfin du vrai beau jeu (* enlever son maillot du PSG et mettre celui de l'Argentine *)!
Le maître avait pourtant reçu un accueil mitigé pour son retour sur
Souls To Deny en 2004, après le split suivant l'EP
Despise The Sun. Moi, il m'avait globalement satisfait mais bon, il est vrai que la scène brutal death avait pas mal changé entre 1998 et 2004. Quoiqu'il en soit, le nouveau Suffocation revient en cette année déjà très riche pour son 5ème album studio. Et là ça commence mal puisqu'il s'agit d'un éponyme. Un tel choix pour moi, quand ce n'est pas un 1er opus, relève du manque d'imagination. Une impression qui me sera confirmée ensuite par la pochette de Jon Zig, aussi vide que le corsage de Jane Birkin, alors que le groupe nous avait habitués à des covers beaucoup plus fouillées. Les couleurs sombres et le ciel menaçant me semblent toutefois appropriés à la musique, c'est déjà ça! Mais sinon, rendez-nous Seagrave!
Ce dessin fade n'a pas été ma seule inquiétude car au départ, j'avoue avoir eu beaucoup de mal à rentrer dans cet opus. Je remarque bien certaines perles comme l'énormissime "Bind Torture Kill", que je considère déjà comme un classique du groupe avec son break monstrueusement lourd sur une double pédale à fond les ballons, "The End Of Ends" et ses blasts dévastateurs ou encore le très accrocheur "Entrails Of You". Je remarque aussi l'incroyable performance de Mike Smith qui surnage complètement, mais dans l'ensemble un sentiment de forte déception m'envahit. La production, surtout, me déçoit. Certes elle conserve le côté oppressant inhérent à Suffocation mais son approche trop moderne, notamment dans le son d'une batterie qui en plus prend trop de place dans le mix, gêne mon processus d'assimilation. Cependant Suffocation, de par la complexité et la technicité de sa musique, n'a jamais sorti d'album que l'on peut facilement apprivoiser, alors je multiplie les écoutes car j'ai confiance et enfin j'aperçois la lumière. Non cet album n'est pas médiocre, il est même foutrement bon!
Ce qu'il y a de bien avec Suffo, c'est qu'il a toujours su sortir des albums différents tout en conservant son style propre. Un style où efficacité et technicité n'ont pas peur de forniquer, où les changements de rythmes donnent tout leur attrait aux morceaux, où le travail guitaristique est hallucinant de maîtrise et de précision, un style qui arrive à cloisonner l'auditeur et à lui faire aimer cet état claustrophobique. En celà,
Suffocation n'est pas différent du reste de la discographie des Américains.
Si l'on veut rentrer plus dans les détails, ce nouvel album reprend l'esprit plus moderne de
Souls To Deny, à savoir beaucoup plus de (vrais) blasts-beats que sur les anciennes productions, tout en retrouvant une approche résolument plus old-school qui me rappelle
Breeding The Spawn voire
Pierced From Within (le réenregistrement de l'excellent "Prelude To Repulsion" n'a pas été fait sans raison!). On retrouve ainsi plus de passages aux rythmiques thrash. Plus de soli également, mi-chaotiques mi-mélodiques typiques du style des New-Yorkais dyspnéiques. J'aime particulièrement celui de "Creed Of The Infidel" qui sublime un morceau au départ assez banal par son côté mélancolique surprenant. Et puis il y a aussi cette magnifique intro en arpèges de "Redemption" qui renvoie directement à "Torn Into Enthrallment". Le grand Frank Mullen s'est lui remis à chanter comme avant, oubliée sa voix monocorde et froide de
Souls To Deny. Il nous ressort même quelques gargouillis dignes d'
Effigy Of The Forgotten! Par contre, le bonhomme semble parfois trop forcer et lutter pour retrouver sa puissance d'autrefois, certaines éructations ressemblent plus à un râle de grand père qu'à des growls de death métalleux! Etonnant alors qu'en live, Mullen semble conserver toute sa hargne si l'on en croit l'excellentissime
The Close Of A Chapter!
La basse, elle, n'a pas eu le droit à cette petite réorientation. Elle est bien plus audible que sur l'opus précédent, effort à créditer, mais elle reste complexée, à des années lumières des lignes glaciales du génial Chris Richards sur
Breeding The Spawn. C'est bien Derek Boyer qui les a enregistrées cette fois et ce n'est pas un manchot pourtant! Je ne sais pas si Boyer fait un complexe par rapport à Richards mais c'est un peu l'impression qu'il me donne, il pourrait faire tellement mieux...
Puisqu'on en est à critiquer, continuons sur notre lancée car cet album n'est pas non plus irréprochable.
Suffocation renferme beaucoup de très bonnes séquences mais il a également son lot de passages poussifs. Je pense surtout à un milieu d'album qui manque d'intensité ("Misconceived", "Translucent Patterns Of Delirium", "Creed Of The Infidel") et qui fait donc légèrement retomber le soufflet. Il y aussi ce riff jumpy sur "The End Of Ends" pas mauvais mais plutôt abérrant sur un album de Suffocation. Et là je me dis que Terrance Hobbs aurait besoin, malgré le talent certain de Guy Marchais, d'un compositeur de son niveau pour combler les quelques brèches. Aller, sors de ta grotte Cerrito!
Comme je le disais dans ma chronique du live, Suffocation n'a jamais sorti de mauvais albums. Et ce n'est pas l'éponyme qui viendra entâcher ce label d'excellence. Plutôt sceptique au début, je suis à présent pleinement convaincu de la qualité de cet opus. D'accord, il ne pourra pas prétendre à la couronne comme n'importe quel album du combo l'aurait fait dans des temps plus reculés car 2006 est un millésime d'exception, entre les nouveaux Deicide, Emeth, Internal Suffering, Spawn Of Possession, Sinister et j'en passe, mais il reste supérieur à 80% des sorties actuelles. Pourquoi? Parce que Suffocation a toujours autant la classe, dégage toujours autant de maîtrise et fait toujours figure de référence. Et aussi parce qu'une coupe du monde, ce n'est pas tous les jours!
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