Arkaik - Reflections Within Dissonance
Chronique
Arkaik Reflections Within Dissonance
Il en faut parfois peu pour se sentir attiré par un album. Une sublime pochette réalisée par le génial Pär Olofsson et une étiquette Unique Leader (Gorod, Disavowed, Deeds of Flesh,...) m'ont ainsi poussé à porter une attention particulière à ce Reflections Within Dissonance des américains d'Arkaik. Si ce genre de signes aguicheurs ne sont pas toujours synonymes d'une musique de qualité (The Faceless par exemple m'a attiré exactement de la manière mais je n'ai jamais accroché...), dans ce cas précis le contenu s'est avéré largement à la hauteur de mes espérances. Arkaik pratique un Death Technique ultra dense typique de leur Californie d'origine, terre si fertile en bon groupe de Death Tech (Dismal Lapse, Decrepit Birth, Severed Savoir, Odious Mortem, et la liste est encore longue). Mais ces origines peuvent s'avérer être une tare, la concurrence étant rude et les auditeurs habitués à du haut de gamme étant forcement très exigeants. On est donc en droit de se demander si un jeune groupe comme Arkaik peut tirer son épingle du jeu dans un maelström de groupes aussi extraordinaires. Comme vous avez déjà regardé la note avant même d'avoir commencé à lire la chronique, vous savez d'ores et déjà que la réponse est oui.
Oui car cet album est extrêmement riche, varié, puissant et empli de leads mélodiques tous plus magnifiques les uns que les autres. Pour vous donner une idée du style musical pratiqué par Arkaik il vous suffit d'imaginer qu'il s'agit du mélange parfait entre la richesse et la densité d'Odious Mortem et les changements de tempo bien sentis de Severed Savior, le tout agrémenté de leads mélodiques dignes de Decrepit Birth. Chaque morceau possède donc de nombreux tempi différents, toujours bien intégrés l'un dans l'autre, passant d'un passage lourd voire même groovy à un passage plus rapide, incisif ou aérien. C'est cette variété au sein des morceaux qui fait la force d'Arkaik, le groupe possédant une faculté impressionnante à allier brutalité et passages planants mélodiques, tout comme Decrepit Birth qui semble tout de même être l'influence principale des membres d'Arkaik. Écoutez le lead de "Reflections Within Dissonance" à 2'13'' qui intervient juste après un riff ultra incisif, impossible de ne pas penser au chef d'œuvre Diminishing Between Worlds à l'écoute de ce passage... Mais Arkaik n'est pas une copie conforme de Decrepit Birth rassurez vous, le combo possède sa patte caractéristique, son aura propre, et se veut bien moins démonstratif et mélodique que leurs compatriotes, le groupe misant beaucoup plus sur l'efficacité de ses titres. Les passages rapides à la double pédale s'avèrent donc être de véritables rouleaux compresseurs ("The Divine Manifestation", "Reflections Within Dissonance"), et sont appuyés par de nombreux breaks, parfois mid tempo, pesants et puissants à souhait. Le groupe aère très intelligemment ces compositions à première vue très compactes à grands coups de leads mélodiques, de passages de basse planants ou de riffs plus complexes et moins rentre-dedans.
Les compositions sont ainsi rendues très fluides, la densité de l'album ne l'empêchant alors pas d'être assez aisément assimilable (pour un album de Death Technique...). La production puissante mais aérée et le mixage parfaitement équilibré aident grandement dans ce sens, permettant de différencier facilement chaque instrument. Il est ainsi aisé de se repérer dans cette avalanche de notes induite par chacun des musiciens, qui malgré leurs partitions complexes se mélangent avec une harmonie parfaite. Le placement impeccable du duo basse/batterie permet aux guitares de s'adonner à diverses rythmiques alambiquées ou autres leads mélodiques, sans que cela ne déstructure le morceau. Le placement de la voix est également irréprochable, Jareid Chritianson sachant se taire quand il le faut pour laisser les instruments s'exprimer à sa place, et accentue parfaitement les moments forts grâce à son growl surpuissant.
La production excellente et ce placement parfait des instruments vous permettront donc de profiter pleinement de chaque lead de Craig Peters, mais également de chaque ligne de basse du très bon Eric Cohen. Le bougre s'offre de nombreux petits soli, dont certains sont justes merveilleux, tel celui à 5'34'' de "Face of Regretion", ou le dialogue mis en place entre la basse et les autres instruments à 2'01'' de "Obscured Luminosity".
Si certains de ces passages vous sautent tout de suite aux oreilles, il vous faudra tout de même de nombreuses écoutes pour capter l'essence d'Arkaik, et pour repérer toutes les subtilités cachées dans la galette. Car, un petit peu à la manière de Spawn of Possession, la richesse de la musique d'Arkaik se révèle au fil des écoutes, faisant jouir ce Reflections Within Dissonance d'une extraordinaire durée de vie.
Malheureusement des écoutes répétées il vous en faudra également pour parvenir à différencier les morceaux. Avec leurs structures rythmiques similaires, comportant toutes les mêmes éléments (riff rentre-dedans / break / lead mélodiques / solo de basse), il n'est en effet pas évident de différencier chaque chanson tant celles ci se ressemblent. Elles se distinguent surtout par les passages de basses et les leads de guitares qui eux par contre sont extrêmement variés d'un morceau à l'autre. Le chant growlé très monotone de Jareid Chritianson n'aide pas à rompre cette impression d'homogénéité qui règne sur l'ensemble de l'album, et heureusement que le bonhomme se fait parfois épauler par Peters et Cohen qui placent quelques chœurs ci ou là, histoire de varier un peu les vocaux. Au vu de la qualité générale des chansons il est tout de même compliqué de reprocher à Arkaik ce manque de disparité entre chaque morceau, qui est de toute façon complexe à obtenir dès lors que l'on joue une musique d'une telle brutalité.
Aucune chanson ne sort donc vraiment du lot, à part peut être "Face of Regression" qui est légèrement au dessus des autres, étant le seul morceau où Arkaik ose vraiment sortir de son jardin et expérimenter des passages que l'on ne trouve dans aucune autre chanson, comme ce passage Dum'n'Bass à 0'54'', ou le passage en chant hurlé à 2'10''. Le résultat n'en est que plus varié, et offre à l'album un bouquet final renversant où les musiciens semblent dire au revoir à l'auditeur en leur offrant le meilleur d'eux même.
Non exempt de défaut mais d'une qualité d'ensemble assez phénoménale, ce Reflections Within Dissonance permet à Arkaik de directement s'imposer comme un des groupes de la côte californienne sur lequel il faudra compter à l'avenir. Chance Strickland et Jareid Christianson ont crée Arkaik dans le but de « créer un Death Metal innovant et créatif, en espérant faire passer la musique extrême à un autre niveau », selon leurs propres dires. Si la première partie de cette phrase s'est réalisée, il faudra que les p'tits gars digèrent mieux leurs influences s'ils veulent vraiment faire progresser le Metal extrême. Il est en effet difficile de convenir qu'Arkaik est un groupe précurseur connaissant les nombreux albums sortis auparavant, et auxquels ce Reflections Within Dissonance fait trop souvent cruellement penser : Diminishing Between World, Servile Insurection ou encore Cryptic Implosion.
Pour leur prochain essai, prévu pour cette année (et dont le titre sera Metamorphignition), les américains devront réussir à développer leur personnalité s'ils veulent que leur album soit considéré comme un chef d'œuvre, au même titre que ceux cités précédemment. En attendant ce Reflections Within Dissonance reste un excellent album qui se laisse écouter encore et encore et encore....
| Høsty 20 Mai 2012 - 2416 lectures |
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