Rares sont les groupes qui ont acquis le statut de cultes dès leur premier album. On pense à Metallica, Machine Head ou Korn mais en death, celui qui a révolutionné le genre c'est bien Suffocation, avec le cultissime
"Effigy Of The Forgotten" en 1991. Deux ans après cette perle, les New-Yorkais font à nouveau parler d'eux en larguant un "Breeding The Spawn" sur une scène à jamais transformée. Autant dire que le groupe était attendu au tournant. Allaient-ils confirmer leur supériorité ou allaient-ils se contenter de sortir un
"Effigy Of The Forgotten" bis? La réponse leur est largement favorable, bien qu'il faille dans un premier temps tempérer les éloges.
Et oui car à la première écoute, disons le tout de suite, cet album déçoit. Il déçoit parce qu'à cette fameuse première écoute on fait bien trop attention à un facteur capital pour notre chère musique, la production. Et cet album est en effet mal produit.
"Effigy Of The Forgotten" n'était pas un modèle du genre mais là c'est vraiment médiocre. Voilà ce que c'est d'avoir laisser tomber Scott Burns! Le groupe a fait appel à Paul Bagin et le résultat s'en ressent. Les guitares sont trop en retrait, manquent de puissance et donc d'impact, ce qui vous vous en doutez nuit quelque peu à l'efficacité et au plaisir de l'écoute. Mais le pire reste la batterie. On a l'impression d'avoir affaire à un kit en plastique Playskool tellement les toms sonnent plat. En plus, la batterie est mixée bien trop en avant et c'est le fouilli le plus total sur les blast-beats... Le grand Mike Smith n'a vraiment pas eu un son à la mesure de son jeu. Il est déjà difficile de rentrer dans un album de Suffocation vu la complexité des structures et l'avalanche de riffs qui déferlent sur nous, et du coup cela devient un sacré défi.
Pourtant, petit à petit, au fil des écoutes, on s'y habitue ou plutôt on essaye d'oublier et on commence à prendre conscience du potentiel de cet opus. Le groupe continue sur la voie ouverte par son premier album et approfondit le concept de technicité: les structures des morceaux sont encore plus tortueuses, les changements de rythme incessants et inattendus encore plus nombreux, les breaks plus lourds et plus lents ("Breeding The Spawn", "Ornaments Of Decrepancy", "Ignorant Deprivation"!!), les riffs plus complexes, les harmoniques sifflantes plus utilisées (l'énorme break de "Prelude To Repulsion"), les solos, bien que toujours chaotiques, plus construits ("Anomalistic Offerings, "Ornaments Of Decrepancy"), les ambiances oppressantes plus travaillées (notamment grâce à basse). Pour faire court, les compos sont plus abouties. Et puis la production n'a pas que des mauvais côtés. Si les guitares et la batterie en ont pris un coût, le chant et la basse ont été épargnés. La voix impressionnante de Frank Mullen a évolué et prend une direction moins gutturale, plus "audible". Il a enlevé les deux mains de son micro et a ainsi gagné en puissance et en personnalité. LA voix Suffo se met en place. Mais la palme d'or (remarquez la référence subtile à l'actualité cinématographique) est décernée à un autre membre, Chris Richards, qui a entre-temps remplacé Josh Barohn au poste de bassiste. La basse est ici l'instrument qui fait toute la différence. Si vous êtes fans de quatre-cordes, vous allez prendre votre pied, je vous le garantis! Omniprésente, parfaitement mise en valeur par le mix, vagabonde, celle-ci est une pure merveille. Affranchie de toutes obligations envers les guitares, la basse se laisse aller, toute heureuse de son indépendance ("Beginning Of Sorrow", le génialissime "Breeding The Spawn", "Epitaph Of The Credulous" et "Ignorant Of Deprivation" offrent les meilleures lignes). Elle vous fera bien souvent frissoner en installant des ambiances aussi froides que la pochette de l'album.
"Breeding The Spawn" est un album qui ne s'apprécie que si vous lui laissez le temps. Sa complexité, sa richesse, sa brutalité, sa froideur et malheureusement sa production ne facilitent pas la tâche mais une fois dompté, il s'avère proprement excellent. Suffocation confirme son énorme potentiel et compte bien s'installer sur le trône pour longtemps (aucune allusion à une quelconque constipation ici je vous vois venir!). Pourtant, à cause de cette satanée production, les Américains sont passés à côté de quelque chose de vraiment très grand comme l'avait été
"Effigy Of The Forgotten". Le groupe aurait mérité un son à la hauteur de son talent, pour magnifier ses géniales compos. Ce problème sera résolu avec le retour de Scott Burns sur l'album suivant,
"Pierced From Within", considéré comme beaucoup comme l'un des tous meilleurs albums de death de l'histoire.
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