Honnêtement, je ne le sentais pas cet album. Un nouveau batteur en la personne de l'inconnu canadien Eric Morotti pour prendre la place de Dave Culross déjà regardé de travers suite au départ de l'emblématique Mike Smith. Le guitariste de longue date Guy Marchais qui s'en va, remplacé par un certain Charlie Errigo (The Merciless Concept). Une photo promo ridicule (non mais c'est quoi ces tronches?!). Une pochette abominable typée deathcore moderne. Des extraits peu convaincants. Les indices s'accumulaient en faveur d'une déception après un
Pinnacle Of Bedlam pourtant réussi. Au final, les inquiétudes étaient bien fondées, sans que l'on puisse parler de catastrophe. Il s'agit quand même de Suffocation, bordel de merde!
...Of The Dark Light, sorti le mois dernier chez Nuclear Blast, marque un petit retour en arrière pour la formation. L'évolution plus mélodique de
Pinnacle Of Bedlam est ici oubliée pour le son gras et brut grâce auquel les Américains se sont faits connaître. Cet opus transpire le son Suffocation, pas de doute là-dessus. Le line-up a eu beau connaître quelques modifications, allant jusqu'à nous pousser à nous demander s'il s'agissait encore de Suffocation, la patte du groupe reste reconnaissable entre mille. Ce brutal death mélange de technicité, de groove (New-York!), de brutalité et de gras. Ces changements de rythme incessants, ces accélérations nerveuses, ces riffs huileux, cette basse menaçante, ces solos chaotico-mélodiques, cette ambiance sombre suffocante. On ne peut pas s'y méprendre. Normal après tout, c'est sans doute le rescapé Terrance Hobbs qui a dû tout composer. Mais même le jeu de tam-tam du petit nouveau pas mauvais du tout s'inscrit dans cette recette originale entre blast-beats, semi-blasts, breakdowns saccadés et tchouka-tchouka thrashy. Tout est donc là. Le Suffocation classique qui a fait son succès et que l'on aime tant. Du coup, les neuf morceaux de ce
...Of The Dark Light passent tranquille.
Mais trop tranquille j'ai envie de dire. Suffocation fait du Suffocation et on ne va certainement pas lui reprocher ça. Là où on pourra lui en vouloir par contre, c'est au niveau de l'inspiration. Clairement, les gars ne se sont pas trop foulés. Les trente-cinq minutes du disque le plus court de la discographie des Américains sont ainsi vite expédiés sans que l'on ne retienne grand chose. Ça passe nickel mais ça ne fait que passer. Rien n'est mauvais, rien n'est mémorable. Les passages où l'on se dit "wow trop bien!", "sa mère la pute!", "foutre Satan!" ou "palsambleu!" se comptent sur les doigts de la main. Le démarrage en trombe du couillu morceau d'ouverture "Clarity Through Deprivation", la lead aérienne en intro de "Your Last Breaths", les riff blastés sur la fin de "The Warmth Within The Dark" et à 1'08 sur "Some Things Should Be Left Alone" (le meilleur morceau hors "Epitaph Of The Credulous") avec l'excellente mélodie dark en tremolo, le break tellurique sur lequel vient se poser une lead sombre tourbillonnante de "Of The Dark Light" ou encore le solo sweepé savoureux sur "Caught Between Two Worlds" même s'il ne colle pas trop au rythme blasté, la liste se fait courte. Bon, ça fait quand même une main à six doigts mais on reste dans l'idée que ça fait peu. Trop peu pour un groupe du calibre de Suffocation. D'autant que d'autres points négatifs se greffent à ce manque de folie de l'ensemble. La production batterie trop synthétique, les bass drop du titre-éponyme (juste deux mais deux de trop, arrêtez de tourner avec des groupes de deathocre les gars!) ou, plus surprenant et décevant, le chant faiblard de Frank Mullen. L'un des meilleurs vocalistes du death metal se montre en effet assez fatigué ici. Manque de coffre, de conviction, on ne sent pas le frontman à 100%. Et puis le featuring de Kevin Muller (The Merciless Concept) sur "The Warmth Within The Dark" au growl certes plus grave ne sert à rien.
...Of The Dark Light n'est ni un étron ni un coup de génie. Du Suffocation ultra classique qui fait juste le taf sans trop se casser l'arrière-train. Ce qui suffit à faire un album correct supérieur à 90% de la scène brutal death US, remarquez. C'est vrai que, si on ne veut pas chercher trop loin, ce huitième album des New-Yorkais s'avère plutôt cool. Le groupe maîtrise encore son sujet, ça blaste, ça groove, c'est sombre, c'est efficace et ça ne traîne pas en longueur. Les riffs ne sont pas mauvais, les solos plutôt sympas, la production puissante et moderne. La tradition de réenregistrer un morceau du mal produit mais pourtant mortel
Breeding The Spawn est également respectée puisque c'est cette fois "Epitaph Of The Credulous" qui passe à la moulinette avec réussite (tellement qu'il s'agit de la meilleure piste!). On est ainsi tous très contents que Hobbs & Co. continuent de sortir des disques, quel que soit le line-up tant qu'il reste le chauve rigolo au chant et le papa de Steve Urkel à l'un des guitares. Si l'on fait un peu attention toutefois,
...Of The Dark Light ne fait bander dur, surtout après un
Pinnacle Of Bedlam qui montrait en plus le combo évoluer un peu en matière de mélodie. Suffocation a ici choisi la facilité en nous pondant un opus des traditionnels certes honorables mais loin de ce que la légende de brutal death américain a fait de mieux (
Pierced From Within,
Despise The Sun,
Effigy Of The Forgotten). Elle se prend même une leçon par le nouveau Dying Fetus d'un tout autre calibre (élève, maître, tout ça...).
...Of The Dark Light est à ranger à côté d'un
Blood Oath du même tonneau. Bon mais anecdotique dans la discographie d'un groupe pionnier aussi influent.
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