J'espère que vous l'avez remarqué, je me suis "amusé" à chroniquer la discographie d'un petit groupe de New-York appelé Suffocation. Seulement voilà, il manquait quelque chose, et pas des moindres: le tout premier EP du groupe,
Human Waste, sorti à l'origine en 1991. Et v'là ti pas que Relapse Records, décide il y a quelque mois de rééditer la bête. L'occasion rêvée de clôre, temporairement du moins, le chapitre Suffocation.
Il y a deux raisons principales qui rendent l'achat de
Human Waste non pas recommandable mais d'une absolue nécessité (sérieusement, comment, mais comment, pouvez-vous vous regardez dans la glace si vous ne possédez pas cet album?). La première, c'est sans doute ce pourquoi vous lisez ces lignes, la musique. Tout ce qui a fait le succès immédiat de Suffocation est déjà là: la brutalité incroyable, la technicité bluffante incarnée en grande partie par les changements brutaux de tempo, les riffs de folie dont seuls Cerrito et Hobbs ont le secret, la mise en avant de la basse, les grognements de Mullen, l'ambiance étouffante...Suffocation n'a pas mis trois albums avant de se trouver, non, ils ont su dès le départ ce qu'ils devaient faire. Cerise sur le gâteau, le son a été retravaillé (même s'il reste assez crade), l'artwork est plus coloré et deux bonus tracks exceptionnels font leur apparition: deux morceaux issus de la démo 3 titres de 1990,
Reincremation: "Involuntary Slaughter" et "Reincremation". On peut juste regretter qu'elle ne soit pas en entier avec la première version de "Human Waste".
Alors bien sûr, en 2005, on pourrait jouer les difficiles, en arguant du fait que tous les morceaux de cet EP ont été repris sur les différents albums de Suffocation et ce, avec un bien meilleur son: "Infecting The Crypts", "Mass Obliteration", "Jesus Wept", "Involuntary Slaughter" et "Reincremation" sur
Effigy Of The Forgotten (1991), "Synthetically Revived" sur
Pierced From Within (1995) et "Catatonia" sur
Despise The Sun (1998). Seul "Human Waste" est resté intouché. Et on aurait pas tort car ici la prod', même retouchée, garde son aspect rugueux et bordélique de l'époque, le pire restant la batterie, dont le son de la grosse caisse ridiculement faible semble pourtant avoir plu à Immolation sur son
Failures For Gods (et je vous ferai gré des cymbales lors des blast-beats, inutile de se faire du mal!). Mais en fait, c'est l'"amateurisme" du son de
Human Waste qui fait tout son charme. Pourquoi? Parce qu'il nous amène directement 14 ans en arrière et nous (re)plonge dans l'esprit de l'époque. J'en viens donc à la deuxième raison qui fait de
Human Waste un album si spécial : l'aspect historique, qui prend ici le pas sur l'aspect musical.
J'aurai donné cher pour vivre cette époque, où le brutal death n'en était qu'à ses balbutiements. Certes, Suffocation n'a pas inventé le death, on donne généralement la paternité de ce style à Possessed et son
Seven Churches (1985). Mais c'est avec
Human Waste (la première sortie de Relapse Records) que les New-Yorkais vont donner un sacré coup de fouet au genre et l'emmener là où personne ne pensait qu'il pouvait aller (ce sera bien sûr encore plus évident avec son premier album full-length,
Effigy Of The Forgotten de la même année). Suffocation a tout simplement changé la face du death métal. Le genre va alors connaître un âge d'or et une popularité sans précédent (et qui semblent bien loin aujourd'hui) avec en tête des combos comme Cannibal Corpse, Morbid Angel et Deicide. Il est d'ailleurs étrange de noter que Suffocation n'a jamais connu le même engouement que ces trois groupes et est toujours resté plus ou moins underground. Pourtant, ce sont sans doute eux qui ont influencé le plus de formations, puisque toute la scène brutal death US souterraine, de Dying Fetus à Devourment, en passant par Gorgasm lui doit pour ainsi dire tout.
Si vous ne l'avez pas encore compris, je vous le répète, IL VOUS FAUT cet album. Une discographie n'est décemment pas complète sans ce classique. Si vous êtes un puriste et que l'idée d'avoir touché au son d'époque vous rend malade, prenez la version de 1991. Mais sinon prenez celle-là, lancez la lecture et voyez comment, en quelques morceaux, on peut tout remettre en cause.
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