Je ne plaçais pas beaucoup d'espoirs en ce nouvel album de Suffocation, pourtant mon groupe de brutal death préféré. Ce, pour plusieurs raisons: un dernier opus,
Blood Oath (2009), en demi-teinte, des caprices de line-up conduisant au départ de Mike Smith remplacé par Dave Culross et à la désormais non-présence de Frank Mullen aux concerts européens, des extraits pas vraiment convaincants ainsi qu'un titre d'album qui sonne mal et dont la police sur la pochette est tout simplement affreuse. Tout cela n'incitait pas à l'optimisme. Du coup j'ai longtemps repoussé l'achat, attendant qu'il passe sous la barre des 10€ sur Amazon. Voilà pourquoi la chronique de
Pinnacle Of Bedlam a tant tardé. Au final, j'aurais dû me jeter dessus parce que ce nouveau Suffocation s'avère une vraie bonne surprise.
Une bouffée d'air frais souffle même sur ce
Pinnacle Of Bedlam sorti en février dernier chez Nuclear Blast. Non, Suffocation n'a pas changé de registre mais il a su se renouveler tout en conservant son style de brutal death maintes fois imité, jamais égalé. Une évolution exemplaire. Le septième full-length des New-Yorkais se place ainsi comme le plus rapide et le plus mélodique de leur discographie. Si j'ai été déçu du départ de Mike Smith, LE batteur de Suffocation, son remplacement par Dave Culross a fait du bien au combo américain. Celui qui avait déjà collaboré avec la bande de Mullen sur l'excellent
Despise The Sun apporte une énergie incroyable, gavant l'opus de rafales de double, de blast-beats et de tchouka-tchouka (feeling thrash savoureux sur "As Grace Descends" notamment). Certaines accélérations blastées renvoient d'ailleurs directement à l'EP de 1998 comme sur "Eminent Wrath" (0'25 et 2'40), "As Grace Descends" (2'12) et "My Demise" (2'53). On reprochera juste un son de batterie un peu plastique qui ne gâche toutefois pas l’écoute.
Mais l'instigateur numéro un de la réussite de
Pinnacle Of Bedlam reste Terrance Hobbs, principal géniteur de la bête, Guy Marchais ayant écrit le très bon "My Demise" (miam ce riff d’intro sur les salves de double) et co-écrit "Purgatorial Punishment" et "Rapture Of Revocation", Boyer s'étant lui invité sur "Inversion" et "Rapture Of Revocation". Le guitariste dreadlocké se montre en effet particulièrement inspiré. On retrouve avec grand plaisir ces riffs gras et huileux qui ont fait le succès du groupe, ces breakdowns heavy et ces accélérations jouissives. On a aussi le droit à quelques riffs plus simples et entraînants fort sympathiques ("Eminent Wrath" à 0'40, "As Grace Descends" à 2'44, "Sullen Days" à 3'16, "My Demise" à 2'40).
Pinnacle Of Bedlam renferme ainsi tout un tas de riffs de qualité à la fois brutaux, sombres et mélodiques, ce dernier aspect étant trop souvent oublié chez les jeunes formations de brutal death. Non content de nous sortir un véritable récital en rythmique, Hobbs fait également la leçon niveau leads. À tel point qu’il nous offre sa meilleure performance à ce jour avec des solos mélodiques et travaillés plein de feeling. On pourrait les citer tous mais "Cycles Of The Suffering" à 1’09 (morceau introductif très convaincant qui va donner le ton de toute l’œuvre), "Purgatorial Punishment " à 1’42 sur de la double saccadée, "Pinnacle Of Bedlam" à 0’55 (aérien!) et "Inversion" à 1’27 ont ma préférence.
Batterie: check. Guitares: check. Qu'en est-il de la basse et du chant, deux composantes tout aussi importantes chez Suffocation? Les lignes de basse de Derek Boyer restent inférieures à celles de Chris Richards mais son instrument se fait bien entendre, apportant la lourdeur, le groove et le côté froid et implacable nécessaires à la musique du géant new-yorkais. Quant à Frank Mullen, qui boude désormais l'Europe, forçant le groupe à engager des intérimaires de luxe pour les concerts (Bill Robinson de Decrepit Birth et John Gallagher de Dying Fetus, on a vu pire!), on sait qu'il n'a plus le même coffre que sur
Effigy Of The Forgotten et
Pierced From Within. Rien de plus normal après tout. Ses growls sont désormais plus étouffés, moins puissants. Mais Mullen reste Mullen, c'est à dire plus le growler le plus impressionnant de la scène mais doté d’une signature toujours clairement identifiable. LA voix de Suffocation. Et s'il pouvait revenir nous voir, ça nous ferait plaisir!
Ceux qui doutaient de Suffocation après un album moyen (voire plus pour certains), vont pouvoir se rassurer. Avec
Pinnacle Of Bedlam, le groupe prouve qu'il est bien vivant et qu'il garde encore de l'avance sur une nouvelle génération loin de sortir des albums de cette qualité, à quelques exceptions près (Defeated Sanity en particulier). Démonstration de riffing, solos mélodiques inspirés, brutalité revigorante, ce nouvel opus regorge de tueries. On saluera aussi, comme le groupe en a l'habitude, le réenregistrement d'un titre du mal-produit
Breeding The Spawn. Cette fois, c'est "Beginning Of Sorrow" qui connaît les honneurs d'un ravalement de façade donnant davantage de punch à la version originale. Finalement, je n'émettrai un bémol que pour "Sullen Days", morceau assez mollasson malgré une grosse rasade de blasts au milieu et une belle introduction étonnante en son clair, et pour la première partie peu convaincante de "Inversion", pourtant très sombre et mettant en valeur le jeu complémentaires des deux guitares. Après le solo par contre, ça dépote! Meilleure production post-reformation du quintette derrière
Souls To Deny,
Pinnacle Of Bedlam a en plus passé l'épreuve du live avec brio le mois dernier. Vraiment un très bon album, d'autant plus crucial qu'il pouvait donner le coup de grâce à cette légende. Au lieu de cela, il la relance et lui offre même une seconde jeunesse!
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