Vitriol - Suffer & Become
Chronique
Vitriol Suffer & Become
Devenu en un rien de temps un des nouveaux noms à suivre du Brutal Death d’outre-Atlantique VITRIOL était de fait particulièrement attendu à l’annonce de ce deuxième opus, tant on se demandait si le combo allait être capable d’au-moins égaler le surpuissant et furieux
« To Bathe From The Throat Of Cowardice » publié il y’a quasiment quatre ans et demi. Si ce premier volet avait fait l’unanimité en revanche sa production n’avait pas manqué de faire causer, tant chaque passage un peu virulent se retrouvait noyé dans un brouillard sonore dommageable et d’où il était difficile de faire émerger quoi que ce soit. Visiblement le duo originel Adam Roethlisberger / Kyle Rasmussen a tenu compte de cela tout en prenant son temps, vu qu’hormis la réédition de la première Démo (« Antichrist ») aucun signe d’activité notable n’était venu troubler la quiétude du groupe, aujourd’hui sacrément renouvelé. Car depuis ce précédent long-format celui-ci est passé sous la forme d’un quatuor avec l’intégration du guitariste Stephen Ellis (qui est déjà reparti depuis), et surtout l’arrivée derrière les fûts du tentaculaire Matt Kilner (actuellement dans GORGASM), qui vont permettre à l’ensemble d’aller plus loin techniquement comme dans la violence et la densité.
Pourtant au départ c’est à un disque en mode diesel auquel on va avoir droit, car le premier tiers va se montrer plus moderne dans le mixage tout en ayant la fâcheuse tendance à vouloir en faire des caisses, tout cela sur fond d’ambiances éthérées surproduites et pas forcément du meilleur goût. Preuve en est l’ouverture intitulée « Shame And Its Afterbirth » qui va être difficile à s’enquiller d’une seule traite, tant ça va partir dans tous les sens sans pour autant avoir un endroit où s’accrocher vu que la technicité va être à un niveau très élevé avec des changements rythmiques constants, mais finalement plombée par une durée beaucoup trop longue. Si on s’aperçoit que les gars ont clairement grimpé d’un cran au niveau de l’écriture et que le tabassage n’est plus seulement leur raison de vivre, il va falloir en revanche gagner en simplicité au risque d’écœurer l’auditoire même le plus indulgent. Si « The Flowers Of Sadism » qui s’enchaîne dans la foulée va voir une certaine sobriété apparaître, en revanche ce morceau va rester assez quelconque et confirmer que la batterie est toujours aussi mise trop en avant (heureusement moins que sur le disque précédent) mais aussi que la bande a la bonne idée d’alourdir son propos, point qui va nettement se dévoiler sur « Nursing From The Mother Wound ». Ici en effet la facette rampante et lourde est plus importante et permet de voir que dans cet exercice la formation la maîtrise totalement, vu que ça ne ronronne jamais et joue sur l’alternance avec les blasts afin de gagner en puissance comme en homogénéité. Et même si ça reste encore un peu trop lumineux ça montre néanmoins de belles promesses, à l’instar de « The Isolating Lie Of Learning Another » qui s’enchaîne et va lui aussi miser sur un écrasement plus imposant où quelques accélérations émergent de cet océan de noirceur... néanmoins souillé par des effets synthétiques un peu trop marqués.
Et puis une fois terminé l’inutile interlude (« Survival’s Careening Inertia ») les choses vont nettement s’améliorer avec en premier lieu « Weaponized Loss » aux accents classiques qui font plaisir à entendre, notamment via des passages au mid-tempo implacables et idéaux pour faire mal aux cervicales. Complétée par quelques accélérations furieuses et ralentissements pachydermiques cette plage montre que ses créateurs sont en grande forme, prouvant ainsi que c’est bien dans ce domaine qu’ils sont les plus convaincants... en allant à l’essentiel sans en faire des tonnes, un constat partagé sur « Flood Of Predation » qui s’enchaîne juste derrière et se fait tout aussi imparable. Et comme pour montrer qu’une fois lancés on ne peut plus les arrêter il suffit d’écouter l’hyper brutal et déchaîné « Locked In Thine Froting Wisdom » pour finir d’être convaincu, tant ici ça ne débande pas un instant afin d’offrir la composition la plus radicale et primitive de cette galette. Sans chichis et n’ayant comme leitmotiv que celui de tout exploser en chemin cette dernière y parvient aisément en ne laissant aucun survivant en chemin et surtout en ne s’éternisant pas, vu que sous cette forme il est facile de tomber dans la redondance. Du coup afin de ne pas abuser des bonnes choses l’entité terminera les hostilités par « I Am Every Enemy » et « He Will Fight Savagely » particulièrement équilibrés et qui servent de parfaites conclusions en sortant une dernières fois toutes les variations et breaks possibles, sur fond d’écriture sobre sans excès sonores et d’envie d’en découdre sans bornes clôturant ainsi une galette bien plus intéressante au fur et à mesure qu’on avance dans son écoute.
Car outre demander du temps et de la patience pour être totalement appréhendée et en maîtriser chaque note et plan alambiqué il va falloir être également dans de bonnes conditions pour s’y plonger intégralement, vu que l’on va passer par tous les états possibles tant le choc tempétueux y est permanent. Alors certes tout cela n’est pas parfait et aurait sans doute gagné en accroche en raccourcissant son propos (quarante-sept minutes c’est quand même très long !) mais cela est quand même la confirmation que l’on attendait, certes pas encore totalement dénuée de défauts mais nul doute que la prochaine livraison sera cette fois exactement telle qu’on l’espère. Attention néanmoins à ne pas reproduire les mêmes erreurs et plans bourratifs et balourds, au risque sinon de ne rester qu’un second couteau de la scène américaine... alors qu’il a tous les éléments pour être clairement au sommet de l’affiche et de remplir les salles de concert sur son seul répertoire. Affaire à suivre donc, et l’avenir le dira... ou pas !
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