Olkoth - At The Eye Of Chaos
Chronique
Olkoth At The Eye Of Chaos
On peut dire ce qu’on veut mais les Etats-Unis restent encore aujourd’hui le royaume incontesté du Brutal Death et de ses avatars radicaux, tant le pays voit émerger depuis quelques années nombre de formations toutes plus vigoureuses les unes que les autres. Si VITRIOL est évidemment le nom qui revient en premier parmi cette nouvelle garde il va falloir apprendre à connaître OLKOTH, qui débarquant de sa Caroline-du-Sud natale a des arguments à faire valoir et va se montrer très inspiré en proposant un classicisme assumé mais particulièrement accrocheur. Résultat il n’est pas étonnant que tout cela soit arrivé jusqu’aux oreilles du toujours qualitatif Everlasting Spew, le label Italien étant on le sait souvent inspiré quand il s’agit de dégoter de nouvelles entités toujours très énervées. Du coup pas d’inquiétude à avoir concernant la musique du trio (aidé pour l’occasion à la batterie par le mercenaire Krzysztof Klingbein) qui va durant un peu plus d’une demi-heure balancer la purée comme il se doit, mais sans jamais lasser via de nombreux ralentissements bien sentis et des solos lumineux et mélodiques parfaits pour éclairer la noirceur environnante.
Car on a bien compris que contrairement à ses compatriotes NILE et HATE ETERNAL le combo n’est pas du genre à jouer sur le tabassage majoritaire et intensif… bien au contraire, en effet pour lui ce point ne doit intervenir que de façon éparse afin d’éviter toute redondance et surtout offrir une plus grande densité musicale. Et à ce petit jeu c’est parfaitement réussi, preuve en est dès le démarrage avec le typique et impeccable « Alhazred » qui joue le grand-écart constant et de manière efficace, mais sans tomber dans la branlette de manche ni le défouloir technique. Si ce premier titre ne révolutionne rien il prouve néanmoins la facilité d’écriture des Américains autant à fond la caisse qu’en mode poids-lourd, qui exécutent tout cela avec une grande facilité… et on va continuer de le remarquer par la suite tant le tempo va ralentir progressivement afin d’offrir un rendu plus obscur et impénétrable, émaillé de courtes explosions de violence et d’éclairs de blasts qui défoulent. Cela va être mis en valeur durant le reste de la première partie de cette galette que ce soit sur les excellents « Incendiary Prayer », « The Resurrectionnist » ou encore « Thousand Faced Moon » qui offrent de panel de plans tribaux et d’ambiances suffocantes et impénétrables, de par une densité massive impressionnante d’où émerge un frappeur tentaculaire mais jamais dans la surenchère, et des guitares incisives cohérentes de bout en bout. Terminant cette première partie par l’étouffant « To Eat Of The Lotus » pachydermique et à l’obscurité absolue ce morceau nous balance un tapis de double proéminent et constant qui écrase tout de manière impressionnante, sans jamais baisser la cadence (et juste suspendu par quelques cavalcades explosives de courte durée) et au dynamisme imposant.
D’ailleurs ce sentiment ne va pas quitter les trois ultimes plages qui vont composer ce long-format, et qui vont voir la rythmique clairement réaccélérer fortement comme via le débridé « Eidolon In The Flames » (qui voit le retour à une alternance totale et classique) avant que ça ne monte en attractivité avec le furibard « Lords Of The Kali Yuga » qui fracasse tout sur son passage en jouant totalement déchaîné et sur l’alternance au ralenti. Montrant un visage plus direct et radical le groupe va conclure les hostilités par le monstrueux « At The Eye Of Chaos » au dynamisme de dingue et remuant en continu, tout en mettant en avant l’intégralité de la palette de jeu des musiciens qui se font plaisir et terminent ainsi un enregistrement sans fautes de goût, qui passe à toute allure sans aucune lassitude. Car s’il est vrai qu’on peut avoir ce ressenti avec ce que proposent les projets principaux de Karl Sanders et Eric Rutan ça n’est nullement le cas ici tant l’ensemble outre ne jamais traîner en longue propose ce qu’il faut de variations et de personnalité, pour qu’on puisse relativement bien dissocier chacune des compositions. Aidé en prime par une production équilibrée et chaude qui permet à chaque instrument d’être suffisamment audible ce premier chapitre des furieux de Columbia (ville réputée pour être parmi les plus agréables à vivre au sein de la nation étoilée) a tout ce qu’il faut pour faire parler de lui, et offre à ses créateurs une vraie fenêtre de tir pour le futur qui s’annonce radieux s’ils parviennent à maintenir ce niveau et cette attractivité dans le futur. En attendant cela on appréciera chaque seconde d’enchaînement de riffs de haute-volée et de patterns à tire-larigot à la fluidité impressionnante et à l’accroche idéale, afin de servir de parfait défouloir qui fait du bien… même s’il y’a nombre de subtilités à découvrir au fil des écoutes (principalement du côté des leads et arpèges). Tout ça fait donc de ce disque un monstre à plusieurs faces qui ne cessera d’étonner et de surprendre au fil du temps mais toujours avec le même ressenti positif, signe qu’on tient sans doute un futur grand nom de la scène extrême qui ne demande qu’à exploser à la face et dévoiler sa fureur à la planète entière pour un plaisir auditif certain.
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