Moiscus - Idiomorphic Practices
Chronique
Moiscus Idiomorphic Practices (EP)
En règle générale, ce genre de saloperies auditives est plutôt l’apanage de mon cher collègue Sagamore. Cependant, étant tombé sous le charme de Moiscus en dépit de quelques caractéristiques bien souvent rédhibitoires, j’ai quand même pris le parti de vous en parlez. Il faut dire qu’en faisant équipe avec le label Headsplit Records, j’avais peu de chance d’être déçu. D’ailleurs, c’est bien ce qui m’a mis sur le chemin de ces jeunes américains plutôt que cet artwork tape à l’œil pas franchement mémorable ou ce patronyme ne m’évoquant absolument rien si ce n’est la promesse de quelque chose de sale.
Originaire de Dayton dans l’Ohio, Moiscus évolue dans un premier temps sous la forme d’un duo composé par Adam Witmer (Borboropsis, Putrid Liquid...) au chant, à la guitare et à la basse et Reegan Wenning (Flesh Warfare, Putrid Liquid...) à la batterie. Sous cette configuration réduite, le groupe va sortir entre 2020 et 2021 pas moins de trois EPs et un split avant l’arrivée courant 2022 d’un troisième larron en la personne de Joseph Schiller (basse). C’est ainsi en tant que trio que les Américains sont revenus à la charge en début d’année avec sous le coude un nouvel EP intitulé Idiomorphic Practices. Au programme de celui-ci, dix titres de Goregrind mâtiné de Brutal Death que le trio va expédier en un tout petit peu plus de quinze minutes.
Comme je l’évoquais un petit peu plus haut, Idiomorphic Practices se distingue par quelques singularités qui chez moi ont bien souvent un peu de mal à passer mais qui, pour je ne sais quelle raison, ne me gênent absolument pas ici et participent même au charme de ce Goregrind / Brutal Death bas du front. La plus marquante est évidemment cette caisse claire Téfal qui vous fracasse la tête à coups de blasts ultra-sonores et métalliques (on frôle d’ailleurs l’absurde sur les séquences les plus soutenues). Un parti-pris que l’on retrouve souvent dans le genre (et plus globalement sur certaines productions datées de la seconde moitié des années 90 et du début des années 2000) mais qui bien évidemment peine à faire l’unanimité. Là encore, Moiscus risque bien de diviser mais une chose est sûre, les amateurs de Defeated Sanity risquent bien d’être conquis par cette caisse claire infernale. La seconde particularité moins perturbante est ce growl dénué de finesse mais surtout de nuance et qui pour l’essentiel revêt les atours d’une tuyauterie particulièrement chargée ayant beaucoup de mal à s’évacuer... Là encore, on touche en quelque sorte aux fondements du genre même si une fois de plus ce type de vocalises absurdes ne feront pas elles non plus l’unanimité.
Si ces deux particularités ne vous font pas peur ou mieux, si cela provoque chez vous émoi et satisfaction, je vous invite alors à poursuivre la lecture de cette chronique et surtout à tenter une écoute de ce EP qui visuellement ne paie pas de mine mais qui pourtant ne devrait pas manquer de séduire. Car si cette caisse-claire et ce chant pourront effectivement paraître anecdotiques voir particulièrement pénibles pour certains, il n’en reste pas moins que côté riffs, structures et dynamique d’ensemble, Moiscus fait ici du très bon boulot. Entre agressions sauvages ("The Normalization Of A Personality Through Numerical Modeling Of Causal Effects by Conscious Intention" à 0:17, 0:41 et 1:05, "Deity Of Ethical Inter-Planar Chronomancy" à 0:11 et 0:53, "Remaining Products Of Conception" à 0:12 et 0:55...), séquences bien épaisses et chuggy ("The Ill-Considered Self Righteousness Of The Insufferable" à 0:14 et 0:39, les premières secondes de "Formidable Stygian Prison" puis plus loin à compter de 0:33 "Sodiated Pustulate" à 0:15, 0:44 et 1:05...) et passages au groove plus subtil ("Indistinguishable Cellular Obliteration" à 0:26, le premier riff de "Remaining Products Of Conception" répété ensuite à plusieurs reprises, "Smothered, Covered And Chunked" à 0:30...), le groupe propose une palette de riffs particulièrement solides (efficaces et techniques sans trop en faire) ainsi que de nombreux changements de rythmes qui devraient normalement pouvoir convaincre les amateurs de Brutal Death à tendance Goregrind (ou l’inverse). Bien entendu, ce que propose ici Moiscus est une version tout de même épurée et minimaliste (ici le titre le plus long culmine à seulement deux minutes et cinq secondes) mais on ne boudera pas notre plaisir pour autant.
Court petit EP de quinze minutes, Idiomorphic Practices se distingue ainsi par quelques traits de caractère bien marqués qui évidemment ne plairont pas à tout le monde. Entre cette caisse claire qui fait "poc poc poc" et ce growl qui fait "Brrrrrrrrrrrr", Moiscus ne cherche en aucun cas à séduire le plus grand nombre. Pour autant, sa formule qui oscille entre Brutal Death et Goregrind n’a rien de bien nouveau à offrir et se "contente" de reprendre tout un tas d’éléments déjà entendu ailleurs par le passé. Alors que ressort-il exactement de tout cela ? Eh bien dix compositions aussi solides qu’efficaces marquées d’un parti-pris, ça me tue de le dire, qui va effectivement permettre de faire la différence et surtout d’apporter pas mal de charme à l’ensemble. Bref, Moiscus c’est bien, goutez-y.
| AxGxB 11 Mai 2023 - 454 lectures |
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