Il y a de cela bien longtemps, je tenais un petit blog littéraire intitulé «
Patriolisme : libres et égaux dans l’incestueuse fraternité ». La magie d’Internet étant ce qu’elle est, cette parenthèse rédactionnelle m’a donné l’occasion de discuter avec quelques correspondant.e.s, dont un type fan de
brutal death à qui je dois la découverte, entre autres, des Japonais de
VISCERA INFEST. Je suis immédiatement tombé sous le charme délicat de «
Sarcoidosis », fascinant à la fois d’horreur et de bêtise incarné, commettant ensuite l’erreur de ne pas m’intéresser à «
Verrucous Carcinoma », l’apogée de cette relation platonique avec le trio étant atteint lors de son passage au
« Netherlands Deathfest IV » : je me suis rarement autant amusé, le t-shirt de la pustule humaine rampant sur le sol étant sans contestation possible l’un des plus beaux de ma modeste collection. Le problème, c’est que cela fait près de dix ans que les mecs nous font languir et ce n’est pas le «
Live at Asakusa Deathfest » qui allait nous satisfaire. Aussi, la sortie de «
Teratoma » prenait des allures de renaissance merveilleuse, toujours chez
Obliteration Records.
Déjà, l’
artwork rassure. Les malformations sont toujours au centre des intérêts du groupe, les libellés des titres étant forcément à l’avenant. Pas de changements de ce côté-là donc, même si l’on imagine difficilement
VISCERA INFEST chanter autre chose que la maladie, le mucus ou autres infections cutanées. La durée également rassure. Le classique « trente minutes », idéal pour ce
high speed goregrind certes proche de
DISGORGE ou
BRODEQUIN, néanmoins doté de sa petite touche de folie particulière notamment grâce au jeu de batterie de
Yuya Yakushiji, toujours élégamment « enslipé ». Pour tout dire, je retrouve même dans cet album un peu de l’intensité dingue qui parcourait
« III » des Suédois de
DERANGED, quelque chose dans les riffs lorsqu’ils sont repris à vide peut-être, les dérapages harmoniques ou encore le côté
power trio de branques…
De prime abord, l’auditeur fanatique pourrait ressentir une pointe de surprise, voire de déception, en découvrant ces neuf nouvelles compositions (je ne compte pas la reprise finale de « Goremassacre Perversity »). En effet, le tempo n’est plus systématiquement aussi dingue, il y a des expérimentations bizarres dont la réussite est discutable (les effets vocaux sur « Guttate Psoriasis »), davantage de riffs compréhensibles, des introductions façon « film d’horreur » (« Hemimegalencephaly »), et tout cela pourrait laisser à penser que les monstres d’antan ont viré leur cuti, qu’ils recherchent désormais l’approbation des masses laborieuses, la séduction d’un public plus large que les adeptes de la
cockroach dance… Fausse impression, vil leurre, le disque est une branlée. Et ce pour plusieurs raisons.
Premièrement, le lien avec le passé. Le titre d’ouverture « Macular Dystrophy (Stargardt) » se termine sur le même gimmick vocal que « Glomer Rulonephritis » (je crois), issu de «
Sarcoidosis ». Cela ne veut pas dire grand-chose en soi mais le pont est construit, l’état d’esprit reste le même qu’autrefois.
Deuxièmement, le chant d’
Eizo Asakura ne se contente plus d’un meuglement profond, il emprunte parfois des intonations criardes à des formations telles que
CARCASS ou
FESTERDECAY, ce qui apporte une diversité dans l’agression, rendant cette dernière moins monolithique, bassement bovine. C’est toujours extrême et à la limite de l’humainement audible mais la plus-value est indéniable, même si la grande majorité du disque se base sur les meuglements ultra gutturaux que l’on affectionne tant.
Troisièmement, les riffs. Enfin… J’imagine qu’il y en a. À cet effet, je regrette que la production soit aussi compressée car la guitare et la basse ont tendance à se retrouver noyées dans la mélasse, les harmoniques jaillissant de là comme autant de geysers sanguinolents. De prime abord, cela n’est pas vraiment une qualité ni une raison de sauter au plafond, l’auditeur discernera juste que ça tartine sévèrement (« Galloway Mowat Syndrome »). Au fil des écoutes, l’oreille finit pourtant par s’acclimater, prenant la pleine mesure de l’écriture dantesque qui se cache derrière ce premier mur de brutalité sourde. Là, selon moi, il ne reste plus qu’à s’incliner devant cette magnificence.
Quatrièmement, évidemment, le jeu de batterie. Bien sûr, on en a tous entendu des trépanés de la caisse claire mais ce petit bonhomme armé de son kit minimaliste assure une performance phénoménale, amenant les compositions à un niveau encore supérieur rien que par l’intensité de son jeu, sa vélocité qui n’abuse jamais des
pings parfois usants. Ici, inutile de citer une composition en particulier, toutes sont un étalage de maîtrise des tempos ultra blastés ou plus traditionnellement
death (« Megacystis Microcolon Intestinal Hypoperistalsis Syndrome (MMIHS) »).
Bon, cela c’est pour les éléments qui m’incitent à positionner «
Teratoma » parmi les disques de l’année. Il n’est néanmoins pas exempt de défauts, aussi mineurs soient-ils. Je le redis mais la surcompression du son fait perdre de la précision au jeu et je regrette les productions passées, certes moins massives mais qui mettaient mieux en valeur la qualité des instrumentistes, particulièrement la basse ici totalement occultée. Ensuite, et peut-être est-ce lié au fait que le bassiste joue aussi dans
FESTERDECAY, l’ajout de passages en mode
old grind dénature parfois l’essence de ce pourquoi on biberonne du
VISCERA INFEST. Ces instants sont réussis, indéniablement, ils sont juste surprenants dans ce contexte. Enfin, il y a un peu trop d’effets, de
samples à mon goût. Ils sont brefs mais suffisent à faire redescendre la pression là où l’on voudrait juste être brutalement équarri.
Le disque rate donc la note maximale de très peu, en espérant juste que la suite soit plus rapide à venir.
Par Jean-Clint
Par gulo gulo
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