Element - Aeons Past
Chronique
Element Aeons Past
Ils ont le nez fin chez Brutal Bands, après avoir signé les dieux du twist gras de Devourment et les belges barrés de chez Emeth, c'est encore un groupe qui sort des sentiers battus qui vient grossir un panel de groupes de qualité. Reste maintenant à savoir si c'est une bonne recrue ou une signature incompréhensible comme il y en a quelques unes en ces temps-ci. Il n'y a pas besoin de regarder bien loin pour avoir un élement de réponse (rires enregistrés). La question n'est donc plus combien, mais d'expliquer le pourquoi du comment.
Comme la pochette de Neil Blevins le montre (de fort belle manière d'ailleurs), Element n'est pas un groupe que l'on peut ranger dans la catégorie death gore vomitif. Donc pas de « je t'arrache le gros colon par les narines pour mettre mon zizi dedans » dans les paroles. Le groupe est plutôt à des années lumières (bon c'est la dernière, promis j'arrête) de ce genre de folklore car ce qui intéresse Element, c'est la science-fiction. D'ailleurs, les paroles sont inspirées d'un récit rédigé par le bassiste. Et comme la science-fiction n'est pas un registre d'une évidente simplicité, il va de soit que les compositions sont elles aussi plutôt recherchées et complexes.
Element intègre des aspects que l'on retrouve dans beaucoup de formations américaines. Il y a un nombre de riffs par titre assez impressionnant ce qui n'est pas sans rappeler Deeds Of Flesh (avec un son de guitare plus dynamique). Certains riffs me font penser à Nile et on retrouve le petit aspect mélodique d'un Spawn Of Possession, la folie d'un Gorgasm et le déchainement d'un Decrepit Birth des grands jours. Avec un tableau pareil, les amateurs de death US pur jus se sont sans doute déjà jeté sur les titres en écoute. Je leur dirais qu'au milieu de tout ça, Element apporte des ingrédients qui lui sont déjà caractéristique. Et c'est assez remarquable de voir qu'un groupe dégage une forte personnalité dès un premier album.
Les 9 titres de ce Aeons Past amènent toujours de la nouveauté, on ne tourne pas en rond en utilisant la même recette. Element jongle avec une grande fluidité entre les changements de rythme: du début très rapide de « Cursed Through Time » à l'intro de « Destiny Of Illusion » qui me rappelle la pesanteur d'un certain Gateways To Annihilation de Morbid Angel. Ces changements sont fréquents grâce au jeu remarquable d'un batteur de cession de luxe, j'ai nommé K.C Howard (Odious Mortem, Decrepit Birth). Les riffs sont alambiqués et techniques, le tout sans tomber dans l'onanisme guitaristique. Et au fur et à mesure des écoutes, on se rend compte qu'ils sont d'une grande justesse.
La production est très convenable, sans toutefois atteindre des sommets. Le chant est parfois légèrement sous-mixé et la batterie a un son très sec qui ne convient pas tellement pour les quelques gravity que l'on peut attendre. Les basses est par moment mise davantage en avant, ce qui rajoute un certain charme à l'album. Mais dans l'ensemble, ce Aeons Past est d'une grande clarté. De plus, on compte 2 titres instrumentaux : le premier qui permet de constater qu'Element maitrise parfaitement son sujet grâce à des arrangements impeccables et l'autre qui clôt l'album sur une touche légèrement astrale (mais dont la présence me semble un peu étrange au milieu d'un album de ce calibre).
L'album est toutefois assez court, c'est d'ailleurs à cause de ce genre d'album que la touche repeat a été inventée. Mais ce n'est pas pour autant qu'on en saisit toutes les subtilités en moins de 2. Element distille une musique très variée tout en étant homogène grâce à des musiciens bien en place et inspirés. On y retrouve les ingrédients typiques du brutal death américain incorporés à un certain sens de la mélodie. N'oublions pas la brutalité, elle est toujours présente et jamais excessive grâce à des riffs virevoltants, un chant qui pour une fois ne ressemble pas à l'accouplement entre un sanglier et un Predator, une batterie rapide et des breaks bien incorporés.
Après une bonne année passée entre l'enregistrement des titres et celui du chant, Aeons Past est enfin là. Et mine de rien, Element vient d'accoucher d'un excellent album de death metal, original et reposant sur un solide tissus de riffs techniques. Puisant dans le meilleur des groupes du style, le trio américain ne manque pas d'y apporter sa petite touche personnelle. Et au milieu du nombre impressionnant de formations brutal death, c'est toutjours une joie de voir qu'un groupe apporte de la nouveauté dans un genre déjà très fourni. Aeons Past est donc un premier album très intéressant signé par une formation qui l'est tout autant.
| Scum 26 Février 2007 - 3398 lectures |
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