Vitriol - To Bathe From The Throat Of Cowardice
Chronique
Vitriol To Bathe From The Throat Of Cowardice
En matière de Death Brutal VITRIOL est probablement celui sur qui repose tous les espoirs d’un genre où de nouvelles têtes ont du mal à émerger, car si le nombre est présent la qualité en revanche laisse trop souvent à désirer. Ces dernières années rares sont celles qui effectivement ont réussi à marquer les esprits, et dans cet espace réduit le trio de l’Oregon est incontestablement celui qui est le plus attendu tant son court et redoutable EP
(« Pain Will Define Their Death ») avait reçu un accueil général des plus élogieux. Après pratiquement deux années d’attente où celui-ci a enchaîné les concerts un peu partout le voici enfin avec ce premier long-format qui sur le papier a tout ce qu’il faut pour faire parler de lui. Car ayant depuis signé au sein de l’écurie Century Media il ne fait pas de doute que le label allemand va faire parler sa qualité de distribution habituelle, ainsi que sa promotion massive. Résultat pour ceux qui avaient raté leur précédente sortie on retrouve du coup ici les quatre morceaux qui la composait, accompagnés par six inédits plus pointus qui vont faire particulièrement mal.
En effet qu’elle est loin l’époque où les trois membres évoluaient dans un Deathcore de bas étage sans âme ni originalité, certes ici la musique reste d’un classicisme total mais elle a gagné en densité et en technique sans pour autant tomber dans le trop-plein et l’hermétisme. On va se rendre compte d’entrée que le combo est monté d’un cran en qualité d’écriture avec le monstrueux « Crowned In Retaliation » qui va poser les bases des nouveaux titres proposés ici, à savoir une grande variété des rythmes portée par de nombreuses cassures où l’ensemble écrase tout sur son passage. C’est une guerre totale auquel on a droit et d’où aucun survivant n’en réchappera tant le tabassage en règle sera la norme, qu’il soit en rafale par des blasts déchaînés comme en marteau-pilon pour les parties plus lentes et écrasantes où la double tapisse l’espace disponible de son empreinte. D’ailleurs comparé au court-format il faut bien avouer que la batterie sonne moins naturelle et surtout a été mise très en avant dans le mixage, permettant donc à Scott Walker d’exprimer tout son potentiel même si on aurait aimé entendre plus ses camarades dans ce mur sonore. Malgré cela ce démarrage est une totale réussite où toute la palette de jeu des mecs est exploitée à son maximum vu qu’ils arrivent à conserver un certain équilibre des tempos, le tout sans s’éterniser inutilement afin d’éviter la redondance. D’ailleurs la doublette « Legacy Of Contempt »/« I Drown Nightly » va expédier rapidement les affaires courantes tout en montrant deux facettes totalement différentes, vu que pour la première compo c’est la lourdeur qui est mise à l’honneur (sans pour autant oublier d’y joindre de la vitesse et de la fureur, qui se font cependant plus discrètes), proposant ainsi un mur sonore très hermétique où les quelques explosions furibardes tentent de le mettre à terre. Avec en prime un rendu très sombre là-aussi le bilan ici est plus qu’enthousiasmant, tout comme pour la seconde qui va être elle aussi de haute tenue, même si ici l’équilibre des forces se rétablit et trouve son paroxysme par un long et terrible solo qui éclaire cet océan de noirceur. D’ailleurs il faut saluer les passages en leads présents sur toute la longueur de ce « To Bath From The Throat Of Cowardice » qui amènent une vraie plus-value appréciable, et qui ne tombent pas comme un cheveu sur la soupe.
Pour éviter que l’obscurité présente ici ne paraisse encore plus hermétique à l’usage, les Américains ont eu la présence d’esprit de miser de façon importante sur le grand écart au niveau de l’emprise comme de l’entrain, il n’y a qu’à écouter le tortueux et oppressant « The Rope Calls You Brother » pour s’en rendre compte. Ici l’explosivité est poussée à son maximum et on a l’impression par certains moments que ça frappe à mille à l’heure, comme à d’autres où la sensation de bridage est plus que présente, le tout porté par des longues plages instrumentales où chacune de ses deux extrémités peut ainsi s’exprimer complètement (grâce à une durée totale de six minutes), se chevauchant et s’équilibrant l’une après l’autre, renforçant ainsi ces sentiments d’oppression et de guerre totale. Ceci s’applique également au redoutable et plus brut « Hive Lungs » qui bien qu’étant plus condensé trouve là-encore le moyen de produire des passages à rallonges qui prennent l’auditeur en étau, et dont la pression globale se voit légèrement relâchée par un solo tentaculaire de haut niveau. Si le côté guerrier s’est exprimé sans discontinuer il trouve sur « A Gentle Gift » un écho particulier par ce début martial à la caisse claire qui prépare ainsi à une montée en pression tortueuse et rampante. C’est ce qui arrive par la suite avec une première moitié où ça fracasse fort et quasiment en permanence, avant que sur la deuxième un tank ne vienne ralentir l’allure tout en l’alourdissant, histoire de donner toujours une variété sans failles.
Si la production risque de faire débat comme évoqué plus haut la pochette également ne manquera pas diviser, car étant pourtant signée du vétéran Joe Petagno il faut bien avouer que ça n’est pas ce qu’il a fait de mieux durant sa longue et prolifique carrière. Mais ceci n’est qu’un défaut mineur car on reste happé en permanence par la précision chirurgicale de la bande qui ne faiblit jamais en intensité comme en fluidité, malgré une technique très poussée et un style particulièrement casse-gueule. Impressionnants d’aisance aussi bien sur leurs instruments qu’au niveau des voix les gars réussissent le tour de force de redonner ses lettres de noblesse à un genre qui au pays de l’oncle Sam avait perdu en intérêt depuis quelques années (liée notamment à la baisse relative de la qualité des récentes livraisons de NILE, et dans une moindre mesure d’HATE ETERNAL). Donnant la sensation qu’ils en ont encore gardé en réserve ceux-ci réussissent en tout cas haut la main l’exercice du passage vers l’album complet et se placent dorénavant dans le haut du panier d’outre-Atlantique, et ça n’est d’ailleurs pas pour rien qu’ils tourneront en Europe avec ces deux géants prochainement. Attention d’ailleurs pour les entités de Karl Sanders et Erik Rutan de ne pas se faire voler la vedette durant cette tournée par ces petits jeunes qui montent et incarnent incontestablement la relève, et qui verra peut-être un passage de témoin auprès de ces maîtres incontestés et incontestables qui sait ? Ce qui est sûr c’est que l’avenir est bien parti pour leur appartenir, à Kyle Rasmussen et ses acolytes d’en faire dorénavant bon usage, de la meilleure manière qui soit évidemment !
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