Même si je trouvais (et trouve encore) la chronique d'
« Eugenics » un peu dure, je n’avais à l’époque pas vraiment d’autres points de comparaison, n’ayant jamais pris le temps, ou la peine, de m’intéresser ne serait-ce qu’aux deux disques qui semblent marquer l’acmé de la carrière de
MALIGNANCY, à savoir «
Intrauterine Cannibalism » (1999) puis «
Inhuman Grotesqueries » (2007). En revanche, je peux désormais le comparer à ce «
…Discontinued » et je comprends mieux en quoi il a pu s’avérer décevant, même si, étrangement, j’ai également encore plus envie de le réhabiliter.
Sans chercher à y voir une relation de cause à conséquence, la basse n’est désormais plus entre les mains de
Robert J. Beaujard mais de
Jacob Schmidt (
DEFEATED SANITY), ici en tant que simple
guest (pour le moment ?). Sans remettre en question la qualité de jeu du premier, je me demande si l’arrivée de l’Allemand n’a quand même pas eu un peu d’influence sur la meilleure lisibilité de l’album qui, pourtant, applique globalement la même recette que par le passé : un
brutal death metal chaotique, éminemment technique, effectivement à la croisée de
CRYPTOPSY (en moins
core) et de
SUFFOCATION (en plus épileptique). Ainsi, je ne note pas de différences structurelles notables : les titres sont toujours aussi courts, remplis jusqu’à la gueule de micro-riffs dévastateurs dont le défaut est de défiler tellement rapidement qu’on ne les retient pas, avec des harmoniques dans tous les coins, un tic récurrent des Américains, leur marque de fabrique en quelques sorte. Pourtant, j’ai d’abord trouvé l’album meilleur.
Il faut dire que la qualité de l’enregistrement y est pour beaucoup. En effet, autant «
Eugenics » souffrait d’une certaine platitude qui noyait les riffs et étouffait la voix, autant le choix d’une production certes plus générique mais davantage aérée fait du bien car l’auditeur attentif pourra enfin pleinement distinguer ce qui se passe dans les neuf compositions. Ces dernières sont toujours aussi barrées, avec cent plans à la seconde, mais ce son plus dynamique, massif sans compression à outrance, apporte un souffle nouveau au groupe, voire même des parfums d’
IMMOLATION, sur « Decomposing Divinity » par exemple où la voix se rapproche, me semble-t-il, des intonations ainsi que de la noirceur de
Ross Dolan. Cette différence de mixage est encore plus flagrante si on la compare à l’étouffoir ultime d’«
Intrauterine Cannibalism », qui avait pourtant beaucoup de charme, alors que là, je pourrais carrément dire que j’ai le sentiment de ne plus écouter le même groupe… Est-ce un mal ? J’avoue qu’après avoir sommairement parcouru la discographie complète des Américains, je regrette ce virage vers quelque chose de plus léché qui fait clairement basculer l’album du
brutal death au
death technique. On y perd un peu de la bizarrerie propre à la musique de
MALIGNANCY au profit d’une mise en exergue des qualités instrumentales des protagonistes, ce qui ne me semblait pas vraiment indispensable, personne n’ayant jamais douté de leur technique.
Il reste que la densité est telle que même trente minutes, cela paraît parfois beaucoup. On ne retient qu’une ou deux choses de l’écoute, hormis le sentiment de se faire piétiner, le riff introductif de « Purity of Purpose » par exemple, mais pas forcément pour les bonnes raisons : c’est juste qu’il sonne guilleret, ce qui est plutôt surprenant, en plus de ne pas être bien folichon.
Pour tout dire, je suis perdu avec ce genre de disques. C’est du
death hyper technique, j’adore ça, le truc est brutal sans jamais débander, en soi cela devrait me plaire, combler toutes mes espérances. Mais le problème c’est que les plus belles personnes ne sont pas toujours les meilleurs coups et qu’au-delà de la perfection apparente de «
…Discontinued », ça sent trop le propre, le savon, à l’image de cette illustration finalement prémonitoire qui, n’arrivant pas à trancher entre l’esthétique et le gore, ne ressemble globalement à rien, ce qui fait vraiment deuil par rapport aux travaux passés. Je reste donc sur un avis très mitigé quant à ce retour après cinq ans de silence, préférant en définitive le passé à ce que laisse présager l’avenir. Ce ne seront pas les premiers à qui cela arrive, ils gagneront autant de fans qu’ils en perdront, est-ce bien la peine d’épiloguer ?
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