Malignancy - Eugenics
Chronique
Malignancy Eugenics
Mine de rien, ça fait 20 ans que Malignancy traîne ses guêtres sur la scène brutal death américaine. La popularité du combo a "explosé" en 2007 suite à la sortie de Inhuman Grotesqueries sur Willowtip mais il s'était déjà rendu coupable de nombreuses démos, de deux EPs, de deux splits, d'une compilation et d'un premier full-length, Intrauterine Cannibalism en 1999, faisant de lui un groupe respecté dans l'underground marqué au fer rouge par United Guttural. En 2010, je m'étais d'ailleurs pris une grosse baffe au Neurotic Deathfest. Autant dire que j'étais curieux d'écouter ce nouvel opus, le deuxième pour Willowtip. Le bel artwork et la thématique post-apocalyptique achevaient de placer Eugenics parmi les albums les plus attendus de l'année.
Mais comme souvent, l'attente ne valait pas le coup. J'ai pourtant mis longtemps à arrêter mon jugement sur ce nouveau disque des Américains, le trouvant tour à tour chiant, intéressant, mou, épileptique, générique, original. Puis le verdict tomba: Eugenics est juste chiant. Très réducteur, surtout qu'il y en a des choses à dire, mais c'est le sentiment qui ressort le plus chez moi après des dizaines d'écoutes. Mais comme je ne suis pas égoïste, je vais quand même en parler de ces choses à dire. Car même si Eugenics s'avère une déception pour moi, Malignancy reste un groupe atypique dans le paysage brutal death et rien que pour ça, il mérite bien quelques lignes.
Pour ceux n'ayant jamais croisé ces fous-furieux, Malignancy pratique un brutal death technico-chaotique faisant la part belle aux changements de rythme inattendus et aux harmoniques sifflées, tout en conservant une bonne louche de groove, New-York oblige. Par rapport à Inhuman Grotesqueries, la formation s'est quelque peu "calmé" (tout est relatif!) niveau harmoniques sifflées et rythmiques épileptiques, recentrant davantage le débat sur la lourdeur. Ce Eugenics est en fait un bon concentré de tout ce qu'a su faire le groupe, du gras typique du brutal death US au côté plus complexe de la scène technique faisant ressortir des influences jazzy importantes. On saluera d'ailleurs d'emblée le jeu de basse aventureux de l'ex-batteur Roger Beaujard (Mortician) et surtout les prouesses de Mike Heller, plus que jamais l'un des meilleurs batteurs extrême. Dommage qu'il ne blaste pas plus cependant car quand Malignancy envoie la purée, ça prend une tout autre dimension (l'expéditive "Monstrous Indifference" et ses 1'23 de boucherie). Voilà le gros reproche que je ferais à Eugenics: c'est trop mou! On a connu le groupe plus pressé et fou-fou et on a l'impression qu'il s'est assagi, même si sa musique reste assez foutraque. Le chant ultra monotone et sans puissance de Danny Nelson qui semble growler dans sa barbe conforte ce ressenti. Mais quand il part dans des intonations moins gutturales, c'est juste atroce! Ne comptons pas non plus sur le guitariste Ron Kachnic pour ajouter de l'intérêt aux morceaux. À quoi bon balancer des riffs à la pelle si seul une poignée retient l'attention grâce enfin à un peu de mélodie? Du coup, gros manque de mémorabilité et d'efficacité. Quant aux séquences plus grassouillettes, parfois légèrement slammy, c'est du générique sans grand intérêt qui ne feront de l'effet qu'en live.
Vraiment dommage de la part d'un des rares groupes originaux de la scène brutal death américaine de nous sortir un album plat et sans saveur. La personnalité affirmée de Malignancy lui vaut bien sûr quelques bons points mais ne fera pas de Eugenics une sortie marquante. On ne retiendra finalement que la performance de Mike Heller, toujours au top, quelques riffs plus accrocheurs, un groove sympathique et un feeling jazzy qui aurait pu toutefois être plus intéressant, pour seulement deux-trois morceaux qui passent le cut ("Global Systemic Collapse", "Separatists", "Monstrous Indifference"). Pas assez brutal, pas inspiré, trop de tricotage, mou du genou, le groupe marque le pas en nous livrant sa plus faible sortie. Mais bon, c'est toujours mieux que le dernier Cryptopsy! Si vous voulez tout de même tenter l'expérience Malignancy, penchez-vous plutôt sur Intrauterine Cannibalism, Motivated By Hunger ou Inhuman Grotesqueries, grand frère assez similaire mais nettement plus convaincant que ce Eugenics. Et dans un genre approchant, essayez Wormed ou Terminally Your Aborted Ghost.
| Keyser 15 Octobre 2012 - 2088 lectures |
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