Cryptopsy n'est décidément pas le genre de groupe à oeuvrer dans la facilité puisque cet album intitulé "And Then You'll Beg", succédant au non moins terrible
"Whisper Supremacy", enfonce encore plus profondément, le clou de la technique et de la complexité. Après le départ de Miguel Roy, le groupe s'est trouvé un nouveau guitariste en la personne de Alex Auburn qui reprend vaillamment le flambeau de son collègue (et il n'y a qu'à écouter le live
"None So Live" pour s'en rendre compte). Et je vous le dis d'entrée : le Cryptopsy cru 2000 a des couilles et elles sont bien grosses (vous aurez noté, j'en suis sûr, la finesse de cette phrase et ne vous plaignez pas, je vous épargne le rot de bière).
On commence à s'habituer. Cryptopsy nous délivre souvent des albums incompréhensibles au premier abord et ce n'est pas "And Then You'll Beg" qui fera l'exception, au contraire. En effet, il est encore pire que son grand frère, repoussant encore et encore les limites de la technique et de la torture musicale. Cryptopsy nous a pondu près de 40 minutes de chaos sonore, regroupé en 9 morceaux dont la durée varie entre 2'15" et 7'20". Le style est toujours aussi déconstruit et extrême, changeant de rythme toute les 15 secondes et enchaînant des riffs aussi complexes à jouer qu'à comprendre (pour vous dire si on en chie derrière son poste). Et quel début d'album mes ami(e)s (on ne sait jamais, si des filles me lisent), avec deux morceaux dépassant les 5 minutes, "...And Then It Passes" et le monumental "We Bleed" (et ses solos parmi les meilleurs qu'il m'ait été donné d'écouter) où Cryptopsy s'adonne à du brutal death progressif. Vous y trouverez également un instant Didgeridoo (interprété par un certain David Hughes) pour introduire l'excellent morceau "Screams Go Unheard", vraiment technique aussi (mais comment fait-il ça avec un Didgeridoo ??).
Même si le line-up du groupe a changé, la vue d'ensemble reste identique. Le chant de Mike DiSalvo reste toujours orienté hardcore (petit regret tout de même... C'était quand même autre chose Lord Worm), et même encore plus qu'auparavant. Si vous n'aimiez pas, il n'y a aucune raison que vous appréciez maintenant. Et derrière, ça carbure toujours autant, à la guitare où Jon Levasseur fait toujours des miracles sur ses solos, comme à la basse, un peu plus présente qu'auparavant, et sans oublier l'éternel Flo Mounier, réputé pour sa technique ancestrale et unique de battage des blancs d'oeufs en neige en moins de 15 secondes (et sans sel) qui assure d'ailleurs toujours autant sur les backing vocals.
Côté production et diffusion, pas de soucis : c'est Century Media qui s'y colle. De plus, Cryptopsy a encore une fois bénéficié des services de Pierre Remillard pour le son et de François Quevillon pour l'artwork, ce qui assure une certaine prestance à cette galette. Le son est vraiment ENORME et le terme de "chaos sonore" (cité précédemment) prend ici tout son sens. Jetez-y une oreille et vous comprendrez.
Pour ce qui est de l'intérêt de ce disque, en dehors de son aspect technique, je ferai la même remarque que pour le précédent, à savoir qu'il est très bon, mais ne pourra se révéler qu'aux oreilles de ceux qui lui donneront une chance. Car il vous faudra une chiée d'écoutes incompressibles avant de trouver votre chemin au milieu de ce dédale de notes. La musique du quintette est du genre qui s'apprivoise, et ne plaira sûrement pas à tous. Alors pour les téméraires amateurs de musique extrême, préparez matelas et tubes d'aspirine car ce périple s'annonce long et semé d'embûches. Et comme j'aime bien terminer mes chroniques par des citations de metalleux connus, en voici une d'un certain Jesus Christ rien que pour vous : "Cryptopsy c'est touffu". Méditez bien.
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