Durant les cinq années qui ont séparé
"And Then You'll Beg" de ce nouveau "Once Was Not", il s'en est passé des choses chez nos amis québécois. Mike DiSalvo qui avait participé aux deux précédent albums décide de quitter le groupe. Cryptopsy se met alors en quête d'un nouveau frontman qu'elle trouvera en la personne de Martin Lacroix avec lequel elle enregistra un des meilleurs albums live que je connaisse, l'incontournable
"None So Live" (2003). Martin Lacroix ne restera pas bien longtemps au sein du combo québécois mais le mieux était à venir. En effet, quel ne fut pas mon étonnement lorsqu'en 2004, Lord Worm décida de réintégrer la formation. Après plus de 7 ans, Cryptopsy retrouvait enfin son line-up de légende, celui de 1996 et du cultissime
"None So Vile".
Mais il faut bien se dire que pour les fans de Cryptopsy, l'attente dure déjà depuis 5 ans et à part nous dire que l'album était en préparation, peu de nouvelles filtraient quant à son avancement et son enregistrement. Courant 2005, alors que le groupe montait en puissance avant l'arrivée de "Once Was Not", c'est Jon Levasseur qui annonce son départ du groupe après tant d'années passées au sein de Cryptopsy. C'est donc à 4 que les québécois terminent ce nouvel album. 5 ans c'est très long et plus le temps passe, plus on y place d'espoir à tel point qu'on en deviendrait presque forcé d'être déçu.
Enfin bref, toujours est-il que le promo dans les mains, on fait moins le fier. On n'y croyait plus vraiment et ça vous arrive directement dessus, vous partageant entre angoisse et excitation à l'idée de le mettre dans votre platine. Aussi incroyable que cela puisse paraître, je confirme la durée exceptionnelle de cet album qui frise les 50 minutes et je rassure tout suite ceux qui comme moi, ont été un peu surpris (voir déçus) par le premier extrait ("The Pestilence That Walketh In Darkness"), que Cryptopsy n'est pas le genre de groupe à s'assagir, au contraire.
"Once Was Not" n'est toutefois pas un album comme les autres de leur discographie. Il n'y a qu'à débuter l'album pour se rendre compte qu'il commence par un titre d'introduction (chose totalement inédite) et accrochez-vous car "Luminium" est en plus un morceau acoustique (whouaaa). Mais pendant que le doute commence à s'installer dans votre esprit, le second titre enchaîne paisiblement et vous retrouvez alors la brutalité qui a fait la renommée du groupe. Soulagement. Toutefois, ça fait maintenant plusieurs minutes que vous vous prenez en pleine gueule une sorte de mélange entre l'explosion d'une bombe atomique et un concorde passant à 50 mètres au dessus de votre tête sans que vous ne compreniez quoique ce soit. Vous vous demandez alors si vous avez perdu l'habitude (5 ans c'est long) ou si Cryptopsy a encore une fois repoussé les limites de la brutalité. J'en suis arrivé personnellement à la conclusion que premièrement, j'avais effectivement un peu perdu l'habitude de ce genre d'album mais que surtout, "Once Was Not" est sans conteste, l'album le plus complexe, dense et impressionnant que j'ai pu entendre en ce qui concerne sa brutalité et sa technicité. Comme quoi, il n'était pas impossible de faire pire que
"And Then You'll Beg". Vous comprenez alors que la digestion va être très très difficile.
Ce cinquième album se révèle particulièrement délicat à pénétrer. Cryptopsy a apparemment tout fait pour vous embrouiller la tête et ça commence par la production où seuls la batterie et le chant se taillent la part du lion. Guitares et basse sont alors relégués au second plan, laissant parfois difficilement entrevoir les riffs de ces dernières, à croire que le groupe se cache derrière son batteur. Je ne sais pas si c'est réellement voulu mais c'est un peu dommage. En tous cas, le son est d'une puissance digne de la brutalité d'un tel album, chose sur laquelle le groupe a beaucoup insisté.
Car oui, cet album est encore une fois absolument inhumain. On retrouve un Flo Mounier plus déchaîné que jamais derrière ses fûts, impressionnant de rapidité et d'ingéniosité, généreux en blasts et breaks dont lui seul à le secret. Lord Worm a pris un peu d'âge et n'a par contre plus le hurlement d'antan, même si l'intonation incompréhensible 100% yaourt demeure la même. Son chant est moins sourd, moins confus mais aussi moins bon qu'auparavant mais sa voix reste plus adaptée que le chant hardcore de Mike DiSalvo (enfin c'est mon avis). Alex Auburn et Eric Langlois (respectivement guitariste et bassiste), même si on les entend moins, sont loin de faire tache, suivant sans peine le tempo imposé par leur batteur-poulpe. De toutes façons, ça fait bien longtemps que tout le monde sait que ces gars là sont de grands techniciens.
Musicalement, "Once Was Not" prolonge l'évolution globale de leur style entamée depuis
"Whisper Supremacy" (1998), à savoir une musique chaotique, déstructurée à l'extrême et ultra violente. Les titres sont d'une complexité hors-norme, changeant de rythme et de riff toute les 10 secondes avec de petits breaks placés ici et là où l'on s'y attend le moins. La manière de composer du groupe si singulière n'a pas changée : on retrouve leurs riffs si caractéristiques, des plus complexes aux plus accrocheurs. De même, les solos sont toujours aussi reconnaissables et bons même s'ils n'atteignent pas le génie des précédents albums (le départ de Jon Levasseur peut-être...). Toutefois, comme je le disais précédemment, ce nouvel album apporte quelques nouveautés et celles-ci concerne uniquement les mélodies. Alors je sais qu'employer ce mot dans une chronique de Cryptopsy pourrait paraître incongru, mais voilà pourquoi cet album dure si longtemps. Le groupe ne s'est pas cantonné à nous servir un disque uniquement fait de compositions repoussant les limites de l'homme, mais a essayé d'aérer son style en nous proposant bon nombre de passages acoustiques ou atmosphérique venant renforcer l'ambiance de l'album (et reposer les oreilles de l'auditeur).
Bien que je n'ai pas les paroles, il semblerait que "Once Was Not" soit porté sur la guerre et ses conséquences et beaucoup de choses viennent nous le rappeler tout au long de l'album. Bruit de mitraillettes, interventions belliqueuse de Lord Worm, instrumentations guerrières, titres des morceaux, entre la violence et le côté impitoyable de la musique viennent se greffer divers éléments venant évoquer la mort et le chaos dans un cri de colère et de désespoir. Esthétiquement peu réussie, la pochette résume pourtant bien ce que dégage "Once Was Not" et ce que l'on peut ressentir à son écoute. Cryptopsy a ajouté cette nouvelle dimension à sa musique qui enrichit grandement son intérêt.
Dans l'ensemble, le groupe nous délivre un excellent album avec des titres ravageurs comme "Carrionshine", "The Frantic Pace Of Dying", "Keeping The Cadaver Dogs Busy", "Angelskingarden" ou encore le monumental titre de conclusion qu'est "Endless Cemetery". Je n'aurai qu'un reproche à faire à "Once Was Not" : comme pour les deux précédents albums, le groupe se perd de temps en temps dans sa technique et ses extrémités, délaissant parfois trop l'efficacité pour le côté ultra violent de sa musique. Toujours est-il qu'avec ce nouvel album, Cryptopsy revient sur le devant de la scène de la plus belle manière, se plaçant d'amblée en bonne position pour remporter le titre de l'album le plus bourrin de l'année en compagnie du "I, Monarch" de Hate Eternal. Malgré les quelques passages calmes qu'on y trouve, "Once Was Not" reste un album absolument impitoyable qui nécessitera un grand nombre d'écoutes attentives pour le rentrer comme il se doit dans votre tête. Et pour finir, je vous rappelle que l'achat de comprimés d'Ibuprofène est toujours aussi recommandée lors des premières écoutes.
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