Depuis la sortie de leur premier album paru l’année dernière chez Maggot Stomp Records, les trois garçons de Fluids n’ont pas vraiment chômé puisque le groupe de Phoenix à effectivement sorti deux splits, deux singles, une compilation regroupant peu ou prou tout ce que le trio avait sorti à date (à l’exception évidemment des titres de l’album
Exploitative Practices) et enfin un nouveau EP intitulé
Ignorance Exalted paru il y a seulement quelques semaines sous l’égide du label californien le plus en vue du moment. Oui, je veux bien évidemment parler encore une fois de Maggot Stomp Records.
Si cette nouvelle sortie est donc à envisager comme un EP, sachez que l’on est tout de même assez proche d’un album selon les standards définit par le groupe américain lui-même. En effet, du haut de ses huit titres (contre dix pour
Exploitative Practices),
Ignorance Exalted n’affiche qu’une minute de moins que son ainé pour une durée totale n’excédant pas les vingt-sept minutes. Fluids se montre donc plutôt généreux et c’est tant mieux. Côté artwork, le groupe réitère dans l’exercice du collage avec un enchevêtrement particulièrement appétissant d’organes, d’os et de diverses matières organiques réalisé cette fois-ci par Adam Medford à qui l’on doit également l’artwork très similaire du dernier EP des Norvégiens de Cadaver. Une oeuvre haute en couleurs pour un disque qui sans grande surprise marche dans les pas des précédentes sorties du groupe.
Servi par une production signée encore une fois des mains de Jan Grotle et Walter Hale,
Ignorance Exalted renoue avec ce qui faisait déjà le sel de
Exploitative Practices : une basse ultra saturée toujours très inspirée par celle de Will Rahmer de Mortician qui va venir nous gratter le fond des tympans jusqu’à ce qu’elles finissent par saigner, des guitares lourdingues et abrasives pour des riffs hyper-protéinés et une batterie aux blasts synthétiques. Sur Metal Archives et ailleurs, Walter Hale est crédité à la batterie et à la programmation (ainsi qu’aux synthétiseurs mais pour le coup on s’en fout un peu). Du coup, s’il ne fait aucun doute que les parties blastées sortent effectivement d’une boîte à rythme, j’ai désormais quelques doutes en ce qui concerne les séquences moins soutenues même si le jeu de cymbales laisse suggérer que tout est ici produit artificiellement. Quoi qu’il en soit, si la chose avait tendance à me déranger lors de mes premières écoutes de
Exploitative Practices, je suis bien moins gêné par cette batterie excessive qui reste tout de même dans les limites de l’acceptable (même si avec "Hammered" Fluids s’amuse à flirter avec l’inexcusable).
Vous l’aurez compris, rien n’a changé du côté des trois américains qui à travers des morceaux aux titres toujours aussi imagés ("Extorted", "Quartered", "Chunked" ou "Hammered") et des samples toujours aussi gerbant (notamment ceux de "Quartered" et "Smothered" probablement encore issus de séances de torture mexicaine) vont cultiver une violence particulièrement crue et bien réelle ainsi qu’une atmosphère pour le moins dérangeante. Musicalement, Fluids n’a toujours pas inventé l’eau chaude mais sa formule mêlant riffs patauds et primitifs, séquences lourdingues au groove évident ("Capped" en est l’exemple parfait) et accélérations aussi peu subtiles qu’efficaces fonctionne une fois de plus à plein régime. Certes, l’ensemble manque clairement d’originalité et de finesse mais quand on décide de se lancer dans l’écoute d’un album à l’artwork aussi explicite, difficile ensuite de prétexter que l’on ne savait pas où l’on mettait les pieds... Par conséquent, le Death Metal aux relents Grind de Fluids ne se destine donc pas à toutes les oreilles puisque outre cette batterie qui ne cherche pas à dissimuler ses origines synthétiques, il faudra également être en mesure d’apprécier la nature primitive, cradingue et excessive de ces compositions qui à chaque seconde transpirent la crasse et le malaise.
Digne héritier de Mortician, Fluids continue donc son petit bonhomme de chemin sans se soucier une seule seconde de la redite ou d’un manque quelconque d’originalité. Pourtant, il y a bien chez le trio quelque chose que l’on décèle rarement ailleurs, cette violence hyper dérangeante qu’on ne trouve qu’en fouinant volontairement dans les tréfonds les plus obscurs de l’Internet. Une violence bien réelle qui filerait la gerbe à tous ceux qui, au-delà d’une curiosité morbide que l’on peut tous ressentir, s’enorgueillissent pourtant de trouver les artworks de Last Days Of Humanity ou Pissgrave largement tolérables. Bref, Fluids continue de faire du Fluids sans perdre une once d’efficacité ou de pertinence et personnellement ça me convient très bien. Et j’attends déjà la suite avec impatience !
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