Azath - Through a Warren of Shadow
Chronique
Azath Through a Warren of Shadow
Salut à toi jeune métalleux ! Alors si aujourd'hui je me permets de te contacter, c'est pour une raison très simple. Savais-tu que 95% de la population pense que Behemoth est le meilleur groupe de death metal de la planète ? Alors pose-toi les bonnes questions. Est-ce que tu préfères être un mouton ignorant et te voiler la face ou commencer très rapidement à faire des découvertes avec moi et peut-être avoir l'opportunité de détenir un savoir immense et devenir le métalleux le plus cultivé de ton entourage ? Moi je pense la question elle est vite répondue. Alors soit tu me suis, soit tu continues à écouter tes groupes de gamins en jouant avec ta quéquette dans le bac à sable. Bisous !
Eh ouais, chez Azath, on ne rigole pas ! Formé en 2018 et auteur d'une démo parue en cassette chez Caligari Records, le combo américain comprend dans ses rangs quelques figures plus ou moins connues de l'underground. Le guitariste Andrew Lee (Ripped to Shreds), le bassiste/chanteur canadien Derek Orthner (Begrime Exemious) et le batteur de session depuis officiellement incorporé, Pierce Williams (Torture Rack, Lord Gore, Skeletal Remains). Le line-up est complété par le guitariste Brandon Corsair entendu récemment dans Draghkar (Unspeakable Axe Records). Et voilà donc que débarque au printemps dernier sur Pulverised Records le premier long-format Through a Warren of Shadow. Si vous n'êtes pas encore alléchés par la présentation ou le nom du groupe rappelant à deux lettres près un excellent combo polonais, sachez que c'est Dan Lowndes (Cruciamentum) qui a masterisé la bête, que le stakhanoviste Charlie Koryn (Ascended Dead, Funebrarum, VoidCeremony, Chthonic Deity, Thanamagus ...) a produit la batterie, que le chanteur Daniel Butler (Vastum, Acephalix, Draghkar) fait une apparition sur le deuxième morceau "Draconian Impalement" et que c'est Mark Riddick qui a dessiné cette belle pochette ornée d'un imposant dragon horrifique qui a quand même une autre gueule que les trucs kitschouilles que l'on trouve dans le power metal. Dernière chose à savoir, le nom d'Azath, comme toutes les autres références du disque, vient de la saga épic fantasy Malazan Book of the Fallen du Canadien Steven Erikson.
J'ai désormais toute votre attention ? Alors c'est parti ! Azath joue un death metal old-school sombre et méchant qui évoque à la fois Drawn and Quartered et Dead Congregation première période (flagrant sur "Mortal Sword" entre autres quoique le très bon mais trop court interlude instrumental "Pale Light", dissonant, pesant et chargé d'une atmosphère angoissante et mystérieuse fait plutôt penser au morceau "Promulgation of the Fall"). Si ça fait pas encore plus envie ça !? Côté rythmique, Through a Warren of Shadow nous offre un peu tout entre le jamais ultra rapide et le jamais ultra lent. Beaucoup de blast-beats à des vitesses modérées (le batteur n'y va vraiment franchement que sur "Shifting Forms" où vous pourrez trouver les blasts les plus rapides), des semi-blasts plutôt "lents", du thrashy, quelques mid-tempos (dont celui à 4'40 sur "Shifting Forms" à la Cannibal Corpse), une poignée de ralentissements plus marqués et intelligemment placés (ceux de "Worm of Autumn", très Dead Congregation, l'excellent break de "Through a Warren of Shadow" à 2'52, etc.) ainsi que quelques séquences plus "punkies", entraînantes et très efficaces comme sur "Through a Warren of Shadow" et "Worm of Autumn". Bref, c'est plutôt varié, aucun risque d'ennui sur les trente-six minutes de la galette. De monotone, il n'y a que le chant de Derek Orthner qui gronde toujours sur le même ton si ce n'est quelques shrieks épars. Maléfique, menaçant, il se montre toutefois parfaitement adapté à la situation, un peu à la manière d'un Craig Pillard en moins profond et avec plus d'effet d'écho. On peut aussi penser au frontman de Dead Congregation.
La musique du quatuor dégage également un côté bestial renforcé par une production assez crue qui sied à merveille à l'ambiance du disque (grain de guitare rugueux au caractère acerbe, caisse claire "ploc-ploc" sur les semi-blasts ...). Comme quoi on peut faire du bestial avec de vrais riffs (n'est-ce pas le "war metal" ?!). C'est aussi ça la force d'Azath, un riffing de qualité comme d'habitude souvent du tremolo aux mélodies plus ou moins prononcées. Certains riffs font également appel à des influences black metal tout à fait convaincantes ("Draconian Impalement" à 1'30, "Through a Warren of Shadow" à 0'47 et 4'36, "Worm of Autumn" à 2'52, "Children of the Dead Seed" à 0'23, etc.). Des solos, il y en a, mais rien de particulièrement intéressant puisqu'ils sont tous très chaotiques, ce qui à nouveau colle à l'atmosphère de l'œuvre mais on n'en retiendra pas grand chose. Le groupe se rattrape sur quelques leads en tremolo ou posées sur les breaks, plus construites et mémorisables. J'ai évoqué plusieurs fois la fameuse ambiance, la fameuse atmosphère, inutile de dire qu'il s'agit là d'un des nombreux atouts d'Azath. Noire, malfaisante et primitive, l'aura de l'opus vous immerge à travers ses riffs pernicieux, ses leads sinistres et son growl terrifiant. Et celle-ci ne résonne pas que pendant les moments où les musiciens lèvent le pied, même si ceux-ci ont leur importance avec trois interludes dont l'intro "Into the Charnel" et l'outro "Dying Echoes" où larsens stridents, bruitages morbides et growls fantomatiques introduisent et closent l'œuvre de manière plus qu'appropriée.
Encore une fois aucune innovation ou surprise, on reste dans du classique qui ne réinvente pas la roue. Cependant les Américains (plus un Canadien) font très bien les choses sur ce premier essai longue-durée qui s'avère une franche réussite. Les influences Dead Congregation et Drawn and Quartered (pas étonnant que l'on retrouve son guitariste-fondateur Kelly Kuciemba dans Draghkar avec Brandon Corsair) ne pouvaient de toute façon que me séduire. L'aspect bestial tout en restant musical étant le petit bonus qui fait la différence. Pas grand chose à redire ici tant le groupe montre un savoir-faire et un feeling indéniables. Un "The Whirlwind" trop vite expédié à 1'38, peut-être. Éventuellement ce son de caisse claire "ploc-ploc" par moment qui pourraient ne pas plaire à toutes les oreilles. Non, franchement, difficile de pinailler, la qualité est au rendez-vous. Voilà une excellente découverte pour qui aime son death metal méchant, brut, ténébreux, âpre et cru. Allez hop, direct dans le top 2020 !
| Keyser 21 Septembre 2020 - 1557 lectures |
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