Lecherous Nocturne - The Age Of Miracles Has Passed
Chronique
Lecherous Nocturne The Age Of Miracles Has Passed
Le temps des miracles est révolu, à voir car je ne sais pas s'il est vraiment question d'actions divines mais il est indéniable que l'année 2008 semble avoir été bénie par les dieux en matière de brutal death technique avec les méfaits dévastateurs de Decrepit Birth, Origin, Brain Drill ou encore Deeds Of Flesh, mais ce serait une erreur que de ne pas citer l'excellent second opus des américains de Lecherous Nocturne, malheureusement passé à la trappe pour beaucoup face à une telle concurrence. Ce n'est pourtant pas l'attrait qui manque : formé à Greenville (Caroline du Sud) en 1997, le groupe fait parler de lui neuf ans plus tard lors de la sortie de son premier album Adoration Of The Blade, fort d'un contrat avec le label Deep Send mais comptant surtout dans ses rangs Chris Lollis et Dallas Toller Wade de Nile respectivement à la guitare et à la batterie ainsi que Mike Poggione (Monstrosity, Capharnaum entre autres) à la basse. C'est enfin en début d'année 2008 que Lecherous Nocturne reprend la route des studios Sound Lab accompagné de Bob Moore et de son nouveau batteur Jeremy Nissenbaum, débouchant sur la sortie de ce fameux The Age Of Miracles Has Passed qui confirme en quelques instants tous les espoirs que certains avaient placé en son prédécesseur, impressionnant de maîtrise mais souffrant de sa très courte durée et d'un léger manque de maturité.
À peine son introduction passée que "Just War Theory" vient, tel un rouleau compresseur, ouvrir les hostilités avec une férocité remarquable et pose effectivement une ambiance apocalyptique et chaotique qui laisse bien peu de place à l'optimisme. Muni d'une section rythmique redoutable portée par le jeu véloce et précis de Jeremy Nissembaum ainsi que la présence et la complexité des lignes de basse de Mike Poggione, le duo Chris Lollis / Christian Lofgren peut alors s'occuper d'achever l'auditeur en toute liberté, à grands coups de riffs aussi meurtriers que techniquement hallucinants. Le peu de travail restant revient alors à Jason Hohenstein qui force malgré tout le respect à l'aide de ses gutturaux puissants et haineux, à mi chemin entre le chant typiquement death et des vocaux plus criards. Le tout étant admirablement mis en valeur par la production de Bob Moore, connu pour son travail avec Nile, qui trouve un bon équilibre en gardant l'aspect intenable des compositions sans pour autant laisser une impression de brouillon, avec un son propre et précis mais jamais aseptisé, collant même admirablement avec l'avenir sombre qu'annoncent les paroles sans pitié et la pochette inquiétante.
Manifeste de brutalité et de violence pure, la musique de Lecherous Nocturne ne tombe pourtant jamais dans la facilité d'une simple débauche d'hémoglobine et de riffs bêtes et méchants, diversifiant intelligemment ses morceaux à l'aide de nombreux changements de tempo et de quelques breaks monstrueux comme sur l'excellent "We Are As Dust" qui enfonce un peu plus le clou avec son refrain meurtrier ou "When Single Shines The Tripled Sun" dont le riffing vient immédiatement se coller au fond du crâne pour un moment. D'une richesse et d'une technicité admirable, le jeu des deux guitaristes s'accorde toujours à merveille, parfois tout en finesse où renforçant l'intensité de certains passages comme lors de la montée en puissance précédant le break mémorable de "Edict Of Worms" ou sur le riffing groovy d'un "Death Hurts Only The Living". Seule l'absence totale de soli peut paraître quelque peu déroutante quand on connaît la capacité des musiciens, manque qui vient cependant renforcer l'atmosphère sombre et pesante qui règne sur tout l'album mais plus particulièrement sur le long pont de l'excellent titre éponyme. Le groupe donne souvent l'impression de ne jamais jouer deux fois la même chose dans un seul et même morceau tant les riffs, en perpétuelle évolution, s'enchaînent à une rapidité affolante tout en gardant toujours une grande cohérence. C'est probablement cet équilibre trouvé entre Lollis et Lofgren qui fait la principale force Lecherous Nocturne, conférant qui plus est une durée de vie conséquente à l'opus. Une envie d'appuyer encore et encore sur la touche « lecture » qui vient heureusement relativement compenser le seul réel point du méfait à mon sens, à savoir ses vingt-huit pauvres petite minutes qui semblent d'autant plus courtes que la musique des américains est énergique et mouvementée.
The Time Of The Miracles Has Passed s'avère être en tout point plus abouti que son déjà très bon prédécesseur, jouissant notamment d'une maturité qui manquait à Adoration Of The Blade. Parfois proche d'un Hate Eternal ou d'un Origin (et je pèse le poids de ces comparaisons élogieuses), Lecherous Nocturne se donne enfin les moyens de tout détruire sur son passage, s'affirmant comme une des formations de brutal death technique les plus dévastatrices et les plus talentueuses. Un groupe sur la pente ascendante sur lequel il faudra incontestablement compter dans les années à venir qui impose sans l'ombre d'un doute son méfait parmi les sorties les plus redoutables du genre de l'année 2008, au même titre que les Diminishing Between Worlds, Anthitesis, Apocalyptic Feasting et Of What's To Come des noms sus cités. Injustement méconnu jusqu'ici, jetez vous sur ce disque si la lecture des quelques noms présents dans cette chronique vous a un tant soit peu alléché, il y a peu de chance que vous le regrettiez.
| Squirk 24 Février 2011 - 2498 lectures |
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