Reciprocal - Reciprocal
Chronique
Reciprocal Reciprocal
Ne cherchez pas, sur aucun autre webzine français digne de ce nom (je ne parle pas des blogs lus par votre petit frère et votre cousine germaine) vous ne trouverez la chronique du premier album de Reciprocal. Et c'est d'ailleurs pour ça que vous y revenez, chers lecteurs, nous sommes indubitablement à la pointe du death metal, pour peu qu'il se fasse un poil brutal ou technique, voire les deux, en ce qui nous concerne ici. Et en plus des belles exclusivités qu'on vous offre régulièrement, il se trouve que l'on a un humour décapant, nous faisant tellement à manger à tous les râteliers de l'art littéraire qu'on pourrait gagner le prix Darry Cowl de la pluridisciplinarité sans peine, pour peu que Thrashocore y candidate. Non pas que l'on soit atteint d'un bégaiement zozoteur hilarant dans l'écriture (quoique certaines proses de Chris pourraient faire office d'examen de passage à une classe de correcteurs d'orthographe professionnels), mais notre amour des chroniques narnardesques et la promptitude qu'ont certains de nos chroniqueurs à se réfugier dans les doux bras de la boisson après la réception d'un énième promo pourri ne font que nous rendre compte de l'importance de l'empreinte qu'a laissé le plus célèbre canaillou à coiffure de caniche nain sur le plus merveilleux des webzines metal de France et de Navarre. Et si par hasard vous n'aimiez pas Darry Cowl, sachez que je vous conchie fermement, car pour lire cette chronique, vous vous devez d'adhérer à ce récit pro-Cowl.
Putain, espèce d'abruti, tout ça pour un jeu de mot pourri...
Désolé, mais il se trouve que Reciprocal n'est pas le groupe doté du plus formidable sens de l'humour qui soit, déclarant même avec fierté détester tout le monde, donc il faut bien que j'évacue mes quotas d'humour avant d'entamer véritablement cette chronique. À vrai dire, même ce premier album n'est en soi pas matière à se réjouir, car après une démo ultra prometteuse il y a un peu plus de deux ans, Reciprocal n'est pas forcément à la hauteur des attentes que beaucoup avaient placé en nos américains. Si le départ de Brent Glover, remplacé au pied levé par un Jeff Hughell tout juste sorti de Brain Drill ne fût qu'un bienfait, le forfait d'Alex Crescioni (un des deux guitaristes d'origine du groupe) juste après avoir enregistré ses parties de guitare pour l'album, posa quelques problèmes pour se produire convenablement sur scène, refaisant tomber le groupe dans l'anonymat. Pire, les divergences récentes avec Unique Leader ont conduit le groupe à s'autoproduire et s'autodistribuer, perdant du même coup une bonne partie de ses moyens de promotion.
Pas étonnant alors que le death metal des américains se fasse ultra sombre et très torturé, tout en demeurant malgré tout lisible ainsi que franchement rapide et brutal. L'alternance de passages blastés et de moments plus posés évoque une sorte de mélange entre Origin et Incantation, et Reciprocal arrive à allier de manière très convaincante l'aspect très technique et froid du style avec des ambiances très sombres – chose assez rare en matière de brutal death technique. Cette originalité confère désormais une personnalité propre à ceux qu'on avait plutôt tendance auparavant à considérer comme les rejetons directs d'Origin. Ceux qui espèrent de bons gros breaks bien gras seront déçus, Reciprocal ne verse que très peu dans ce travers énervant du brutal death US, et les ralentissements sont plutôt propices à l'apparition de subtilités de placement ou à l'épanouissement de quelques solos franchement chiadés, au son magnifique et très recherché. Encore mieux, le groupe s'adonne assez souvent au détour d'un riff particulièrement efficace à une envolée mélodique tout en tapping guitares/basse (chose à laquelle Jeff Hughell nous avait déjà habituée sur le premier Brain Drill) aussi impressionnante que savoureuse, dont les meilleurs exemples en sont le second riff de « Hopeless » et la reprise au milieu de « Idiopathic Pandemic Spreading ». Mais il n'y a pas que les gratteurs de manches qui impressionnent par leur virtuosité, Jacob Enfinger délivre un sans faute avec sa voix variée, très puissante et profonde, qui ne tombe jamais dans le growl de bas étage façon Defeated Sanity. Mention spéciale enfin à Dustin Perle derrière les fûts dont la prestation peu commune a de quoi ravir, étant à la fois très peu linéaire, puissante, fluide mais surtout sporadiquement incroyablement rapide. Il suffit de voir leur vidéo live (disponible sur leur page myspace) pour se rendre compte du talent du bonhomme, qui en met partout tout le temps avec une dose de talent hors norme. Techniquement, cet album est un des plus aboutis de 2009. Il est juste dommage que la technique ne fasse pas la qualité !
Un morceau comme « Zombiopsy » donne une idée parfaitement juste du contenu de cet album, avec ses nombreuses qualités mais aussi ses quelques défauts gênants. Puissant, rapide, et au riffing varié, Reciprocal s'avère globalement être un très bon album, peu lassant, mais assez imperméable et qui manque parfois d'accroche. On est loin en effet du sens du riff qui tue d'Origin ou de l'art de la mélodie lumineuse de Decrepit Birth ! Il faut souvent lutter pour apprécier le style de Reciprocal, et ceux qui ne supportent pas les changements de rythmes et autres riffs tortueux auront vraiment du mal à apprécier ce premier effort très fouillé mais aussi parfois un peu fouillis. Les moments lumineux sur « Hopeless » (de loin le meilleur morceau de l'album) et la trame rentre dedans de « Wrath » sont malheureusement contrebalancés par quelques passages minoritaires qui nivellent un peu le niveau par le bas. On a parfois l'impression que certains riffs un peu faciles ne sont là que pour faire du remplissage, ou servir de final peu inspiré, comme celui de Wrath qui laisse vraiment à désirer. Dommage également que « Voice Of Evil » qui ouvre l'album soit un morceau vraiment trop saccadé et trop mélodique, et que « Fallen » soit un mid-tempo beaucoup trop long et sans montée en puissance, malgré quelques bonnes idées par-ci par là. Reciprocal, malgré un contenu plus que convaincant laisse de mauvaises première et dernière impressions !
Un poil lacunaire mélodiquement parlant et un peu trop inégal, ce premier album des américains est pourtant très encourageant, laissant entrevoir un potentiel gigantesque. On peut regretter le relatif sous-emploi de Jeff Hughell, qui pourrait se faire plus présent (ce qui n'a rien à voir avec la production, absolument excellente), mais aussi et peut être surtout le fait que les trois titres de la démo, « Wrath », « Below » et « Aeons Of Ruination » soient les meilleurs de l'album avec le seul « Hopeless », qui reste une excellente surprise. Le plus inquiétant, au delà des quelques défauts précédemment évoqués, c'est que le Reciprocal de la démo de 2007 est au moins aussi bon que celui de l'éponyme. S'il y a matière à ce que le prochain album du groupe, déjà en préparation, puisse titiller les ténors du genre, pour l'instant le quatuor se contente de faire convenablement, sans vraiment se transcender. Il est évident que ce qui demeure un très bon album aurait pu être vraiment excellent, les californiens étant tous virtuoses et leur style demeurant assez original, mais la qualité intrinsèque de ce premier opus m'oblige à ne pas être trop sévère. Quiconque aime à la fois le brutal death technique et le brutal death plus sombre ne peut qu'apprécier cet album, à commander directement auprès du groupe. Si vous ne le faites pas... vous n'êtes que des... euh... petits canailloux !
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