En 2014, le monde incivilisé découvrait
BLOODY VIOLENCE et son guitariste branque
Igor Dornelles. Pourquoi branque ? Peut-être parce qu’il est de ceux qui ont poussé le concept de
shred jusqu’à ses limites dans un contexte purement
brutal death metal, l’EP «
Obliterate » étant la première carte de visite des Brésiliens.
Seulement trois titres pour quinze minutes, cela est largement suffisant pour s’apercevoir qu’il pourrait bien se passer un truc dans les années à venir avec cette formation, l’approche paraissant en totale rupture avec ce que l’on peut d’habitude entendre chez les groupes ultra techniques, la comparaison avec
BRAIN DRILL me semblant la plus proche tout en restant insatisfaisante. En effet, le
death de notre quatuor révèle deux visages : un brutal et somme toute pas si original que cela, à base de grosses rythmiques baveuses et des
growls imposants de
Cantidio Fontes (parti depuis), un second construit autour des démonstrations du guitariste dignes d’un
Mick Barr (
OCTIS,
ORTHRELM,
ENCENATHRAKH,
KRALLICE, etc.). Son jeu a sincèrement de quoi rendre complètement marteau (« Born to Squirm »), les boucles renforçant le côté totalement aliénant de la musique (« Purge »). Nous ne sommes pas tant sur des riffs complexes, c’est surtout que le type est en solo permanent, cela constituant
in fine la principale base rythmique des compositions. Par-dessus, il faudra encore ajouter la basse, le chant ainsi qu’un batteur bien énervé qui tartine à foison.
Le résultat est en revanche paradoxalement pas si brutal que cela, pourtant foncièrement dur à écouter du fait de cette sollicitation constante de l’attention à laquelle nous soumet le groupe. C’est un peu comme si, alors que vous seriez excessivement fatigué, une personne jactait sans cesse dans vos oreilles d’une petite voix stridente, déversant une logorrhée aussi perturbatrice que fascinante. Voilà toute l’ambivalence de cet EP, à la fois un rien révolutionnaire mais en même temps pénible par certains aspects, son originalité étant également ce qu’il pourrait y avoir de plus discriminant pour accrocher le plus grand nombre d’auditeurs.
Les choses ne s’arrangeront évidemment pas avec les deux albums qui suivront, d’abord «
Divine Vermifuge » puis peut-encore plus avec «
Host » mais les morceaux m’y paraissent surtout bien plus aboutis, notamment du point de vue de la structure,
Igor poursuivant ses expérimentations folles pour un résultat dans tous les cas foncièrement décapant, parfaitement singulier, voire assez unique dans un registre où l’on a quand même déjà enduré pas mal de choses. Il reste que les mecs savent tout de même doser leurs effets, à l’image du gros ralentissement en plein milieu de « Piece of Shit », ce genre de passages étant réellement salvateurs pour quiconque souhaiterait tenir la distance. Et si cet EP ne restera pas ma sortie favorite de la formation, il marque cependant l’avènement d’un style iconoclaste. Nous reparlerons bientôt de la suite…
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