Tiens, il y avait longtemps que je n'avais pas chroniqué un album de brutal death technique ! Alors je ne sais pas si c'est parce que le genre est tombé en désuétude après des années de flamboyance (rappelez-vous la grande époque des Decrepit Birth, Severed Savior, Odious Mortem, Spawn of Possession, Origin, Deeds of Flesh et compagnie) ou parce que je m'en suis quelque peu détourné pour privilégier des choses plus sombres et old-school, mais les chroniques du style se comptent sur les doigts d'une main de mon côté depuis déjà pas mal de temps.
Et ce sont les Japonais de Desecravity qui vont me permettre de remettre le pied à l'étrier avec leur dernier album
Anathema sorti en début d'année chez Willowtip Records. Pas des inconnus puisque l'on avait disséqué leur premier méfait
Implicit Obedience en 2012. Un album prometteur qui laissait entrevoir de belles choses malgré quelques défauts handicapants, notamment une batterie synthétique made in Rutan bien casse-burne. Pour je ne sais plus quelle raison, j'avais fait l'impasse sur le deuxième opus
Orphic Signs (2014). Peut-être bien ce même souci de production plastique en y repensant, en pire. Un extrait de ce troisième disque proposé par le regretté von_yaourt, sans m'estomaquer, avait tout de même titillé ma curiosité jusqu'à récupérer le promo. Une bonne idée finalement puisque ce
Anathema s'avère une franche réussite.
L'œuvre reprend en effet tous les bons points du premier longue-durée tout en gommant une partie de ses défauts. Alors oui, le son de batterie reste encore trop robotique/plastique/synthétique à mon goût mais plus supportable qu'avant. C'est un peu le style qui veut ça après tout et de toute façon, c'est toujours mieux que l'abomination de l'album de Vitriol. Notez aussi que c'est Dan Swanö qui s'est chargé du mix et du mastering. Du très bon boulot tant tout est clair et limpide. Ne vous fiez pas au titre du disque, rien à voir avec le groupe pour pleureuses. On a bien affaire à du brutal death technique, plutôt moderne, influencé par Origin, Cryptopsy et Gorod. Un compromis des plus convaincants et jouissifs entre technicité de haute volée et accroche immédiate. Ça bourre joyeusement par le biais notamment du batteur fou furieux Yuichi Kudode, compositeur et seul membre d'origine, qui balance les blast-beats en courtes salves intenses, les semi-blasts épileptiques voire quelques gravity-blasts frénétiques. Le rythme se veut effréné, avec des changements rythmiques incessants. Les guitares, toujours en effervescence, en ébullition, enchaînent à une vitesse folle les tremolos virevoltants plus ou moins sombres et les sweeps agiles. La basse n'est pas en reste et se montre très souvent à son avantage, bien audible malgré le chaos (maîtrisé) ambiant, un vrai régal. Quant au chant, si les vocaux du guitariste Yujiro Suzuki (parti depuis, remplacé au micro par le bassiste Daisuke Ichiboshi) se montrent assez classiques, il fait le taf en tenant bien le rythme imposé, contribuant ainsi lui aussi à la déflagration sonore de par son coffre imposant et l'apport de shrieks en superposition du growl à la manière d'un Origin, pour encore plus de puissance.
Tout ceci pourrait s'avérer difficile à suivre (il faudra d'ailleurs rester concentré pour assimiler toutes les subtilités de l'ensemble) mais la grande réussite de Desecravity est justement de rendre efficace ce qui pourrait passer au premier abord pour un sacré tohu-bohu. C'est que
Anathema n'en est pas un, en fait. Derrière la démonstration technique et la profusion de notes, les Japonais se révèlent surtout de très bons compositeurs. Les sept morceaux (plus une courte intro orchestrale, "Aeon and Ashes") ne sont en effet pas du tout des assemblages de plans sans queue ni tête qui vont partout et nulle part à la fois. Il y a toujours un fil conducteur qui permet à l'auditeur de s'accrocher et rester attentif pendant que le combo repeint les murs à la sulfateuse. Deux choses. Un groove quasi omniprésent grâce au talent du batteur et du bassiste, des plans de guitares catchy (miam l'intro de "Impure Confrontation" !) ou des riffs huileux headbangants, voire deux-trois breaks jazzy émoustillants ("Beheaded White Queen"). Et un feeling mélodique exemplaire de la guitare lead (tremolo, tapping, sweep ...), sans doute ce qui permet au quatuor de vraiment faire la différence. La durée limitée, à peine plus d'une demi-heure pour des titres assez courts de trois-quatre minutes, n'est pas non plus étrangère au passage finalement sans trop d'encombre de cette grosse pilule velue.
Le brutal death technique n'a plus trop la cote mais si on ne devait retenir qu'un album cette année, je mettrais bien une pièce sur ce fort sympathique
Anathema qui m'a fait replonger avec plaisir dans ce style que j'avais un peu mis de côté ces dernières années. Desecravity a su rectifier ses défauts principaux, jusqu'à cette pochette classe, de loin la plus réussie de ses trois opus. On pourra encore chipoter sur le son de batterie pas très naturel ou certaines séquences en deçà plus passe-partout ("Deprivation of Liberty" à 2'58, c'est Fear Factory ?!) mais devant l'offre famélique en BTDM, on évitera de trop faire la fine bouche. Clairement,
Anathema s'avère un bel aboutissement pour les Japonais qui proposent ici toute la panoplie du parfait petit guerrier du brutal death technique. De la vitesse, du blast, de la brutalité, de la technicité, du riff, de la basse, du groove, de l'efficacité et surtout, un vrai talent d'écriture et un vrai feeling mélodique qui placent les Asiatiques au-dessus de la mêlée. どうもありがとう
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