Origin - Antithesis
Chronique
Origin Antithesis
L'album le plus attendu de l'année pour les gros bourrins de Thrashocore (c'est-à-dire à peu de choses près 96% de ses chroniqueurs et lecteurs confondus) est enfin arrivé. J'ai beau avoir trois balles fichées dans le bras, des bouts de verres plantés un peu partout et une jambe cassée, je suis heureux d'avoir réussi à subtiliser la chronique de ce nouveau Origin au nez et à la barbe de mes camarades chroniqueurs, car même leurs violentes représailles à base de défenestration et de tir sur cible (« si tu vises l'opercule comment veux-tu que je… » dit la voix du lapin jaune toujours prompt à la boutade) n'auront pas freiné mon enthousiasme. Comme vous le savez sûrement déjà, ce nouveau Origin enterre sans sourcilier tout ce qui s'est fait en matière de brutal death technique jusqu'à présent.
Là où Decrepit Birth était passé de ce que les américains qualifient de « blasting death » à un death metal beaucoup plus mélodique tout en restant technique et brutal, Origin qui est l'archétype du « blasting death » est resté fidèle à son style qui n'a évidemment pas évolué d'un iota. En effet, pourquoi changer une recette qui a fait ses preuves ? Origin reste assurément l'un des groupes les plus brutaux et technique de la planète, et s'il fallait trouver quelque chose de nouveau sur Antithesis, il faudrait aller chercher du côté du line-up… et encore ! Car suite à Echoes Of Decimation, Clint Appelhanz et James King sont aller voir du côté de Unmerciful, laissant respectivement Jeremy Turner (un des membres fondateurs du groupe) et John Longstreth (qui entre temps a joué avec Dim Mak et Angelcorpse) revenir. Le line-up du groupe est aujourd'hui exactement le même que celui qui a servi à enregistrer Informis Infinitas Inhumanitas il y a déjà six ans !
Le moins que l'on puisse dire, c'est que le retour des brutes du Kansas va faire du bruit, dans tous les sens du terme ! Encore plus qu'avant, Origin joue la carte de la brutalité, et propose un death metal extrêmement dense au tempo qui ne faiblit jamais. Les vitesses atteintes sont exceptionnelles non pas en soi mais par le fait qu'il n'y a aucun temps mort dans sept des neufs morceaux qui composent ce Antithesis (« Void » n'étant qu'un interlude atmosphérique). Jugez plutôt : hormis les passages mid-tempo (oui, vous avez bien lu) des morceaux « Ubiquitous » et « Antithesis », aucun passage n'est en dessous du 240, la plupart des riffs tournant entre 250 et 260, avec des pointes à 270, 280, voire même au-delà. Métronome en main et écoutes attentives à l'appui, de savants calculs à base de moyenne pondérée et d'algorithmes compliqués (bon en fait je l'ai fait à la louche) m'ont permis de savoir que le tempo moyen de cet album est de 240 et que Longstreth frappe environ 25000 fois sa double grosse caisse en un peu plus de 41 minutes.
Et parlons-en de la performance des musiciens, car elle est juste exceptionnelle. Entre Longstreth qui a un jeu à la fois varié, fluide et massif, Turner et (surtout) Ryan qui placent des lignes de sweep à une vitesse hallucinante et Flores qui place toujours autant de lignes de tapping avec sa basse, il y a de quoi halluciner. Et l'on hallucine encore plus quand on sait que tout cela est joué à une vitesse incroyable, et que tous sauf Longstreth se chargent de faire les voix ! Il ne faudrait d'ailleurs pas oublier celui qui est ni plus ni moins que le meilleur vocaliste du death metal, à savoir James Lee avec son coffre qui a encore plus de contenance que le Bagage (Terry Pratchett inside) et ses placements vocaux toujours aussi parfaits. Vous l'aurez compris, Antithesis ne se contente pas d'être techniquement irréprochable, il envoie aussi tous les critères de technicité connus sur orbite.
Je vois venir les éternels rabats joie à plusieurs kilomètres : oui la technicité ne fait pas tout, même dans le brutal death technique. Mais Origin ne se contente pas d'une démonstration stérile : chaque ligne de sweep, chaque tapping, chaque gravity blast ne fait que mettre en valeur l'extrême brutalité et le génie des compositions du groupe. Dans un genre similaire, Brain Drill en met beaucoup plus partout, au risque de se perdre en chemin, alors que Origin file droit et ravage tout sur son passage. Antithesis est la démonstration ultime que « technicité » rime aussi avec « vélocité », « brutalité », « riffs accrocheurs », et « chef d'œuvre ».
Certains préfèreront peut être Echoes of Decimation à Antithesis, et c'est compréhensible. Il faut dire que là où Echoes Of Decimation était très aéré et lisible, Antithesis se fait beaucoup plus dense, plus sombre, et se rapproche plus de Informis Infinitas Inhumanitas. La faute est imputable à deux choses.
Tout d'abord, John Longstreth a un jeu beaucoup moins discipliné que celui de James King et en met vraiment partout là où King se « contentait » de faire des successions de roulements et gravity blasts en matraquant sa grosse caisse. D'aucuns préfèreront donc le jeu de batterie sur Echoes Of Decimation, et je ne suis moi-même pas loin d'être de ceux là.
Mais la chose qui différencie vraiment les deux opus, c'est tout simplement la production. Sur Antithesis en effet, la production est assez peu espacée, très compacte, et participe à l'effet bulldozer que l'on ressent tout au long de l'album. Est-elle plus mauvaise pour autant ? Je ne le pense pas car elle se dévoile réellement à haut volume, à tel point que l'on peut bien plus facilement percevoir les lignes de basses de Flores sur cet album que sur Echoes Of Decimation.
En définitive, ce nouvel album d'Origin a vraiment très peu de défauts, il jouit d'une durée respectable (42 minutes) contrairement à Echoes Of Decimation et ses ridicules 26 minutes, et comporte certains des meilleurs titres du groupe avec « The Aftermath », « Wrath Of Vishnu », « Finite », « The Beyond Within », et le très surprenant « Antithesis » de plus de neuf minutes que je vous laisse le soin de découvrir.
Le seul problème, c'est que tous les morceaux que je viens de citer ont été écrits par Paul Ryan, et sont ceux qui à mon humble avis sortent vraiment du lot, les autres restant tout de même excellents. Alors sans vouloir dénigrer un seul instant le travail déjà exceptionnel de Jeremy Turner, je me dis que Antithesis aurait pu être tout aussi immédiatement accrocheur que Echoes Of Decimation si Ryan avait participé à la composition de tous les morceaux.
Mais bon, on ne va bouder notre plaisir, car si Antithesis est moins immédiat que son prédécesseur direct, il est à la fois plus profond, plus complexe, jouit d'une meilleure durée de vie, et est à mon humble avis un meilleur album. Si j'ajoute à ça une couverture et un livret magnifiques, je ne vois vraiment pas comment vous pourriez ne pas courir l'acheter, à moins d'être allergique au genre. La preuve est faite : quand on réunit les meilleurs musiciens du death metal américain, on obtient bien l'un des albums les plus hallucinants que le nouveau continent nous ait donné d'entendre.
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