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Cenotaph - Perverse Dehumanized Dysfunctions

Chronique

Cenotaph Perverse Dehumanized Dysfunctions
Non, Cenotaph n'est pas mort. Avec l'arrivée d'une horde de nouveaux groupes turcs pas des plus finauds, on en aurait presque oublié l'existence de ces vétérans dont le dernier album Putrescent Infectious Rabidity remonte à 2010. C'était sans compter sur l'abnégation du chanteur fondateur Batu Çetin qui a renouvelé le line-up du combo dès 2011 avec l'arrivée d'un nouveau guitariste, Erkin Öztürk (Decimation, Rektal Tuşe), et d'un nouveau batteur, Alican Erbaş (Rektal Tuşe) avec lesquels il livre enfin un nouveau disque, complété par le bassiste de session russe Anton Zhikharev (Neurogenic, Back Door To Asylum, Posthumous Blasphemer, Fleshbomb). Perverse Dehumanized Dysfunctions, nommé dans la plus pure tradition du gros brutal death dégueulasse et illustré de la même façon par la magnifique pochette de Toshihiro Egawa, est ainsi sorti cet été sur différents labels, notamment Sevared Records, réputé pour sa roster poétique et sa distro pleine de combos philosophiques plus ou moins intéressants.

Sauf que là, on est dans le haut du panier du brutal death US. Alors oui il n'y a plus le génial Lille Gruber (Defeated Sanity) au tam-tam, ce qui m'a d'ailleurs retardé dans l'écoute de ce nouveau disque, échaudé que j'étais par une telle perte. Mais c'est tout comme! Son remplaçant présente en effet un jeu similaire, au son naturel délectable, fait de changements de rythme incessants, de grosse double, de groove indécent, de breaks techniques, de feeling jazzy sous-jacent et de bonnes grosses rafales de blast-beats. Bien plus d'ailleurs que ce que nous propose l'Allemand sur les derniers méfaits de Defeated Sanity et sans semi-blasts ploc-ploc! Me voilà rassuré! D'autant que si le batteur démonte tout derrière son kit, faisant oublier son prédécesseur renommé, les autres s'avèrent tout aussi déchaînés. Foutre Satan, qu'est-ce que ça bourre! Tellement jouissif que je finis toujours mes écoutes par terre en PLS, la bave aux lèvres avec un rictus de plaisir psychopathe. Un bon signe chez moi!

C'est qu'ils ont fait fort les salauds! Déjà, la production est maousse costaud, d'une puissance et d'une brutalité jubilatoires sans sonner plastique comme bon nombre de formations de brutal death d'aujourd'hui. Et puis niveau cordes, ça garde pas ses doigts dans son cul! Le bassiste de session est un véritable poulpe, à la manière d'un Jacob Schmidt, et le nouveau guitariste impressionne par son riffing, sa profusion et sa technicité malgré sa tendance à abuser des harmoniques sifflées qui font mal aux oreilles (ils font un concours avec Malignancy ou quoi?!). Cenotaph devient d'ailleurs de plus en plus technique. Pas le brutal death technique à la Spawn Of Posession qui gazouille mais le brutal death technique à l'américaine, entre le gras putride étouffant d'un Disgorge et la rapidité d'exécution radicale d'un old-Deeds Of Flesh. Cenotaph n'est désormais plus très loin de Defeated Sanity en termes de qualité et de maîtrise. Ça change de riff et de rythme toutes les cinq secondes, même si les plans réapparaissent tôt ou tard, ça sort des breaks assez complexes, ça combine les lipides et les vitamines, ça dissone parfois et ça sait instaurer une vraie atmosphère (chose rare pour du brutal death US), suffocante, nauséabonde, vicieuse et barbare voire menaçante comme sur le plus ambiancé "Antagony Of Embriotomia" basé sur un rythme lancinant, seul morceau plus "soft" des huit que compte Perverse Dehumanized Dysfunctions. Ça groove méchamment aussi, avec un petit côté slammy sur certains breaks, toutefois moins que Defeated Sanity qui a augmenté la dose sur ces dernières sorties. Cenotaph lui, n'a pas décidé de lever le pied et bourre plus que jamais, enchaînant les plans plus bœufs les uns que les autres. Et ce n'est pas Batu Çetin qui va calmer les choses. Son growl gras et glaireux insuffle encore plus de puissance à la musique du combo d'Ankara. Pas comme si elle en avait besoin mais c'est du plaisir en plus. On passera par contre sur les petits gargouillis bas de gamme. Les grouinements porcins sur "Perverse Dehumanized Dysfunctions" sont eux plutôt rigolos.

Enfin "rigolos", façon de parler! Parce que ça ne rigole pas du tout chez Cenotaph, toujours plus brutal et technique. Un retour fracassant pour les vétérans turcs du brutal death qui sortent là leur meilleur album à ce jour. Il est vrai qu'on ne retient pas grand chose tant ça a la bougeotte et que ça avoine de partout. Mais c'est ce qui rend ce Perverse Dehumanized Dysfunctions aussi jouissif. Le surplus d'harmoniques sifflées gave un peu par contre et la fin de "Dismembered Unborn Species" qui tourne en boucle dure trop longtemps. Sinon c'est du tout bon sur cette galette qui ravira les fans de Defeated Sanity, Disgorge, Suffocation, Deeds Of Flesh et de brutal death US en général. Un genre saturé de bouses sans intérêt qui m'a fait m'en éloigner de plus en plus alors c'est d'autant plus réjouissant quand on tombe enfin sur un truc top. Pas besoin de mettre les mains dans la merde, on écoute, on compare, on trie et on sélectionne pour vous. Ne nous remerciez pas, c'est nos tafs!

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Cenotaph
Brutal Death
2017 - Sevared Records
notes
Chroniqueur : 8/10
Lecteurs : (3)  8.17/10
Webzines :   -

plus d'infos sur
Cenotaph
Cenotaph
Brutal Death - 1993 -
  

tracklist
01.   Rancid Gluttonous Morbid Obesity  (03:41)
02.   Asphyxiated Embryonic Abnormalities  (02:48)
03.   Parasitic Worms - Prenatal Cranial Deformation  (03:11)
04.   Syndromes Of Deadly Endogenous Intoxication  (04:15)
05.   Antagony Of Embriotomia  (04:19)
06.   Multi-Organ Failure Epidemie  (03:10)
07.   Dismembered Unborn Species  (04:35)
08.   Perverse Dehumanized Dysfunctions  (04:47)

Durée : 30:46

line up
parution
8 Juin 2017

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