Cenotaph - Putrescent Infectious Rabidity
Chronique
Cenotaph Putrescent Infectious Rabidity
J'avais toujours considéré Cenotaph comme un énième clone de Disgorge, ce pourquoi je n'avais jamais fait l'effort d'écouter plus que ça. Et puis quand je pense à Cenotaph, c'est plutôt les Mexicains qui me viennent à l'esprit et non les Turcs. Mais quelque chose a changé qui m'a poussé à m'intéresser à ce cinquième album des vétérans (formés en 1994 tout de même!), Putrescent Infectious Rabidity, le premier pour Sevared Records. Pas la pochette monstrueuse de Toshihiro Egawa, non (quoique!?), mais plutôt l'arrivée de ce qui se fait actuellement de mieux en matière de batteur brutal death, j'ai nommé Lille Gruber de Defeated Sanity.
Ai-je bien fait? Oui, car sans être l'album de l'année, Putrescent Infectious Rabidity est un sacré morceau de brutal death et une vraie bonne surprise. Par contre, il faut vraiment s'accrocher pour comprendre, assimiler, et retenir ce qu'il se passe. Cenotaph compose des morceaux courts, souvent 2-3 minutes, mais qui donneraient la nausée au mieux entraîné des astronautes tant les changements de rythme sont nombreux. Bref, les Turcs ne tiennent pas en place et ça bouge tout le temps, en bons héritiers de l'école américaine Suffocation/Disgorge/Deeds Of Flesh. La durée ultra courte de l'album (moins d'une demie-heure) apparaît alors comme un bien plutôt qu'un mal. Dans cette tornade de brutalité toutefois, Cenotaph arrive à dégager un groove salvateur, notamment par quelques passages bien gras typés slam parts ("Schizoid Acts Of Mental Defloration" à 1'56, "Consumed By Embryophagy" à 1'06, "Embalming Maggotized Aborticide (Obscure Perspectives Of Forensic Entomology)" à 2'15, "Paroxysmal Mutation" à 1'00...) ou une utilisation intensive d'harmoniques sifflées à rendre jaloux Malignancy. Cenotaph pourrait à nouveau venir de l'autre côté de l'Atlantique et pour le prouver une dernière fois, Batu Çetin ne fait pas dans l'opéra avec des vocaux ultra gutturaux incompréhensibles dans la plus pure tradition du style mais qui malheureusement tirent Cenotaph vers le bas.
Quel intérêt alors à ce Putrescent Infectious Rabidity si on reste dans le classique de chez classique, qu'il est difficile de retenir quoi que ce soit tant le groupe a la bougeotte et que la voix soûle plus vite que de la vodka frelatée? Au delà d'un groove efficace et d'une brutalité assez jouissive, on note une volonté de composer des riffs un peu plus intéressants et inspirés que la moyenne ("Schizoid Acts Of Mental Defloration" à 1'05, "Embalming Maggotized Aborticide (Obscure Perspectives Of Forensic Entomology)" à 2'56, "Putrescent Infectious Rabidity" à 1'00, etc.). Ce n'est pas encore la panacée mais ça passe déjà bien mieux que la plupart des groupes de brutal death bas du front sans aucun sens de la composition et qui ne sont là que pour bourrer comme des cons. Mais surtout, il y a deux autres choses qui démarquent Cenotaph. Sur "Menstrual Dismemberment", "Gorenographic Pervert Victimology" et surtout l'excellent final "Embryobscure Hypnosis/Womb Of Decay", le combo d'Ankara essaye de ralentir le tempo, de calmer le jeu et d'instaurer une vraie ambiance sombre. On est même presque dans la mouvance orthodoxe sur l'outro avec un chant enfin intéressant, plus malsain, torturé et dégénéré. A mon avis, il y a ici quelque chose à creuser. L'autre atout phare de Putrescent Infectious Rabidity, c'est évidemment Lille Gruber. A vrai dire, je n'en attendais même pas autant. Son jeu atypique et désormais bien reconnaissable donne logiquement un petit air de Defeated Sanity à Cenotaph mais la performance de l'Allemand est bien plus impressionnante sur cet album. La batterie ayant été enregistrée au même studio berlinois que sur le dernier attentat des Teutons, on reprochera un manque similaire de puissance et d'impact mais elle bénéficie au moins d'un son naturel très sec, une qualité de plus en plus rare de nos jours en raison d'une surenchère ridicule faisant figure de concours de bites. Et puis le potentiel de Lille est bien mieux utilisé ici même si en terme de composition, les Turcs sont encore loin de rattraper les Allemands. Frustré de l'entendre si peu blaster sur Chapters Of Repugnance, je peux vous dire que là j'ai été servi tant le bonhomme s'en donne à coeur joie! Et puis vas-y que je te colle des contre-temps inattendus, des rythmiques originales et un feeling jazzy (miam miam l'intro de "Pustulation With Swarming Insectoids" avec cette basse bien audible), le tout cohabitant avec la panoplie habituelle blasts/semi-blasts/gravity typique. C'est à la fois technique, brutal, catchy, inspiré et personnel. Du grand art!
Putrescent Infectious Rabidity aurait été une excellente surprise s'il n'y avait pas ces gargouillis inintelligibles qui tiennent lieu de chant. Au lieu de cela, on a un album vraiment bon, ce qui est déjà pas mal, mais un peu frustrant vu le potentiel affiché. Parce qu'avec un Lille Gruber au sommet de son art et un Cihan Akün qui essaye de se dégager de la masse par des riffs plus travaillés et des passages ambiancés bienvenus, Cenotaph peut aller loin. Amateurs de pilonnage intensif non dénué de groove et de groupes tels que Disgorge, Malignancy ou Defeated Sanity, ce Putrescent Infectious Rabidity vous tend les bras.
| Keyser 13 Septembre 2010 - 2444 lectures |
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