Dans la famille des albums qu'on pensait ne jamais voir le jour, je demande
Arisen New Era de Kronos. C'est qu'on l'a attendu celui-là! Pourtant, après le succès de
The Hellenic Terror en 2007, tout semblait aller pour le mieux chez les Français. Le groupe avait même signé sur Neurotic Records, label encore bien vivant et au top à cette époque. Mais tout un tas d'événements n'a fait que reculer la sortie d'un nouvel opus. Pas des moindres, les départs du chanteur Kristof et du batteur Mike, remplacés respectivement par Trivette de Diluvian et Anthony Reyboz (ex-Carnage Of Children, ex-Gorod (live), ex-Destinity (live)), ce dernier ayant vu d'abord Quentin Regnault (ex-Dysmorphic) s'asseoir derrière les fûts. Plus de huit ans après
The Hellenic Terror, nous y voilà enfin. Le nouveau Kronos est là, même si le titan a quelque peu changé de visage. Et c'est sur Unique Leader que le quintette vosgien livre le bien-nommé
Arisen New Era qui faisait fantasmer tous les fans de brutal death de France et de Navarre quand sa sortie que l'on n'espérait plus fût annoncée.
Il faut dire que rien que la superbe pochette faisait saliver! Encore mieux, j'avais pu entendre trois nouveaux morceaux au Neurotic Deathfest en avril dernier dans des conditions sonores optimales (bien meilleures qu'au Hellfest 2014 en tout cas) qui avaient su me convaincre sans peine. Il ne faisait donc aucun doute pour moi que le nouveau disque de Kronos allait être une grosse tuerie. Ce qu'il n'est malheureusement pas, ce qui m'a beaucoup surpris. On peut même parler de déception pour un groupe qui nous avait habitué au top, surtout sur son dernier méfait. Il faut croire que l'interminable gestation de l'œuvre aura causé sa perte!
Bon ok, j'y vais un peu fort. Si je reste toujours assez déçu de l'album après une bonne vingtaine d'écoutes, il ne sert à rien d'exagérer les choses.
Arisen New Era est loin d'être un fiasco. Il vaut même bien mieux que la plupart des sorties du genre. Et je suis sûr que beaucoup s'en contenteront, le fan lambda de brutal death n'étant pas connu pour son exigence poussée. Deux composantes devraient d'ailleurs suffire. La production s'avère ainsi des plus puissantes et claires, idéale pour le style. De quoi donner tout l'impact nécessaire aux blast-beats pour faire trembler l'Olympe. Car Kronos reste une formation qui ne fait pas dans la dentelle, noyant l'auditeur sous un déluge de blasts jouissifs. Les Vosgiens ont également conservé des traces de groove entre deux salves afin d'éviter trop de redondance et accentuer l'efficacité.
Arisen New Era est donc un album à la grosse production qui bourre, sans être dénué de groove. La base est là.
C'est en allant au-delà des artifices grosse prod plus gros blasts que l'on s'aperçoit des défauts de ce quatrième full-length. La force de
The Hellenic Terror, c'est qu'il dégageait un côté impérial, un souffle épique prenant. Bref, il en imposait grave! Si
Arisen New Era possède aussi des qualités, on ne ressent pas cela à son écoute. Il se montre plus banal et manque de panache. La faute à un riffing très correct mais clairement moins inspiré qu'avant. Il n'est ainsi pas rare de croiser des riffs génériques étonnants pour du Kronos. Ça bourre un peu dans le vent parfois, syndrome du brutal death moderne. Heureusement, le combo vaut mieux que la plupart et a su garder un feeling mélodique intéressant qu'il a même développé ici. On sent d'ailleurs de temps à autre une petite évolution d'un brutal death à la polonaise, la base du style du groupe, vers un brutal death plus technique ("Purity Slaughtered", "Hellysium") et donc plus mélodique, l'effet Unique Leader peut-être. Pas forcément un problème à l'écoute des excellents solos, l'une des réussites de l'œuvre qui rehausse son intérêt. Cela ne suffit pas cependant, les belles envolées mélodiques ne pouvant pas masquer certains errements. Il est évident que les remplaçants, même s'ils font ici du bon boulot, n'ont pas pu faire oublier leurs prédécesseurs. À commencer par le chant. Trivette, malgré un growl convaincant, n'a ainsi pas le même coffre que Kristof qui dégageait une puissance phénoménale. Ses shrieks s'avèrent en plus assez poussifs. Quant au nouveau batteur, il fait le job, balançant les blasts à tour de bras, mais on reste loin de la versatilité du jeu de Mike.
Voilà le problème de
Arisen New Era.
The Hellenic Terror est passé par là et la comparaison n'est pas à l'avantage de ce nouvel album. Tout est moins bien ici. Riffs moins inspirés, manque d'une vraie ambiance, chant plus convenu, Kronos rétrograde quelque peu. Après un tel temps d'attente, c'est forcément décevant de la part d'un des fleurons du brutal death français qui entame cette année sa troisième décennie d'existence. Cela dit, tout n'est pas à jeter, loin de là, et on trouvera sans peine quelques motifs de satisfaction comme le niveau de brutalité, toujours assez intense, ou le feeling mélodique approfondi qui se matérialise dans des solos de grande classe. Car, soyons clairs, si
Arisen New Era déçoit pour du Kronos, l'album conserve plusieurs niveaux d'avance sur la majorité des sorties du genre. Si tous les groupes savaient composer des titres comme "Infernal Abyss Sovereignty", morceau d'ouverture qui ne rigole pas (à part ces espèces de scratches à 1'39, grosse faute de goût!), "Zeus Dethroned", "Klymenos Underwrath", "Aeons Titan Crown", "Brotherlords" ou "Purity Slaughtered", le brutal death se porterait bien mieux! D'où mon tiraillement entre déception pour un combo de ce calibre et album réussi pour du brutal death. On mélange le tout et ça nous donne quand même un 7/10 pas dégueulasse!
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