Quoi de neuf chez ABORTED ? Comme d’habitude, son line-up ? Allons bon, comme si ça vous chagrinait tant que ça, les mouvements de personnels au sein de l’internationale du brutal death, revenue en grâce avec un enchaînement « Coronary Reconstruction/Global Flatline » de fort bon aloi. Du moment que Sven est fidèle au poste, la confiance règne quand au bien fondé des nouvelles recrues. Ken Bedene toujours au charbon derrière le kit, on accueillera comme il se doit le duo de gratteux Mendel Bij De Leij (SYSTEM DIVIDE) et Danny Tunker (ex-GOD DETHRONED et PROSTITUTE DISFIGUREMENT). Par contre, si Jacob Hansen remet ça pour ce déjà 8ème album, la production se fait à la fois plus puissante et intelligible, presque chaleureuse. Les amateurs de gros grain qui tâche et de sonorités UG en seront donc pour leurs frais car aussi brutal qu’il soit, « The Necrotic Manifesto » prend tous les atours d’un bon vieux blockbuster des familles.
J’en entends quelques uns pester contre dame mastering sans âme et monseigneur prod en plastique mille fois de sortie mais patience ! Le choix se justifie d’autant plus que malgré toutes ses qualités,
« Global Flatline » finissait par mettre à rude épreuve des tympans déjà suffisamment martyrisés par le retour en force des géniteurs de l’imparable
« Goremageddon ». Vous allez me dire, si ça cause artifices et mise en forme dès les premières lignes de la chronique, c’est qu’on à affaire à du ABORTED classique de chez classique. C’est tout à fait le cas et par quelque bout de gras qu’on le prenne, « The Necrotic Manifesto » suinte le ABORTED que l’on aime par tous les pores ; en deux blasts trois éructations, on est chez nous ! Des riffs qui ruinent jusqu’aux fondations de tout ce qui a le malheur de faire actuellement plus de six étages en Ukraine, un homme à la baguette si pressé de balancer des pains qu’il ne laisse à peine le temps à ses comparses de brancher leurs amplis (« The Davidian Deceit »), un Svencho en état de graisse alternant à merveille growls et chant d’écorché vif dans un style inimitable, sans oublier des samples de films d’horreur/films débiles/films d’horreur débiles (« Six Feet Of Foreplay ») pour attaquer les méninges des cinéphiles avertis. En apparence, rien dans la forme ni le fond ne différencie grandement cette nouvelle déflagration des précédentes. Pourtant, passé une première approche rassurante mais sans surprise, l’album révèle peu à peu son véritable potentiel. Vous trouviez que
« Global Flatline » manquait de hits évidents à vomir sur le trône ? Sur ce point, « The Necrotic Manifesto » fait fort avec un niveau de jeu moyen extrêmement élevé, des cartons irrésistibles qui font mouche dès la première écoute (« The Davidian Deceit », « Purity Of Perversion », un title track vraiment monstrueux) et le minimum de variété requis pour éviter l’écueil de l’avoine sans partage. On trouve donc de tout ici, que ce soit en terme de fréquence (les joyeusement expéditives « The Extirpation Agenda » et « Your Entitlement Means Nothing »), d’ambiance (la doomy « Die Verzweiflung », une « Cenobites » sonnant le glas de la race humaine) ou de tempo, comme sur une « Coffin Upon Coffin » que n’aurait pas renié IMPALED. CARCASS-like, puisqu’on en parle, voilà bien une étiquette qu’on ne leur accole plus depuis longtemps tant ABORTED s’est forgé une identité propre depuis bon nombre d'années. Retour d’entre les morts des Anglais ou pas, l’entité brutale belge trace donc son sillon sans se soucier de la concurrence en donnant, comme souvent, le meilleur d’elle-même.
On a assez craché dans la soupe
« Strychnine 213 » pour ne pas reprocher au groupe de ne pas changer de formule. Dans ce contexte d’affirmation d’un style ayant fait ses preuves, qu’est-ce qui peut bien justifier l’investissement pour les sympathisants de longue date ? Si ceux qui font connaissance avec ABORTED fonceront tête baissée devant pareille démonstration de force, aux autres, on brandira l’étendard soli de tueurs comme on en a rarement entendu sur ces terres. Si « The Necrotic Manifesto » se distingue de ses prédécesseurs, c’est donc sur ce point : jamais la balance entre mélodie et coups de semonce rythmique n’avait trouvé pareil point d’équilibre. Toujours inspiré, rarement à court d’idée (on a vite fait le tour de « Die Werzeiflung » et l’opener manque d’un second souffle pour réellement convaincre), ABORTED alterne donc avec une maîtrise bluffante sessions de baston de haut rang et quelques sublimes envolées de guitares qu’on n’attendait pas aussi héroïques (« Purity Of Perversion », « An Enumeration Of Cadavers », « The Necrotic Manifesto »). Ajoutez à cela le quota de riffs vicelards qui sied parfaitement à leur univers d’arrière salle de boucher, un caméo bien rance de Phlegeton (WORMED) sur « Excremental Veracity », une intensité de tous les instants même sur les séquences lourdes (le refrain du morceau titre, d’une rare puissance) et vous obtenez le meilleur album d’ABORTED post-
« The Archaic Abattoir ». Jusqu’au prochain ?
2 COMMENTAIRE(S)
22/05/2014 12:25
19/05/2014 19:26