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Machine Head - The Burning Red

Chronique

Machine Head The Burning Red
Le Neo-Metal a été sur plus d’un point une catastrophe absolue voire même une calamité internationale, cependant si quelques rares formations ont su s’en éloigner pour créer leur propre style et poursuivre leur route hors des sentiers battus (DEFTONES y a toute sa place), d’autres au contraire ne l’ont jamais lâché et tentent encore aujourd’hui de maintenir en vie cette certaine vision musicale. Mais au milieu de tout ça on peut citer une troisième catégorie qui a fait le choix d’un virage à 180° pour le rejoindre alors que rien ne le prédestinait… si ce n’est pour suivre le mouvement et retourner sa veste pour être opportuniste (comme l’a si bien chanté Jacques Dutronc). C’est le cas de MACHINE HEAD qui après une doublette magique « Burn My Eyes » et « The More Things Change … » a décidé de changer radicalement de registre et de personnel, car Logan Mader a quitté le navire remplacé par l’inconnu Ahrue Luster qui va emmener le quartet vers de nouveaux horizons musicaux et stylistiques, tout comme le dézingueur Ross Robinson désormais aux manettes. Si on doit à Colin Richardson le son des deux premiers opus des californiens, ceux-ci ont décidé de faire appel au maître incontesté du son Neo et cela va s’entendre rapidement, exit le gros volume et place à un chant plus en avant, des rythmiques sautillantes, une production calibrée sans tâches et légèrement étouffée, le tout sans gros riffs ni parties rapides qui se sont hélas envolées. Outre cette nouvelle orientation complètement éloignée de ce qu’avait fait le combo jusqu’alors, ce qui va d’autant plus choquer les fans de la première heure c’est leur style vestimentaire totalement improbable où l’on voit notamment Robb Flynn en blondasse peroxydée agrémenté d’un survêtement rouge/orange du plus bel effet, et d’un Dave Mc Clain qui multipliera les teintures colorées et un look global improbable. D’ailleurs tout ce beau monde aura l’occasion de l’étaler en direct sur Canal + dans « Nulle Part Ailleurs » (période Philippe Vecchi et Alexandre Devoise), pour interpréter un « From This Day » tout foireux et bourré de clichés du genre, où l’on voit le groupe en mode kangourou sautiller sur place ainsi qu’un batteur arborant une coupe de cheveux couleur léopard venue d’ailleurs, ce qui aurait fait hurler Cristina Cordula si elle avait été présente ce soir-là.

Cherchant à surfer sur la tendance actuelle le quatuor espérait ainsi rameuter de nouveaux fans, cela a marché en partie mais il en a en contrepartie perdu beaucoup d’autres (et ils mettront du temps à revenir, vu que ce n’est pas « Supercharger » qui changera la donne), cela étant flagrant lors du concert au Zénith parisien à l’occasion de cette tournée où la moyenne d’âge avait franchement baissé par rapport à leur précédent passage. Pourtant si on veut essayer d’être objectif tout n’est pas à jeter dans ce troisième album des américains, la première partie tenant à peu près la route et offrant de la musique sympathique comme « Desire To Fire » bondissant et agréable, « Nothing Left » au schéma un peu similaire mais qui passe relativement bien ou « Silver » très mélodique à la limite du larmoyant. Cependant il faut bien reconnaître que dans tout cela on a l’impression d’entendre (à juste titre) les mêmes parties de guitare et un jeu de batterie minimaliste dont les plans semblent être presque du copier-coller et interchangeables. Pourtant au milieu du lot se détache “le“ classique à savoir « The Blood, The Sweat, The Tears » qui reste encore aujourd’hui l’un des seuls moments de cette galette à avoir droit à une présence régulière sur scène, tout ça grâce à son enthousiasme contagieux et un côté “moderne“ moins prononcé que sur le reste des compositions. Cela marquait d’ailleurs la fin des réjouissances car la seconde moitié va être une longue et inexorable chute vers l’ennui et la médiocrité qui débute par « Exhale The Vile » qui se contente de répéter le même plan pendant trop longtemps et surtout dans le vide, comme « Devil With The King’s Card » qu’on a envie de zapper au plus vite… et tout ça sans compter les chiantissimes « I Defy » ou « Five » qui n’apportent rien et traînent trop en longueur sans jamais décoller. Mais alors qu’on croyait avoir touché le fond le summum est atteint avec la reprise du classique de THE POLICE « Message In A Bottle » qui était prometteuse lors de son introduction toute calme et posée, mais qui malheureusement dès que le rythme monte en pression patauge totalement et on sent que les mecs n’ont pas su comment terminer leur propre version. Finalement la seule bonne surprise est le morceau-titre qui conclut les débats et qui se différencie du reste par sa grande mélodie et sa tristesse affirmée, heureusement on est très loin de la power-balade kitch et ridicule et ici le chanteur confirme qu’il sait maîtriser sa voix sur les ambiances très calmes. Et même si la conclusion s’éternise inutilement il n’en reste pas moins qu’on est agréablement étonné par cette ultime plage, qui sonne comme un baroud d’honneur d’un disque qui a marqué son époque mais pas pour les bonnes raisons.

Malgré le temps et l’énergie consacrée pour mettre son œuvre sur pied la bande a raté son coup et sa cible avec une réalisation bancale et cédant trop souvent à la facilité, où l’énergie des guitares est remplacée par un Robb Flynn déclamant ses textes de manière trop pompeuse. Celui-ci se la jouant en effet rappeur des beaux quartiers mais n’arrivant pas à avoir un flow suffisamment puissant et intéressant pour concurrencer les grands noms du Hip-Hop… trouvant même le moyen de fatiguer l’auditeur le plus tolérant par cette radicalité artistique très marquée par la mode de l’époque. Sans être le fiasco total qu’on a pu l’entendre et le lire lors de sa sortie, il n’en reste pas moins que plus de deux décennies après sa création « The Burning Red » n’a toujours pas été réhabilité totalement, et reste considéré encore maintenant comme l’album le plus poussif et raté des mecs d’Oakland (même si « Catharsis » n’en est pas très loin), car même son pourtant contesté et contestable successeur sera d’un niveau supérieur… c’est dire !

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7 COMMENTAIRE(S)

Neuro citer
Neuro
30/07/2021 09:33
Jean-Clint a écrit : Caïn Marchenoir a écrit : Bon, cela dit, ils n'ont pas été les seuls à cette période.

Ta phrase m'a rappelé que Stéphane Buriez en avait fait de même avec CLEARCUT, là-encore un chef-d'oeuvre ! Mr Green


Je ne connaissais pas ce projet, mais les photos promo de l'époque en disent long oui. Enfin ça n'est pas nouveau malheureusement, j'ai le souvenir d'un petit article sur la période où Saxon a voulu surfer sur la vague glam, avec tout le groupe grimé en mauvaise copie de Poison. Mais bon, quand il faut vendre hein...
DARKFACHOR citer
DARKFACHOR
29/07/2021 21:55
note: 2/10
Album acheté à l'époque (j'étais jeune et con)...
J'ai encore le boîtier, mais plus le CD, que j'avais bazardé de colère par la fenêtre !
Et dire que c'est presque écoutable comparé à Catharchiotte ou j'sais plus quoi là...
Caïn Marchenoir citer
Caïn Marchenoir
29/07/2021 16:26
Jean-Clint a écrit : Caïn Marchenoir a écrit : Bon, cela dit, ils n'ont pas été les seuls à cette période.

Ta phrase m'a rappelé que Stéphane Buriez en avait fait de même avec CLEARCUT, là-encore un chef-d'oeuvre ! Mr Green

Oui, tout le monde a l'air d'avoir oublié ce groupe, quand on voit que le sieur Buriez a fait il y a quelques années des masterclass histoire du metal dans des smac, ça fait sourire au niveau street cred.
Sulphur citer
Sulphur
29/07/2021 12:24
Caïn Marchenoir a écrit : Parce que les gens ont le droit de savoir.

Je ne le discute pas. Cet album représente en partie ce qu'était la scène à cette époque. Et il y aura encore des gens pour l'apprécier aujourd'hui. Mais vous vous faites du mal.
Jean-Clint citer
Jean-Clint
29/07/2021 11:43
note: 4/10
Caïn Marchenoir a écrit : Bon, cela dit, ils n'ont pas été les seuls à cette période.

Ta phrase m'a rappelé que Stéphane Buriez en avait fait de même avec CLEARCUT, là-encore un chef-d'oeuvre ! Mr Green
Caïn Marchenoir citer
Caïn Marchenoir
29/07/2021 10:13
Sulphur a écrit : Ah je déteste cet album. Pourquoi sortir cette chose du placard ?

Parce que les gens ont le droit de savoir.

Je n'ai jamais pu passer les photos du groupe à l'époque, ça puait tellement l'opportunisme musical. Bon, cela dit, ils n'ont pas été les seuls à cette période. Mais comment peut-on sortir un telle daube après deux premiers albums excellents?
Sulphur citer
Sulphur
28/07/2021 17:33
Ah je déteste cet album. Pourquoi sortir cette chose du placard ?

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Machine Head
notes
Chroniqueur : 4/10
Lecteurs : (6)  4.92/10
Webzines : (4)  7.5/10

plus d'infos sur
Machine Head
Machine Head
Modern Thrash/Groove Metal - 1991 - Etats-Unis
  

tracklist
01.   Enter The Phoenix  (00:53)
02.   Desire To Fire  (04:48)
03.   Nothing Left  (04:05)
04.   The Blood, The Sweat, The Tears  (04:11)
05.   Silver  (03:52)
06.   From This Day  (03:56)
07.   Exhale The Vile  (04:57)
08.   Message In A Bottle  (03:32)
09.   Devil With The King’s Card  (04:05)
10.   I Defy  (03:41)
11.   Five  (05:18)
12.   The Burning Red  (06:44)

Durée : 50:02

line up
parution
1 Août 1999

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