Goratory - Sour Grapes
Chronique
Goratory Sour Grapes
Amis du bon goût bonjour ! Aujourd’hui nous allons aborder ensemble le cas d’un groupe américain qui n’avait plus donné signe de vie depuis 2004 et la sortie de son troisième album intitulé Rice On Suede. Un groupe qui pour son retour aux affaires après seize ans d’absence s’est donc réuni dans une pièce et s’est dit qu’il serait probablement de bon ton de faire figurer sur son artwork quelques paires de couilles poilues... Alors non, je n’ai pas la prétention d’avoir meilleur goût que quiconque ici mais bon on ne va pas se mentir, l’artwork de Tony Koehl (Abysmal Torment, Dehumanized, Embryonic Devourment, Gorgasm...) n’est franchement pas hyper engageant, même en abordant la chose sous le ton de l’humour.
Enfin bon, après une absence aussi longue, cela n’a pas vraiment beaucoup d’importance d’autant que Goratory n’a jamais caché son humour en dessous de la ceinture ni son attrait pour les choses dégoulinantes peu ragoûtantes. Au-delà de cette oeuvre discutable et contrairement à ce que l’on pourrait penser étant donné cette période à vide, la formation revient ici avec un line-up resté inchangé (en tout cas depuis 2004). Après deux albums parus sous l’étendard du label japonais Amputated Veins Records, le groupe de Boston signe son retour sur le label italien Everlasting Spew Records. Une signature presque évidente quand on connait l’amour que porte Giorgio à ces groupes de Brutal Death des années 90 et du début des années 2000.
Très justement intitulé Sour Grapes (tant qu’à jouer la carte de l’humour, même potache, autant y aller franco), ce quatrième album va reprendre les choses là où Goratory les avait laissé en 2004 sur Rice On Suede. Alors évidemment, la production a pris du galon gagnant en effet en puissance, en rigueur et en impact mais surtout, et c’est une très bonne chose, celle-ci à le bon goût (et oui, même pour Goratory) de ne pas souffrir de ces excès de zèle qui ont souvent tendance à plomber bien des groupes de Brutal Death modernes (triggs à outrance, rendu beaucoup trop synthétique, cruel manque de feeling et d’authenticité...). Résultat des courses, on en prend naturellement plein la gueule, écrasé par ces avalanches de riffs, de blasts et de changements de rythmes qui n’en finissent pas de se succéder.
En effet, ces quatorze années d’absence n’ont aucunement entaché la motivation des Américains qui reviennent ici plus déterminés que jamais. On pourrait peut-être leur reprocher de boucler ce retour aux affaires en moins d’une demi heure mais devant le manque cruel d’albums marquants proposés chaque année dans le genre, ces vingt-six minutes et dix-huit secondes sont du pain béni pour tous les amateurs de Brutal Death (Technique) qui rongent leur frein depuis trop longtemps maintenant.
Véritable démonstration de force, Sour Grapes ne fait en aucun cas dans la demi mesure. On retrouve ainsi toutes ces caractéristiques qui faisaient déjà le charme de Goratory à l’époque des premiers albums du groupe à commencer par cet attrait particulièrement prononcé pour les changements de rythmes soudains et inattendus qui confèrent à la musique des Américains une intensité ainsi qu’un côté hystérique particulièrement marqués. Chaque instrument participe ainsi à sa manière à cette atmosphère électrique et épileptique où les plans se succèdent à une vitesse folle sans que l’on ait véritablement le temps de saisir de quoi il retourne exactement. Salves de blasts ("Rat King" à 0:19, "Bottom Feeder" à 0:28, "Seth Putnam Was A Sensitive Man" à 1:01...), breaks inopinés, ralentissements taillés pour briser des nuques ("Losing Streak" à 0:54, "I Shit Your Pants" à 0:44, "Evolutionary Wart" à 1:48...), riffing ultra nerveux et tout en fulgurances ("I Shit Your Pants", "Bottom Feeder", "The People's Temple"...), basse qui frétille jusqu’à trouver parfois une place au premier rang ("I Shit Your Pants" à 0:24, "The People's Temple" à 1:11, "Seth Putnam Was A Sensitive Man" à 1:37, l’entame de "Back To The Grinding Machine"), chants aux formes et aux intonations multiples (growl plus ou moins profond, hurlement, gruik porcin)... Bref, il y a dans la formule des Américains quelque chose d’insaisissable, une frénésie qui donnerait presque mal à la tête si la durée de l’album n’était pas aussi contenue. D’ailleurs cette technique utilisée à des fins déflagratoires n’est jamais un piège, ni pour le groupe ni pour l’auditeur, puisqu’elle sert - peut-être de manière un petit peu excessive mais jamais démonstrative - des compositions toujours très efficaces qui ont l’intelligence de ne jamais s’éterniser.
Si les albums de Brutal Death de qualité sont plutôt rares ces dernières années, ce retour inespéré de Goratory constitue assurément une bonne surprise, et cela à plusieurs niveaux. Loin d’être un coup d’épée dans l’eau Sour Grapes marque effectivement un retour particulièrement engageant. Car si quatorze longues années se sont écoulées depuis la sortie de Rice On Suede, ce nouvel album est celui d’un groupe qui n’a rien perdu de sa superbe et affiche aujourd’hui une santé toujours aussi remarquable à en juger par le niveau affiché tout au long de ces vingt-six petites minutes. L’album évite également bien des faux-pas ce qui dans le genre et à notre époque constitue presque un exploit en soi... Bref, vous l’aurez compris, il n’y pas de raisons valables pour passer à côté de Sour Grapes si l’on est amateur de Brutal Death Technique généreux et efficace. Même cet artwork discutable et cette durée totale ne viendront pas nous gâcher la fête, c’est dire !
| AxGxB 21 Juillet 2021 - 1359 lectures |
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