Unmerciful - Ravenous Impulse
Chronique
Unmerciful Ravenous Impulse
Parfois, on n'y croit tellement plus que l'on oublie. Franchement, qui espérait encore un album d'Unmerciful dix ans après le savoureux Unmercifully Beaten? Pas moi en tout cas qui avais jusqu'à zappé l'existence même du combo. Et là, sortis de nulle part, v'là t'y pas que les Américains refont surface avec un nouvel opus portant le doux nom de Ravenous Impulse et arborant sur sa pochette signée Pär Olofsson (tiens, lui aussi je l'avais oublié!) un gros monstre tout vénère typique du genre! Comme quoi tout arrive, à commencer par Unique Leader qui se rappelle qu'il a été un label de brutal death et pas de deathcore!
Il s'en passe des choses en dix ans, surtout dans un groupe. Le visage d'Unmerciful a ainsi quelque peu changé depuis Unmercifully Beaten. On peut même dire que le combo a été défiguré puisque seuls Jeremy Turner (basse, guitare) et Clint Appelhanz (guitare) font toujours partie de la bande. Exit donc le batteur James King, remplacé par une autre machine de guerre dénommée John Longstreth (Origin, Dim Mak, ex-Angelcorpse), et Tony Reust qui a laissé le micro à un certain Kris Bolton (D.F.W.T.B.). Le quatuor de Topeka est même devenu un quintette avec l'arrivée d'un autre guitariste, inconnu lui aussi, en la personne de Justin Payne. Un line-up renouvelé aux deux cinquièmes mais qui conserve son compositeur principal. Du coup, l'évolution musicale se montre bien moins flagrante que celle visuelle. On retrouve dès lors Unmerciful comme si le petit frère d'Origin ne nous avait jamais quittés. Que ça fait du bien d'entendre du bon vieux brutal death des familles. Du vrai avec des grosses couilles et une vitesse moyenne d'exécution plus élevée qu'en Chine. En cela, il faut déjà souligner la performance de John Longstreth qui mitraille à toute berzingue (il y a d'ailleurs des vrais tirs de mitraillette sur le début de "Kingdom Of Serpents", sample ô combien approprié!) sur ce Ravenous Impulse qui fait la part-belle aux blast-beats. Une vraie orgie de brutalité qui ravira les fidèles de la cause. Personnellement, j'aime aussi beaucoup quand un riff joué d'abord seul se voit rejoindre par la batterie en blasts, pour un effet des plus explosifs jouissif! Les semi-blasts par contre, je ne suis toujours pas fan, heureusement qu'on les entend peu. La production de la batterie s'avère aussi un poil trop plastique. Cela dit, on a souvent entendu bien pire et cela ne gâche en rien l'écoute. Car le son reste tout de même d'une puissance assez jubilatoire, sans compter ces growls d'ours mal léché parfois couplés à du shriek (plus quelques backing vocals) qui donnent encore plus de muscle. De quoi se décrasser les cages à miel avec délectation. D'autant qu'Unmerciful ne s'est pas limité à une production maousse costaud pleine de blasts. Les parties de guitare s'avèrent également très satisfaisantes dans un style brutal blasting death typique très américain entre Deeds Of Flesh période classique et Origin (les sweeps en moins), sans abuser des éternelles harmoniques sifflées, présentes mais pas encombrantes. Une brutalité mêlée à une grande maîtrise technique qui force le respect même si l'ensemble peut paraître linéaire, défaut inhérent au style. Unmerciful n'échappe pas à la règle dans cette tornade de blasts et de riffs similaires mais ces derniers sont suffisamment travaillés pour qu'on en retienne tout de même quelque chose. Le groupe a également la bonne idée de varier un minimum en insufflant une petite dose de groove à la boucherie. Des séquences huileuses moins radicales même si elles restent relativement rapides et qui rappellent un peu Suffocation (la fin de "Kingdom Of Serpents" ne trompe pas). Et en parlant des New-Yorkais, la basse se fait également très présente chez Unmerciful, de quoi donner le sourire aux amateurs de quatre-corde trop souvent frustrés par le manque de visibilité de cet instrument. Autre nom qui vient en tête de temps en temps sur deux-trois riffs, Cannibal Corpse ("Unmerciful" à 0'47, le mid-tempo de "Kill Reflex" vers 4'10, , etc.). Pas pour me déplaire! En essayant de chercher encore un peu de diversité, on notera aussi ce très bon dernier morceau instrumental, "Methodic Absolution", qui essaye d'instaurer une ambiance plus sombre avant de replonger dans le radicalisme (on ne se refait pas!). Sûrement ce qu'Unmerciful peut faire de plus atmosphérique! On remarquera aussi ce riff plus simple et "aéré" sur "Sociopathic Predation" (1'08). Les solos? Il doit y en avoir deux à tout casser ("Sociopathic Predation" à 3'02, pas terrible et "Habitual Savagery" à 3'08, beaucoup mieux), ce n'est donc pas ce que l'on retiendra. Un petit effort là-dessus n'aurait pas été de trop.
Des efforts néanmoins, Unmerciful en a fait suffisamment pour faire de Ravenous Impulse un comeback réussi. Si ce n'est un morceau-titre paradoxalement un peu en dessous des autres et une impression de linéarité difficile à éviter dans ce style et pas trop pénalisante sur à peine trente-cinq minutes, il n'y a pas grand chose à reprocher à cet album aux morceaux courts et intenses, véritable leçon de brutal death au sens noble du terme. Peut-être une production un poil trop compressée également ou un manque de solos de toute façon pas nécessaires aux morceaux. Pas de quoi réellement décevoir en somme, ce nouvel opus des revenants d'Unmerciful se révélant à la hauteur de nos espérances, si tant est que l'on en avait encore au bout de dix ans. Les mecs ont encore le niveau et ce n'est pas les changements de personnel qui ont fait rétrograder la formation, bien décidée à en découdre avec les nouveaux concurrents. Grâce entre autres à des riffs béton et une performance de haute volée du terminator Longstreth (à part le nouveau Antaeus, peu de disques blastent autant que celui-là cette année!), Ravenous Impulse se pose comme l'un des albums de brutal death les plus marquants de 2016. Pas forcément un exploit tant l'année m'a paru maigre dans le style (bon, il y a bien eu Dehumanized, Carnophage ou Omnihility et je suis loin d'avoir tout écouter) mais ce n'est pas la faute du combo si les autres n'ont pas suivi. Unmerciful, le groupe qui porte bien son nom!
| Keyser 3 Janvier 2017 - 1131 lectures |
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