Cette fois, les poètes d'Unmerciful auront passé moins de temps entre deux albums. Il aura en effet fallu aux Américains à peine quatre ans pour donner une suite au très bon
Ravenous Impulse, lui qui s'était fait attendre près d'une décennie après le premier long-format
Unmercifully Beaten tout autant recommandable. Ce qui n'a toutefois pas évité quelques remaniements de personnel puisque le combo accueille un nouveau chanteur prénommé Joshua Riley ainsi qu'un nouveau batteur en la personne de Trynt Kelly (Marasmus) qui a donc la lourde tâche de remplacer le monstre John Longstreth. Le noyau dur composé des ex-Origin Clint Appelhanz (guitare) et Jeremy Turner (basse) s'accroche toujours, accompagné du guitariste Justin Payne arrivé sur l'opus précédent. Autre changement, le label. Unique Leader souhaitant sans doute se consacrer désormais uniquement au deathcore technique et faire une croix sur le brutal death historique, Unmerciful a trouvé refuge chez Willowtip Records pour la sortie en avril dernier de ce
Wrath Encompassed. On remarquera aussi pour la première fois une pochette noir et blanc qui se veut plus classieuse et travaillée que les deux précédentes bœufs et moches. Bel effort néanmoins inutile vu la laideur de la bête. Ah, le bon goût légendaire des groupes de brutal death !
Il fallait en tout cas y voir un signe d'extrémisation. Croyez-le ou non,
Wrath Encompassed s'avère encore plus bourrin, sombre et implacable que
Ravenous Impulse qui ne faisait déjà pas dans la dentelle. C'est bien simple, ça blaste quasiment en continu. L'écoute s'avère des plus éreintantes. Pensez aux anciens disques les plus radicaux d'Origin dont Unmerciful reste le petit frère super vénère et moins technique (pas de sweeps inhumains ici) quoique le niveau se fait toujours très au-dessus de la moyenne, agrémentés d'un peu de Deeds of Flesh, Hate Eternal ou encore Internal Suffering. On croise certes quelques rares ralentissements moins féroces ("The Incineration" à 1'41 et 4'25 dissonant et sombre, "Predator to Prey" à 3'20 pendant quelques secondes avant de repartir comme en 14, début de "Oblivious Descent") et certains riffs huileux au groove qui reste plutôt rapide ("The Incineration" sur les passages dissonants, "Blazing Hatred" à 0'55 et 2'36, fin de "Predator to Prey", "Wrath Encompassed" à 1'07 et 2'58, "The Stench of Fear" à 1'41, "Oblivious Descent" à 3'28, "Inexorable Decay" à 2'00, 2'58 et sur son final). Mais 95% du temps, ça joue très vite sur des blast-beats avec la double à fond. Du blast classique, un peu de semi-blasts et surtout des blasts "mitraillettes", pas mes préférés en passant. Ce n'est plus Longstreth derrière les fûts mais c'est tout comme tant Trynt Kelly joue dans la même cour ici, bien mis en avant dans le mix. Quelle endurance ! L'extrême barbarie de l'œuvre se trouve aussi renforcée par le growl puissant et intelligible de Joshua Riley souvent superposé à des shrieks ou appuyés par des backing vocals (dans la grande tradition Origin). Clairement, Unmerciful n'a pas perdu au change avec ses deux recrues.
Le quintette de Topeka a par contre perdu sur d'autres plans. Ne faîtes pas les surpris, vous avez déjà regardé la note. C'est même ce que vous faites en premier. Ne mentez pas, je fais pareil ! Si la vitesse de jeu et l'omniprésence des blasts font de
Wrath Encompassed un album brutal, il s'agit d'une brutalité qui n'arrive pas vraiment à se lâcher, restant contenue, cloisonnée. La faute à une production ultra compressée qui limite l'impact d'une musique qui ne demande pourtant qu'à vous exploser à la tronche. Grosse frustration du coup. D'autant que ce n'est pas tout.
Ravenous Impulse bourrait furieusement tout en offrant un riffing de qualité. Pas
Wrath Encompassed ou seulement en quelques occasions, et c'est sans doute ce qui déçoit le plus. Difficile qui plus est de discerner grand chose à travers ce mur de son assez impénétrable. Les morceaux ont ainsi tendance à sonner tous pareils. On ne distingue pas assez les riffs qui apparaissent brouillons sans l'être réellement, engendrant une monotonie ennuyeuse. On a un peu l'impression d'être pris dans un ouragan dont le bruit du vent rend sourd, un trou noir d'où rien ne ressort. Il faudra alors pas mal d'écoutes attentives pour en avoir une meilleure vision, ce qui ne changera pas le fait que les riffs demeurent peu marquants. Heureusement, certains tremolos pas dégueux et plus audibles arrivent à s'extirper ("The Incineration" à 0'25 et 3'30, "Blazing Hatred" à 1'24, "Wrath Encompassed" à 0'17, "Carnage Unleashed" à 3'50, "Furious Precision" à 1'28 et 2'08, "Oblivious Descent" à 1'12, début de "Inexorable Decay ...), les riffs gras typiques du brutal death US font leur petit effet et les solos un peu plus construits et développés apportent une touche de mélodie bienvenue ("Wrath Encompassed" à 3'20, "The Stench of Fear" à 2'33, lead finale de "Inexorable Decay") quand les autres plus courts et plus chaotiques qu'autre chose ne servent à rien.
Unmerciful tombe en fait ici dans l'excès, ce qui a l'effet inverse de celui escompté. Bourriner tout du long, pourquoi pas et je ne m'en plains pas d'ailleurs, bien au contraire. Ce parti pris radical a quelque chose de jouissif. Encore faut-il assurer derrière toutefois et ne pas en oublier l'essentiel : les riffs. Et ça justement, les Américains l'ont un peu mis de côté en nous expédiant des riffs peu inspirés de toute façon noyés dans le déluge. La batterie en mode sulfateuse, le chant impeccable et la basse agile ne peuvent pas tout faire et combler les manquements des guitares. La surcompression du son insupportable qui musèle les velléités achève de nous convaincre que les mecs passent à côté d'un truc important. En résulte un album à la brutalité fade qui frustre et déçoit de la part d'un combo qui avait jusqu'ici fait honneur à un style de brutal death exigeant né au début des années 2000 et dont il reste peu de représentants encore crédibles. On se consolera un minimum en se disant que
Wrath Encompassed passe toujours mieux que la grande majorité des disques de brutal death lambda mais venant d'un tel mastodonte, on ne peut s'empêcher d'éprouver un sentiment de gâchis. Croisons les doigts pour un retour plus convaincant dès que possible.
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