Après un
« Growing Seeds Of Decay » (2005) qui n'était pas tombé dans les oreilles d'un sourd, sans pour autant permettre à Septycal Gorge d'émerger du marasme brutallique ambiant, un split en 2008 en compagnie notamment des très prometteurs (à l'époque) et confirmés (maintenant) Fleshgod Apocalypse, voici donc ce tant attendu deuxième album, émergeant fièrement d'une scène death italienne toujours en pleine ébullition. Et si
« Growing Seeds Of Decay » était clairement un album prometteur, « Erase The Insignificant » sera indubitablement celui de la confirmation tant la progression entre les deux est impressionnante.
Si les trois titres que les italiens nous proposaient sur le split
« Da Vinci Death Code » montraient clairement une surenchère en terme de brutalité il était évidemment prématuré d'en tirer une conclusion absolue sur l'album à venir. Il suffira pourtant d'une seule écoute de « Erase The Insignificant » pour que les choses soient mises au clair: cet album est
plus. Plus brutal, plus technique, plus rapide. Au rang des moins pourra-t-on seulement objecter la perte de ce côté accrocheur qu'avaient certains riffs sur
« Growing Seeds Of Decay » (le début de « Walz of desperation » par exemple) et une prod plus moderne qui met moins en exergue ce côté glauque et dégoulinant des compos. A part ça tout dans ce deuxième opus surpasse son prédécesseur, le début de « Deformed Heretic Impalement » avec son gravity blast scotchant est là pour bien nous prévenir: accrochez-vous fermement à votre casque ça risque de secouer sévèrement des cervicales! Et en cela on peut remercier David « BrutalDave » Bilia (également batteur chez Putridity checkit) qui insuffle en partie à cette galette sa vélocité, enchainant les blasts comme Christine Bravo les ballons de rouge et qui ferait presque passer Davide Boeri pour mon pote JC. Sans oublier de nous coller derrière la nuque quelques ralentissements bien sentis, le bougre est impressionnant de rapidité. La paire Diego – Marco « Los » n'est pas en reste, distillant moult riffs non moins véloces, plus techniques que sur
« Growing Seeds Of Decay » sans donner dans la démonstration. Le ratio élevé riffs/titre ne rend pas la bête aisée à domestiquer aux premières écoutes mais la persévérance paie toujours et lorsqu'elle se fait plus docile, la bête n'en est pas moins féroce. Toutefois dans cette course célère effrénée les italiens continuent de nous gratifier de breaks bien heavy (« Redneck Slanderous Mutation » à 2'45, « Aprioristic Discharge » à 3'16, « Forgotten Faces Of Human Prism » à 2'50) rappelant certains passages plus glauques de son prédécesseur, « Erase The Insignificant » ne renouant guère avec cette ambiance que sur les deux derniers titres (dont l'instrumentale « Elegy For The Wretched »). Evidemment Septycal Gorge ne serait pas Septycal Gorge sans les gargouillis jouissifs du père Mariano qui ne doit décidément pas avoir les mêmes cordes vocales que le commun des mortels. Donnant un peu moins dans le
ree ree, il reste néanmoins toujours aussi impressionnant et demeure pour moi l'un des meilleurs vocalistes brutal death du moment (oui mon yaourt!).
Plus rapide, plus brutal, plus technique... et mieux produit? Encore eût-il fallu que
« Growing Seeds Of Decay » le soit mal, ce qui n'est pas le cas. « Erase The Insignificant » dispose bien entendu d'une production beaucoup plus moderne, claire et puissante, avec un son de batterie plus synthétique. Ce ne sera évidemment pas du goût de tout le monde. Personnellement j'aimais beaucoup le son très naturel du premier opus et il est vrai que celui du petit dernier est bien plus commun. Mais le plus dommage c'est surtout qu'on se demande où a bien pu passer la basse. Quasi oubliée dans le mix elle joue à cache cache avec les guitares et autant dire qu'elle gagne à chaque fois. Mis à part lorsque ces dernières marquent une pause (« Psychotic Redemption ») et sur l'outro de « Speeches Of Inadequacy » Clod se fait malheureusement trop discret et c'est bien dommage!
Pas de quoi fouetter un chat pour autant, « Erase The Insignificant » reste une vraie réussite et confirme bien tous les espoirs que j'avais placés en mes chouchous turinois qui ont indubitablement gravi une marche avec ce nouvel album. L'ombre de Disgorge (US) n'est pas loin, et
« Growing Seeds Of Decay » revêtirait presque un aspect pataud en comparaison. J'aimerais pouvoir conclure cette chronique en vous louant en plus la magnifique pochette mais mon bon goût me l'interdit. On ne peut pas réussir sur tout la ligne. Tant que la musique est bonne...
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