Huit ans, huit ans déjà quasiment jour pour jour que Beneath The Massacre avait laissé nos tympans en charpie après un éprouvant (dans le bon sens !)
Incongruous. Que s’est-il passé pendant toutes ces années ? Des concerts en 2013 puis plus rien… Soucis de santé, études, boulot, vie de famille entre autres selon la fiche promo… Le groupe passera logiquement en second plan, le temps trouvé il faudra plus de huit mois entre le début de l’enregistrement et le mastering final pour accoucher de ce nouvel opus. Le noyau dur n’est malheureusement plus, le quatuor canadien aura perdu son (monstrueux) batteur fondateur (juste avant la sortie de
Incongruous), remplacé par le fameux Patrice Hamelin (Gorguts, ex-Martyr) pour finalement devenir musicien « live », c’est le jeune américain méconnu Anthony Barone qui rependra les baguettes. Puis sortie de nulle part sur les réseaux sociaux, l’annonce d’un nouvel extrait (qui aurait fuité), une date de sortie sous la bannière Century Media ainsi qu’une tournée européenne au côté de la nouvelle coqueluche Archspire. Nouveau massacre auditif jouissif à l’approche.
L’époque n’est plus la même pour les Québécois, désormais canalisés par un boulot stable et le cocon familial ? Forcément nous comprendrions que les musiciens lèvent le pied et calment cette fougue de jeunesse. Tout faux ! Préparez la codéine, la bande pousse son ultra violence encore d’un cran faisant passer certains titres d’
Incongruous pour du death « down-tempo » (je vais devoir mettre à jour ma chronique de 2012). Oui vous avez bien lu. Sur un format habituel de 30 minutes une intensité qui ne descendra jamais. Alors cette batterie… Ce jeune batteur de 27 ans qui il y a encore quelques années postaient des cover de Beneath The Massacre (guitare incluse) sur sa chaîne YouTube. Une vélocité et une quantité de frappes hallucinantes où gravity blast et hyper blast deviennent des techniques « banales », « Treacherous » comme vitrine parfaite de la machine. Juste hallucinant. Elliot continue lui à soulever ses haltères tout en grognant dans son micro (vidéos à l’appui), sauf que le gaillard n’oublie pas sa séance cardio et a gagné considérablement en souffle. Un débit se collant régulièrement au rythme dantesque poussé par ses camarades pour une sensation de submersion totale.
Une brutalité grandie mais une base identique, les adeptes d’
Incongruous ne seront pas du tout lésés et ça dès l’ouverture « Rise Of The Fearmonger », le groupe a d’ailleurs composé certains morceaux en 2012. Riffs encore plus tordus joués à pleine bourre par la tête pensante Christopher mais là où les précédents peinaient parfois à capter notre attention, chaque titre possède son accroche (mélodies « 8 bits » inclues) ou sa montée d’ultra-violence orgasmique. On sent que le guitariste a peaufiné ses compositions au millimètre près pour un enchaînement le plus limpide possible. Plutôt complexe quand on joue du brutal death technique. Il faudra d’ailleurs pas mal d’écoutes avant de pouvoir bien cerner et différencier chaque morceau. Dans le haut du panier jubilatoire, « Hidden In Plain Sight », le hit « Return To Medusa » au refrain à grogner avec un plaisir malicieux, « Absurd Hero » ou encore « Tarnished Legacy ». Les breakdowns semblent de moins en moins explicites mais pas complètement effacés, le groupe garde ses bribes « core » (encore étiqueté « deathcore » selon Metal-Archives). Certains diront qu’ils pourraient s’en passer, d’autres diront qu’en live et/ou que sur album cela permet de reposer le cortex cérébral en secouant la nuque. A vous de juger, je trouve le dosage ici finement équilibré. Dans les potentielles doléances quelques titres à l’efficience légèrement en deçà du reste en milieu de parcours (« Bottom Feeders » et « Flickering Light ») et des « gros » hits pas encore décelables à cet instant (point qui pourrait changer avec le temps en laissant reposer la chose) en comparaison au reste de la discographie (l’imparable de bout en bout
Marée Noire en tête).
Le maître donne sa leçon de brutal death technique moderne (16 ans d’âge maintenant) à tous ces ersatz imposteurs du genre.
Fearmonger ou un
Incongruous 2.0 certes, une version encore plus brutale et plus technique qui atomise littéralement nos tympans. A la fois ravi de ce shoot massif d’endorphine mais un peu frustré de cette version « améliorée » de 2012 lors des premières écoutes, chaque nouvel opus de leur discographie se démarquant de son aîné en « osant » quelques bribes de nouveautés. Sauf que
Fearmonger reste leur album le plus abouti à ce jour. Une précision chirurgicale qui permet à la fois de combiner une fluidité déconcertante et une intensité écrasante. La demi-heure passée, une seule envie nous guette, relancer la machine annihilatrice… Fichtre que c’est bon d’avoir mal, j’y retourne !
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