Viraemia - Viraemia
Chronique
Viraemia Viraemia (EP)
Franchement, je me demande souvent quelles études ont poursuivi les death metalleux des USA. Bon, je ne parle pas de ceux qui font du goregrind, parce qu'eux ont sait qu'ils ne sont pas allés jusqu'aux cours de musique obligatoires, je parle plutôt de ceux qui font du brutal death à connotation anatomique, grande spécialité des américains s'il en est. Car Viraemia fait partie de ces groupes dont on ne comprend pas les paroles sans avoir suivi des cours d'anatomie ou regardé Urgences en boucle pendant 14 ans. Des titres comme « Coagulation Intravasculaire Disséminée » ou « Fasciite Nécrosante » n'étant sinon compréhensible que parce qu'ils constituent l'essentiel du scénario de certains épisodes de Dr.House ; et l'on devine aisément qu'ils ont des résultats rigolos sur le corps humain, malheureusement pas pour longtemps. Formée l'année dernière quelque part en Arizona, la jeune formation a décidé de s'engouffrer dans la brèche que Brain Drill vient d'ouvrir, pratiquant ce que les ricains appellent du « tech death », et qu'en en langage plus précis et compréhensible, nous dénommeront brutal death technique, dans la veine de Brain Drill donc, mais aussi Beneath The Massacre, Origin et compagnie.
En effet, on pourrait croire aux premières écoutes que Viraemia n'est qu'un side-project des musiciens de Brain Drill, tant les ressemblances sont grandes ! L'optique des deux groupes est la même : brutalité par la vitesse, mélodie par la technique, et le rendu est extrêmement proche. Toutefois il ne faut pas exagérer, Viraemia n'est pas aussi rapide et technique que l'est Brain Drill, pour un rendu plus lisible et peut être même plus efficace. Pourtant ici aussi les morceaux sont composés de riffs sweepés sur fond de gravity blast, et la technique des musiciens n'est pas franchement à mettre en doute, déjà parce qu'elle reste tout à fait concevable, et parce que quelques petites imperfections me font penser qu'il n'y a pas eu recalage à outrance. Mais au contraire des californiens, Viraemia n'hésite pas à ralentir assez souvent, à enchaîner des riffs sans fioritures techniques, voire même quelques successions d'accords apportant une lourdeur généralement bien amenée, pour un rendu plutôt réussi.
Pourtant, le break au début de « Necrotizing Fasciitis » est très mauvais, dans la tradition du pire du brutal death US, à la limite de la mosh part, bref, on dirait du Dying Fetus, et dieu sait que ce n'est pas un compliment de ma part. Autre point négatif, le chant très varié va parfois jusqu'au gruik inhalé très désagréable, à l'opposé de la puissance vocale que le chanteur déploie la plupart du temps. Dans les deux cas, c'est extrêmement rare, et ça ne suffit pas à gâcher l'écoute de premier EP, littéralement pétri de qualités.
Si le chant emprunte son timbre à tout le spectre death metal imaginable, les musiciens ne sont pas en reste au registre des prouesses : le batteur possède une excellente technique de gravity blast, mais a l'intelligence de faire respirer les compositions en restant la plupart du temps dans un registre classique, bien aidé par des tempos qui n'atteignent pas des sommets. Le bassiste est quant à lui le véritable virtuose du groupe, jouant de sa basse 10 cordes qu'il a fabriqué lui-même avec une facilité déconcertante, enchaînant tappings et... sweeps joués avec le pouce (sachant la difficulté de cette technique avec un médiator, je vous laisse vous l'imaginer au pouce, et avec des cordes de basses). Dommage toutefois que son jeu si particulier lui fasse principalement suivre les guitares et qu'il ne soit pas mis un peu plus avant dans le mix final, bien qu'il reste audible à tout moment. Je n'aurai d'ailleurs qu'un seul mot pour cette production : excellente et équilibrée (mince, ça en fait deux), pour une fois un groupe de death metal a eu la bonne idée de laisser un son naturel à la grosse caisse et de ne pas le mettre totalement en avant. Reste le guitariste, qui malgré ses très bons sweeps semble être le musicien le moins accompli des trois, répétant un peu trop ses plans, mais dont le travail reste totalement hors de portée du commun des guitaristes, principalement à cause des rythmiques épileptiques qui semblent être la marque de fabrique du groupe.
Vous l'aurez compris, Viraemia est une excellente découverte, et vous devriez vous jeter dessus si vous aimez Brain Drill, surtout si vous êtes en plus friand des gimmicks du brutal death américain. Ce premier EP est ultra-prometteur, même si personnellement je déplore quelques maladresses, une tendance à la répétition dans les plans de guitare et une digestion imparfaite de l'influence principale du groupe. Heureusement, des morceaux comme « Cancrum Oris » et « The Prodomal Phase », excellents presque d'un bout à l'autre emportent totalement mon adhésion, et donc une très bonne note pour un jeune groupe en devenir déjà très aguerri techniquement. Si toutefois les défauts venaient à demeurer sur un futur album, mon avis ne saurait en être que plus sévère. Pour l'instant j'enjoins tous ceux qui apprécient le style (Keyser et Chris en particulier) à écouter les trois cinquièmes de l'EP que le groupe a mis à disposition, et à retenir le nom de Scott Plummer, un bassiste prodige qui n'a pas grand chose à envier à Jeff Hughell.
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