Fecundation - Decomposition Of Existence
Chronique
Fecundation Decomposition Of Existence
Passé vraisemblablement un petit peu inaperçu à en croire le nombre ridicule de chroniques trouvées sur Internet, Fecundation est pourtant de ces groupes qui méritent que l’on y prête attention. Originaire de Séoul en Corée du Sud, la formation voit le jour en 2013 sous l’impulsion du chanteur et guitariste Jeong Jong-ha. Celui-ci est dans un premier temps accompagné du bassiste américain Courtland Miles (Occlith) et d’un autre coréen du nom de Kwon Yong-man qui quant à lui trouvera place derrière les fûts. Aussi surprenant que cela puisse paraître, la première sortie du trio est une compilation réunissant deux EPs restés jusque-là totalement inédits (Cadaveric Rigidity + From Grave To Cradle, 2015). Malheureusement, Fecundation devra faire face l'année suivante à quelques soucis de line-up avec les départs de Courtland Miles et Kwon Yong-man, ce dernier étant alors remplacé par Kim Jae-yoon. Évoluant depuis sous la forme d’un duo, le groupe sortira en 2016 un EP intitulé Congenital Deformity suivi dans la foulée d’un split en compagnie des Japonais d’Invictus. Il faudra attendre deux ans supplémentaires pour que le groupe sorte enfin son premier album.
Intitulé Decomposition Of Existence, celui-ci voit le jour en février 2018 sur le label russe Coyote Records (Cenotaph, Posthumous Blasphemer, Brodequin, Sepsism...). Une collaboration qui ne laisse pas beaucoup de doutes quant au genre pratiqué par les deux coréens puisqu’en effet on va aujourd’hui causer Brutal Death Metal. Notons d’ailleurs que ce ne sont pas les seuls russes embarqués dans l’affaire puisque le mixage et le mastering ont été confiés à Alexander Borovykh (Cerebral Effusion, Darkall Slaves, Devangelic, Posthumous Blasphemer...) et que l’artwork plutôt engageant est l’oeuvre d’Andrey Khrisanenkov qui exerce plus communément sous le nom d’Armaada Art (Abominable Putridity, Aborted, Cist, Kraanium, Phlebotomized, Pyrexia, Sintury, Vomit Remnants...).
La première bonne nouvelle à l’écoute de ce Decomposition Of Existence est que Fecundation a choisi de ne pas céder à la facilité d’une production trop synthétique. Naturellement, celle-ci s’inscrit dans l’ère du temps mais très franchement il n’y a pas grand chose à lui reprocher tant chaque instrument (enfin presque) est ici correctement mis en avant. Certes, on peine parfois à distinguer clairement la basse (même si à l’inverse on l’entend également parfois extrêmement bien comme sur "Vomit Stench Around Her Lips" à 1:30) mais au moins la batterie ne sonne pas comme une boîte à rythme déshumanisée (bien que lors de certains roulements de grosse caisse le trigg se fait tout de même bien sentir). Dans le même ordre d’idée, Jeong Jong-ha à bien compris qu’il était inutile d’en faire des caisses, préférant opter pour un growl certes tout ce qu’il y a de plus classique dans le genre (grosse gerboulade bien souvent incompréhensible) mais qui au moins à le bon goût de ne pas sombrer dans le ridicule à force de gruiks et autres onomatopées improbables.
Au-delà de ces deux éléments particulièrement rassurants pour quiconque se montre toujours un petit peu méfiant vis à vis des "récentes" sorties estampillées Brutal Death (je mets des guillemets car cela fait déjà un bon moment que la scène s’est elle-même sabordée), Decomposition Of Existence aligne également bien d’autres atouts. Brutalité, technique, groove, concision et efficacité sont en effet au programme de ce premier album rondement mené qui, sans rien renouveler (on pense pas mal aux patrons du genre tels Suffocation, Dying Fetus ou Defeated Sanity), ne devrait pas manquer de convaincre les amateurs. Ainsi Jeong Jong-ha et Kim Jae-yoon nous offrent ici une belle leçon de Brutal Death grâce à des titres nerveux, intenses et chaotiques ne dépassant jamais la barre des trois minutes ("Vomit Stench Around Her Lips", morceau le plus long de l’album, culmine ici à 3:41 seulement). Les séquences technico-brutales (descentes de manche à n’en plus finir, constructions épileptiques, déferlantes de notes et autres sweeping à la Dying Fetus) s’enchaînent donc ici intelligemment (on est loin de la démonstration vide de sens) et à un rythme relativement soutenu. Une cadence qui pourrait presque donner le tournis si la musique de Fecundation n’était pas entrecoupée de moments plus nuancés, que ce soit à travers des passages au groove absolument redoutable ("Abolishment Of Existence" à 2:11, "Buried Dead Flesh" à 1:34, "Vomit Stench Around Her Lips" à 1:21, "Intestinal Diverticulum" à 0:57...) ou lors de séquences (aussi courtes soient-elles) plus lourdes ("Abolishment Of Existence" à 0:18, "Fetal Devourment" à 1:54, "Vomit Stench Around Her Lips" à 0:59, "Chapter Of Detestation" à 1:27...) et même parfois plus mélodiques grâce à ces quelques solos fort sympathiques ("Fetal Devourment" à 2:43, "Vomit Stench Around Her Lips" à 3:18, "Intestinal Diverticulum" à 2:49, "Depravity And Abuse" à 1:52).
Il est donc certain que les Coréens n’ont rien inventé et qu’ils se contentent ici de se réapproprier tout un tas de codes et de gimmicks vus et entendus maintes fois auparavant. Pour autant, difficile d’aborder Decomposition Of Existence sans se montrer enthousiaste tant Fecundation a le bon goût de tout faire proprement. Effectivement, l’originalité n’y ait pas forcément de mise mais pour le reste les deux garçons n’ont de leçon à recevoir de personne et font preuve d’une très grande maîtrise de leur sujet à travers ces compositions à la fois brutales, techniques et ultra efficaces. Bref, si vous êtes amateurs de Brutal Death mais que vous n’avez encore jamais posé vos oreilles sur la musique des Coréens, voilà une bonne occasion de le faire et ainsi de vous régaler de ce premier album extrêmement convaincant.
| AxGxB 17 Octobre 2022 - 752 lectures |
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