Sacrificia Mortuorum - Railler l'Hymen des Siècles
Chronique
Sacrificia Mortuorum Railler l'Hymen des Siècles
Quel est le plus grand groupe de black français de tous les temps ? Aaah, le genre de questions qui sur un forum permet de faire 10 pages stériles accompagnées de nombreuses insultes et prises de bec ! Le genre de question qu’on aime bien quoi. Et s’il est évident que les noms des étalons tels que BLUT AUS NORD, PESTE NOIRE, MUTIILATION, ANOREXIA NERVOSA ou DEATHSPELL OMEGA sortiraient, certains illuminés viendraient parler de seconds couteaux, voire de troisièmes ou quatrièmes ! N’y aurait-il pas quelqu’un pour citer NEHEMAH, BELENOS, MYSTIC FOREST, CRYSTALIUM, KRISTALLNACHT, LES CHANTS DE NIHIL ou OTARGOS ? Si, parce qu’ils ne sont pas considérés comme le haut du panier juste parce qu’ils sont moins mis en avant, vendent moins, ou sont sur de plus petites structures, mais sûrement pas parce qu’ils sont moins bons ! Tous ces groupes, et d’autres encore (ARMAGGEDON, HIMINBJORG...) méritent amplement d’être dans une discothèque de qualité.
Et SACRIFICIA MORTUORUM ? Eh bien oui, oui et encore oui ! Un oui pour Maturum Est (2007), un autre pour Damnatorium Ferrum (2009), et un troisième pour Railler l’Hymen des Siècles (2012). Non, je n’ajoute pas Les Vents de l’Oubli, du fait que ce premier album ne m’a jamais conquis, mais là encore, question d’appréciation... En fait, ce qui m’épate chez ces Lorrains, c’est le travail qu’ils sont en train d’accomplir. Ils se créent une discographie idéale avec une musique personnelle mis qui ne reste pas figée. Les groupes qui parviennent à évoluer sans se trahir sont suffisamment rares pour que ce soit signalé ! Entre Maturum Est et Damnatarium Ferrum, c’était surtout la production qui avait vu le plus de changements et changé l’atmosphère du groupe. Le son sale et étouffé qui collait bien aux ambiances trve black nostalgique / mélancolique était devenu plus chaud et claquant. On retrouvait bien les mélodies qui font l’excellence du groupe, mais elles donnaient moins l’impression d’avoir été capturées « sur le vif ». Certains s’en plaignaient, moi aussi à la première écoute, mais finalement ce fut une étape importante pour le groupe, un palier franchi avec réussite et qui n’enlevait rien à la détresse qui le caractérise tant. Cette marque de fabrique du duo était toujours palpable, toujours prenante, et les sceptiques sont invités à réécouter « Animus se Abstrahit a Corpore » pour s’en convaincre !
Railler l’Hymen des Siècles arrive ainsi 3 ans plus tard et s’inscrit bien dans la continuité avec une formule proche du précédent agrémentée de quelques légères améliorations. D’abord, parlons de ce qui n’a pas changé. Bien entendu le style pratiqué : le black y est très français, partagé entre le tourment et la mélodie grâce à ces riffs toujours aussi nombreux et une démonstration de talent à la guitare. Je ne parle pas de technique, cette castractrice de l’imaginaire mais du talent de composition, celui-là même qui nous fait aimer CELESTIA ou THE ARRIVAL OF SATAN, celui-là même qui peut nous toucher en plein coeur. Et au micro aussi le génie est de sortie ! Les vocaux sont toujours écorchés et crient dans un français à moitié audible un mal-être, une haine et une incompréhension inondantes. Les paroles sont trouvables dans un livret de vingt pages bien fourni et agrémenté d’esquisses diverses. Celles-ci, mais surtout la pochette font d’ailleurs penser au visuel de « De la Vermine » de MOURNING FOREST...
Le premier changement vient donc de ce visuel, très différent des anciens. Pour moi, une pochette est très importante et contribue aux ambiances de l’album. C’est une des clefs de la musique et cette fois-ci, elle ouvre la porte d’un ancien temps pour se rapprocher des images créées par SALE FREUX, AUTARCIE mais aussi PESTE NOIRE. Pour ce dernier, on dira presque « évidemment » puisque les artistes ont déjà collaboré sur L’Ordure à l’Etat Pur. L’affiliation n’est cependant pas uniquement visuelle, mais aussi sonore comme en témoigne le final de « De Poussière », troublant de similitude. On remarquera aussi une évolution dans la durée des morceaux. Sur 6, 4 dépassent les 8 minutes et au total l’album fait 51mn contre 41 et 42 pour les deux précédents ! Pourtant aucune longueur n’est à déplorer car le groupe sait se rendre maître dans l’art de l’évolution au sein d’un titre. Des mélodies et des breaks viennent toujours relancer l’intérêt d’un morceau et finalement l’album forme un tout très hétérogène qui passe tout seul, même lorsqu’un morceau fait 12mn comme « Lacrimae ».
Les blasés diront que SACRIFICIA MORTUORUM n’a pas inventé grand chose, mais pour qui aime le black matiné de riffs aux ambiances nostalgiques, cet album est une pépite. La scène française est toujours de qualité et en voilà une nouvelle preuve. En tête des sorties black 2012, et pas seulement française !
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