Pour moi, un nouvel album des Français de
SACRIFICIA MORTUORUM est toujours un événement. Et c’est aussi toujours l’assurance de nombreuses écoutes parce que la formation, que j’idolâtre depuis son deuxième album paru en 2007, sait proposer des compositions à carapaces, de celles qui ne se livrent pas tout de suite mais réclament du temps pour se fendre petit à petit et dévoiler ses secrets...
Et bien entendu c’est une nouvelle fois le cas de cette 6ème offrande, justement baptisée...
En Offrande. Arrivant 4 ans après
Possède la Bête, elle est évidemment l’œuvre de Lord Arawn. Il se charge des vocaux, des guitares, des synthés et de l’écriture de la moitié des textes. Il est épaulé par Thorbès à la basse, par le batteur d’
AUTARCIE et
CATERVA RUNA : Skogsvandrer, ainsi que par Feu de France pour le reste des paroles. N’oublions pas Baudelaire puisque cette fierté de la littérature française est de la partie grâce à l’utilisation de son poème « Recueillement » sur le morceau du même nom... Le voilà :
« Sois sage, ô ma Douleur, et tiens-toi plus tranquille.
Tu réclamais le Soir ; il descend ; le voici :
Une atmosphère obscure enveloppe la ville,
Aux uns portant la paix, aux autres le souci.
Pendant que des mortels la multitude vile,
Sous le fouet du Plaisir, ce bourreau sans merci,
Va cueillir des remords dans la fête servile,
Ma douleur, donne-moi la main ; viens par ici,
Loin d'eux. Vois se pencher les défuntes Années,
Sur les balcons du ciel, en robes surannées ;
Surgir du fond des eaux le Regret souriant ;
Le Soleil moribond s'endormir sous une arche,
Et, comme un long linceul traînant à l'Orient,
Entends, ma chère, entends la douce Nuit qui marche. »
Ce titre se démarque pour une autre raison que l’origine de ses paroles : il est joué sur un rythme plus calme qu’à l’accoutumée. Cela n’affecte pas cependant l’identité de
SACRIFICIA MORTUORUM, qui se manifeste dans cette petite couche de crasse volontairement déposée sur les compositions. Elle devient l’argument des détracteurs du groupe qui ne saisissent pas les atouts d’un son imparfait, et qui ont apparemment besoin d’une beauté pure, évidente et facile d’accès. Ils ne sont pas sensibles à cette autre beauté, moins grossière, qui se trouve dans les détails, qui se cache derrière un chaos apparent. C’est celle qui me touche pourtant le plus, et c’est celle que je retrouve dans ces 8 nouveaux morceaux regorgeant de perles distillées précieusement. Leur apparition forme alors de fins rais de lumières au beau milieu d’un épais brouillard, et apportent un espoir au fond du désespoir.
Chaque composition sur En Offrande possède son moment intense, même s’il ne se remarque pas d’emblée. Il est véritablement nécessaire de s’investir dans l’écoute et de fournir plus d’efforts et de concentration qu’avec un autre groupe, sous peine de ne pas constater ce qui devient pourtant très vite une évidence : l’excellence des morceaux. Au milieu de l’agressivité nerveuse, des mélodies, des breaks, des passages acoustiques, des vocaux tantôt froids tantôt brûlants, des variations de rythme... De la richesse donc...
Cet album est une nouvelle fois indispensable pour tous ceux qui ont les clés donnant vers l’univers de
SACRIFICIA MORTUORUM, pour tous ceux qui arrivent à saisir dans leurs compositions des sentiments aussi variés que la colère, le renoncement, le dépassement de soi, la hargne, le désespoir, la douleur, la haine ou encore l’espoir. Oui, tout cela se retrouve dans
En Offrande, mais sans être délivré sur un plateau. Du négatif ? Oui, le visuel de la pochette n’est pas assez fort ni même représentatif de ce que l’album contient. C’est tout, mais ça joue sur la première approche de l’œuvre...
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