Askeregn - Monumenter
Chronique
Askeregn Monumenter (EP)
Formation norvégienne extrêmement discrète, Askeregn a sorti en mai dernier sur Terratur Possessions un disque prêtant quelque peu à confusion. Il faut dire qu’avec seulement six titres pour trente minutes, il y a de quoi être paumé quant à l’intitulé exact à donner à cette troisième offrande. S’agit-il d’un album ou bien d’un EP? Difficile de se prononcer... Pour ma part, je pencherais davantage pour la deuxième des solutions d’autant que l’un de ces nouveaux morceaux est un instrumental.
Quoi qu’il en soit, Monumenter fait suite à deux précédents enregistrements. Le plus récent est un split en compagnie des Finlandais de Vordr sorti en 2012 sur le label québécois Tour De Garde. Le plus ancien est une démo tape intitulée Undergangsglimt sortie en décembre 2011 sur Fossbrenna Creations (One Tail, One Head, Vemod...).
A l’image de cet artwork en noir et blanc, le Black Metal d’Askeregn se révèle d’une sobriété impeccable. Alors que résonne les premières notes de "Fra Stormens Øye", on est tout de suite saisi par la simplicité qui émane de ce riff Punk entêtant et cette batterie qui l’accompagne. Un riff de tout juste quelques notes, habillé pour l’occasion d’un noir profond. Ce riff ainsi répété sans trop de variations pendant presque trois minutes, cache derrière cet aspect pour le moins désuet et répétitif une certaine désinvolture aussi excitante que repoussante et offre en même temps un clin d’œil véritable et sincère au Black Metal norvégien du début des années 90. Une simplicité au service d’un propos laissant entrevoir une atmosphère en clair-obscur, c’est-à-dire où se superposent des moments lumineux (mais amers) et d’autres beaucoup plus sombres et inquiétants.
Mais "Fra Stormens Øye" n’est que la partie visible de l’iceberg. La représentation la plus facile et la plus sommaire de la musique d’Askeregn. Car celle-ci ne se limite pas à cette vision somme toute assez redondante abordée durant ces presque trois minutes. Non, Askeregn a le goût et l’envie d’offrir également quelques morceaux plus élaborés à l’image des très bons "Ned I Mulm Og Mørke (Under Månen)" et du duo "Ild Til En Sol (Phosphorus)" / "Himmelen Brenner (Under Solen)" qui réussissent à construire et à développer des atmosphères tout aussi saisissantes mais certainement plus élégantes et peut-être moins immédiates. Des changements de rythmes et d’atmosphères qui se font au gré de ces trémolos glacés et sinistres et de ces riffs Punk aliénants ("Dømt Til Liv") que va distiller pendant une demi-heure le trio norvégien. Askeregn n’invente rien mais sa formule ne semble pas pour autant dénuée de sens. Le soin apporté aux différentes mélodies et à l’atmosphère qui émane de Monumenter suffit pour transporter l’auditeur dans cet univers gris de pierre parfaitement transposé via l’artwork de ce premier album/EP. Ainsi, ces séquences intenses et abrasives laissent très souvent place à des passages mid-tempo plus ambiancés ("Sjelsviner" à 1:37, l’introduction éblouissante et quasi religieuse de "Ned I Mulm Og Mørke (Under Månen)", son break à 1:40 et ces voix inquiétantes et pourtant lumineuses) et contemplatifs (l’instrumental "Ild Til En Sol (Phosphorus)" et le retour de ces voix lugubres qui viennent d’ailleurs déborder sur le morceau suivant, "Himmelen Brenner (Under Solen)" et sa longue conclusion diffuse qui donne le sentiment de chuter dans un puit sans fond).
La production n’est pas étrangère au bon développement de ces atmosphères. Son côté cru mais pas cradingue confère ainsi aux compositions d’Askeregn un aspect abrasif et rugueux assez naturel malgré quelques déséquilibres que l’on imagine bien volontaires, à commencer par cette batterie "lointaine" ou encore cette voix arrachée et vindicative bardée de réverb. Et puis bon, en plus de coller au style pratique ici par les Norvégiens, cela donne aux morceaux de Monumenter une énergie supplémentaire en insistant sur l’aspect incisif des riffs et de la section rythmique.
Black Metal servi dans la plus pure tradition norvégienne des années 90, la musique d’Askeregn ne semble pas chercher à bousculer les quelconques conventions encore en place dans le milieu. Malgré tout, le groupe réussi l’exploit de se détacher assez nettement de ce que l’on peut entendre aujourd’hui avec une approche à la fois ultra simple (ces riffs Punk aliénants) et un goût certain pour les atmosphères tantôt religieuses, tantôt brumeuses et humides. Askeregn ou le Black Metal du Grand Nord sans la tripotée d’artifices en tout genre. Un retour aux sources pour un résultat d’une sobriété redoutable.
| AxGxB 13 Novembre 2015 - 947 lectures |
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