Hell Militia - Last Station On The Road To Death
Chronique
Hell Militia Last Station On The Road To Death
Après un premier jet officiel très énergique en 2005, le « all-star band » parisien récidive 5 ans après pour sortir chez le label très côté Debemur Morti son nouvel album, Last Station On The Road To Death. « All-star band », ce terme n'est pas employé au hasard pour désigner ce groupe qui compte un membre des groupes les plus respectés (ou pas) de la scène française pour chaque poste… En effet, HELL MILITIA est lié de très près à des combos comme ARKHON INFAUSTUS (avec T. Persecutor à la guitare), TEMPLE OF BAAL (par Arkdaemon à la guitare), ANTAEUS (Hellssukkubus tenant la basse), VORKREIST et MÜTIILATION (Meyn'ach officiant en effet comme beugleur dans HELL MILITIA), pour ne citer qu'eux. Sur le papier, on tient donc un groupe qui a du potentiel et qui avait su le prouver en 2005 avec son album Canonisation of the Foul Spirit. Qu'en est-il donc de ce nouvel opus ?
A l'évidence, ces 5 ans n'auront pas été vains : HELL MILITIA s'est impliqué dans cette sortie, et ça se sent : ses compositions sont plus matures et l'ambiance, très travaillée, y est bien fournie : on perçoit bien l'atmosphère oppressante, étouffante, que veut offrir le groupe à son auditeur. D'un point de vue général, les morceaux de cet album officient dans une dissonance qui donne un rendu très malsain. La production, se voulant sale, accentue bien cet effet prépondérant dans ce Last Station On The Road To Death. C'est une des meilleures productions récentes que j'ai pu écouter ces derniers temps : son côté cradingue, composé de larsens et de grésillements savamment calculés lui permet de rester très crûe, donc appréciable mais cela n'empêche absolument pas d'entendre tous les instruments, parfaitement mis en valeur. La basse, dont on perçoit toute la lourdeur et toute la primitivité, en est une composante jouissive.
La voix est aussi un vrai atout en faveur de cet album. Marquée par les années et les substances diverses et avariées, elle se fait pesante, crasseuse, et anime réellement un album qui repose en partie sur ses épaules. Associée à cette dissonance quasiment permanente, elle atteint clairement son but pour renforcer cette ambiance si particulière. A l'écoute de la performance de Meyn'ach, on pense à un Attila ou à Grimnisse, dans ce que cette voix peut avoir d'étouffée, de foncièrement mauvaise, d'éraillée à outrance. Sur le morceau éponyme (et final, soit un morceau judicieusement placée), elle se fait possédée, apportant un bonus providentiel à une structure assez lente qui n'attend que ses interventions, bien haineuses, pour aller de l'avant. Elle offre à des compositions ambitieuses ce « plus » que chaque groupe rêverait d'avoir en ses rangs.
En outre, les morceaux de cette nouvelle cuvée ont clairement pour but de retourner les tripes de l'auditeur, qui n'en demandait pas tant. Eux aussi oeuvrent dans la dissonance et constater des ruptures de tempo réussies ne peut que les valoriser, notamment lorsqu'ils passent de la lenteur pesante, obsédante et caractéristique de ce nouvel opus au « blast beat » pour une certaine variété dans le rythme et une efficacité certaine. Ambitieux, ces nouveaux efforts le sont assurément, lorsque l'on s'imprègne de cette ambiance atypique, avec les « Unshakable Faith », « The Ultimate Deception »( peut-être le meilleur de l'album) « Et Inferno Ego » ou « Fili Diaboli », perles prises à part sur un album finalement assez homogène qui se doit, à mon avis, d'être écouté d'une traite pour en saisir la pleine saveur. Ambitieuse, la reprise de GG ALIN, « Shoot Knife Strangle Beat & Crucify », que le groupe soumet très bien à son atmosphère, l'est aussi : justement, cette atmosphère occulte de HELL MILITIA, atmosphère retranscrite dans une lenteur récurrente et assez prenante, convient bien à cet hymne fédérateur de feu le punk le plus sulfureux qui fût.
Mais cette lenteur est également le défaut de cet opus. Sa structure récurrente, la façon dont il a été composé, tout ceci rend le tout quelque peu uniforme. Le groupe utilise, pour chacune de ses compositions, une recette similaire, ne se renouvelant que peu. Là où l'assaut du précédent jet avait fait mouche, la froideur de ce nouvel opus déçoit par son manque de punch, son manque d'accroche. La violence est à chercher ailleurs dans ce nouveau HELL MILITIA, ce qui sera difficile et à coup sûr décevant, par rapport au côté direct, fulgurant et castagneur du précédent… La bestialité jouissive, présente sur le précédent opus, est relativement absente de ce nouvel effort, et c'est bien dommage. Mais ce groupe, cumulant bien les influences et les talents de ses têtes de pipe, a malgré tout un réel avenir et possède toujours ce potentiel que la nouvelle offrande n'écorne pas, bien au contraire. Un groupe à suivre, en espérant que l'expérience et la maturité, toutes deux acquises et perceptibles sur ce nouvel album, soient le fer de bonnes sorties dans le futur, sorties que je souhaite encore meilleures.
| Voay 15 Juin 2010 - 2734 lectures |
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