Ende - Goétie Funeste
Chronique
Ende Goétie Funeste
Si tu m’as fait le plaisir de me lire sous d’autres colonnes, dans une autre vie, tu sais à quel point j’apprécie Ende et son black « médiéval » très fortement axé sur les ambiances, tout autant que sa science de la composition. Si, pour ma part, The Rebirth of I constitue leur sommet, comme au demeurant le magnifique split avec Sorcier des Glaces (Le Puit des Morts) ici chroniqué, Goétie Funeste contribue à faire basculer ma religion. Cet album est fort. Très fort.
From the Tomb, l’instrumental qui ouvre l’album, comme The Unearthly Ones, placent l’auditeur au cœur même du propos, dans ces ambiances dont Ende a le secret, faites de blizzard évanescent et de voix et d’accords étirés, hantés…habités. Crawling in Winter enchaîne avec un mid-tempo toujours approprié, qui sied parfaitement au groupe dont la musique est bien davantage axée sur la profondeur des atmosphères et des mélodies que sur la violence pure débridée. Comme à son habitude, et comme pour me ravir de nouveau, les mélodies sont toujours aussi bien fondues dans la structure, très naturellement, qui offre un rendu tout à la fois dense et lumineux. Les arrangements à la batterie ne font pas défaut, qui enrichissent le titre sans le dénaturer (comme sur le départ de Blakolla également). Quant au son, il est puissant sans être clinique. Sur Crawling in Winter ou sur les premières minutes de Blakolla, cette puissance se déchaine et l’emphase est palpable, épaisse, littéralement saisissable, notamment sur les accélérations.
Ende est un groupe, je l’ai dit, dont j’apprécie particulièrement la science de composition. Les idées sont nombreuses. Les lead sur Crawling in Winter, les passages plus prog’, toutes proportions gardées, sont ainsi parfaitement mis en valeur, qui offrent des respirations intéressantes au milieu des accélérations dévastatrices du morceau. A ta Peau Glabre développe encore d’autres ambiances, le titre reposant sur un riff entêtant, hypnotique, qui tournoie dans l’espace sonore alors que des leads plus mélodiques le rejoignent à mi-parcours pour enrichir encore la structure. Le pont mélodique, puissant, porté par l’emphase, permet au morceau de repartir sur une autre dynamique (dès 3’). Seventh Gate of a Seventh Sin rebondit quant à lui, sur des bases plus heavy, plus déliées, moins denses mais pas moins intéressantes. Les lead agressifs, mêlés aux roulements de la batterie, le porte davantage vers des ambiances guerrières.
Ars Goetia tranche, en revanche, par rapport au reste de l’album par un aspect nettement plus brutal. La rythmique est enlevée, le son puissant et la voix plus agressive. Le morceau joue sur des ressorts plus nettement violents et débridés. Les arrangements restent pourtant nombreux, comme ceux qui occupent la batterie et ces petits coups de cymbale, discrets mais pertinents. Comme aussi ce changement de rythme, cette cassure à mi-parcours qui change le visage du morceau, l’option pour le mid-tempo permettant de lui donner du relief. De même, A Circle Made of Human Remains et In Bones se détachent sensiblement des ambiances jusque là posées par le groupe pour se concentrer davantage sur la progression du titre, la guitare tissant des riffs là encore très progressifs, presque rampants avant de les saccader et d’offrir un autre visage au morceau. L’accélération porte parfois directement à l’estomac au bout de 2’ avant de ralentir à nouveau, telles les reptations d’un serpent (A Circle…). Parfois, les riffs s’étirent et la voix hantée se fait davantage présente (In Bones) mais simplement pour apporter du relief entre deux accélérations. Les mélodies fondues dans la masse apportent encore des aspérités auxquelles l’auditeur pourra utilement s’accrocher, sans parler du travail sur la batterie…une fois n’est pas coutume.
Ende sort un nouvel album de très haute qualité. Les français en ont la désormais très bonne habitude. Avec le dernier Nécropole, et sans parler de tous les autres (Peste Noire, Pensées Nocturnes, Caverne, Antaeus, DSO…), l’Hexagone nous promet de belles fêtes de fin d’année. Et un bilan bien délicat à établir.
| Raziel 16 Novembre 2018 - 1631 lectures |
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