Ende / Sorcier Des Glaces - Le Puits des Morts
Chronique
Ende / Sorcier Des Glaces Le Puits des Morts (Split-CD)
Si tu m’as lu sous d’autres latitudes, tu sais que j’aime beaucoup Ende. Que j’apprécie leur BM « classique » mais parfaitement construit, un brin médiéval et toujours très inspiré. Quant à Sorcier des Glaces, leur Ritual of the End m’avait également largement séduit. La réunion des deux entités autour d’un split joliment intitulé Le Puit des Morts ne pouvait donc qu’attiser ma curiosité. Elle ne sera pas déçue, loin s’en faut.
La partie Sorcier des Glaces ouvre le bal avec 4 morceaux de plus de 6 minutes. Le puits des morts, le premier titre, offre à l’auditeur une plongée immédiate dans les tourments d’un BM à l’allure élevée, aux riffs lancinants qui s’étirent en beaux arpèges mélodiques (le final superbe de Glaciale solitude... dans la pénombre hivernale, appuyée à la guitare sèche). La patte du groupe est de suite identifiable, comme ce souci de recherche de mélodies fondues dans la masse. Si la batterie sonne un poil carton-pâte, presque punk par moments, le son est ample, profond et suffisamment « roots » pour apporter une aura sylvestre à ce premier titre. Les ponts / refrains mélodiques sont superbes, il faut le souligner. La dynamique globale des morceaux de cette partie est également à relever ; si les atmosphères nostalgiques prennent le dessus, elles se fondent merveilleusement dans les structures très véloces des titres, à l’image d’un Monarque, d’un Forteresse ou d’un Drudkh d’autrefois (le pont à 5’30 sur le Puits des morts ; le départ de Glaciale solitude... dans la pénombre hivernale et ses enchaînements successifs ; la structure même de Dans l'immensité Blanche De La Plaine). Les cassures (nombreuses sur le titre Glaciale solitude... dans la pénombre hivernale, notamment à partir des 6’ ; le pont sur L'ombre squelettique du Temps à 4’20) assurent la relance dynamique des morceaux et mettent en valeur, par contraste, les superbes mélodies servies par le groupe. Mélodies qui peuvent en outre se targuer d’être drapées dans un voile menaçant insidieux qui accroît l’aura sylvestre de cette partie. L’école québecquoise peut être fière de son rejeton qui vend parfaitement ses principales forces : le souffle nostalgique et l’emphase musicale (Dans l'immensité Blanche De La Plaine, très beau morceau mystique, très ample où la rythmique ultra dynamique envahit tout l’espace sonore et où quelques soli déchirent la structure et modifient la texture même du titre ; L'ombre squelettique du Temps et sa progression lente, insidieuse, magnifique).
La partie Ende doit relever le gant. Après une première partie de niveau Elite, le challenge était délicat. Notre Falaise et ses presque 10 minutes ouvre la danse et on sent que de niveau, on ne va rien perdre. Le son, plus sale, plus médiéval (oui, médiéval, hanté, habité par les esprits anciens, porteur de contes oubliés) pose d’entrée une atmosphère sublime, faite de traits lancinants, déchirants, annonciateurs de peste. Là encore, la patte du groupe est de suite identifiable entre mille. Le choix du mid-tempo, porté par un son d’une ampleur abyssale, où la réverb’ emplit tout l’espace, donnant à la structure l’aspect d’une congère, est remarquable de pertinence. Le titre se meut tel un serpent blessé, par à-coups ; il progresse en accrochant ça et là de belles mélodies, qui tournoient dans les airs comme un flot pestilentiel annonciateur de mauvaises nouvelles. La menace est omniprésente ; elle est sublimée, littéralement habitée. Les relances (vers les 4’38) sont ultra pertinentes, qui mêlent guitares aux riffs acérés et mélodies nostalgiques de fin du monde. Ce premier titre est simplement une merveille. Le choix du mid-tempo n’est pas arrêté définitivement. Dès le second morceau – Sacrifice – les tempi élevés retrouvent droit de cité, en partie. Le talent demeure. La science de la composition mêlée à une vraie recherche sur les mélodies moulées dans la structure accouche encore d’un morceau habité, gorgé d’emphase et de nostalgie. Quant à la reprise de Bathory, Call from the Grave (oui, petit, tu la connais, sinon tu vas la découvrir par toi-même), elle marque certes une petite rupture dans la cohérence du split par ses aspects plus guerriers. Toutefois, le traitement Ende lui offre une patine nouvelle, presque plus sombre (avec de beaux soli vers les 3’11 et ensuite qui aèrent le titre de leurs sonorités heavy). Fehér Isten vient boucler le split par une partie originale d’ambient médiévale, de dungeon synth, très typée Burzum et donc hautement qualitative, car puisant ses racines au plus profond des entrailles de la terre.
Si tu ajoutes à cela un bel artwork, tu auras là un split de rêve comme il y en a bien peu (le dernier ? Satanic Warmaster / Archgoat, même tuerie). Un genre de split rassurant sur le monde en général. Statistiquement, un gars intelligent peut faire des conneries, mais moins qu’un con. C’est la même chose pour le talent. Deux groupes à très haut potentiel accouchent rarement d’une bouse (V. la référence précédente !). Ce split est une tuerie absolue. Une merveille pour les oreilles.
| Raziel 25 Mars 2017 - 1800 lectures |
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