Sorcier Des Glaces - The Puressence of Primitive Forests
Chronique
Sorcier Des Glaces The Puressence of Primitive Forests
Il y a vraiment à boire et à manger dans la scène québécoise. Dommage que la musique ne suive pas chez tous les groupes, car pour la plupart, ils s’emploient toujours à faire une utilisation très noble de la langue française dans des harangues patriotes absolument magnifiques pour certains, je pense notamment à FORTERESSE, THESYRE ou encore les bonnards AKITSA dans un tout autre registre. Une scène très disparate, qui est peut-être très (trop ?) appréciée pour ses groupes « dépressifs » comme GRIS ou SUI CAEDERE qui n’ont pas beaucoup d’intérêt, à part faire pleurer les minettes en new rock dans les chaumières mal chauffées, ou peut-être même pousser au suicide les quelques déchets de notre scène (si seulement…). Dommage que la « médiatisation » (toute proportion gardée) de ces groupes de pleureuses finalement assez médiocres occulte les talents réels de cette scène très fertile depuis quelques années (pensons à UTLAGR ou encore les plus récents SPIRIT OF THE FOREST), une scène dans laquelle le groupe culte FROZEN SHADOWS a su impulser bien des choses avec ses tueries Dans les bras des immortels ou encore Hantises, disques fondateurs, ou encore le label Sepulchral Productions.
Le groupe dont il est question ici, SORCIER DES GLACES, s’impose également comme un groupe fondateur de cette scène en grande partie francophone, et c’est sous la bannière de Mankind’s Demise, qui a sorti notamment le bel assaut des « jeunes » SUPERIOR ENLIGHTMENT il y a quelques temps, que The Puressence of Primitive Forests voit le jour en cette année 2011. Fondateur, grâce notamment à son premier disque Snowland en 1998, qui bien que manquant de maîtrise posait déjà la marque glaciale des québécois et imprimait cette personnalité dont les deux membres composant le combo, Sorcier Des Glaces et Luc Gaulin n’ont finalement jamais dévié à l’image du disque précédant cette nouvelle sortie, le très bon Moonlight In Total Darkness. SORCIER DES GLACES, c’est clair et net, est un groupe sur lequel on a beaucoup de préjugés, sans doute à cause du nom mais aussi parce qu’il est souvent mis dans le même panier que les pleureuses dont je parlais plus haut. Grossière erreur ! Si le précédent disque se perdait parfois dans des atmosphères au clavier un peu longuettes, ce nouvel opus ne fait pas dans la dentelle et beaucoup passeront à côté d’une authentique tuerie.
Déjà, pas de clavier pour ce disque ! Les deux âmes du combo le précisent bien dans leur pochette marquée par une toile sobre et épurée qui illustre parfaitement la musique du duo éternel constituant SORCIER DES GLACES depuis sa fondation en 1997. Tout d’abord, le son à la fois très froid et brumeux explose tout sur ce nouveau disque, je pense notamment à la batterie de Luc Gaulin qui prend une toute nouvelle dimension, notamment grâce à des blast beats absolument ravageurs qui ressortent à merveille et créent une pureté réelle qui court sur tout le disque. Une batterie bien glaciale et martiale qui s’impose comme un des gros points forts du disque, à l’image de la ride qui rythme parfaitement ces riffs contemplatifs asservissants, de la charley très bien agencée dans le mix qui fuse souvent quand il le faut ou encore d’une double pédale surpuissante… bref, cette nouvelle peau sied à merveille à ce batteur de talent, qui soutient ici la guitare aérienne et purifiée de tout déchet, de toute humanité, de Sorcier Des Glaces. Une guitare qui enchaîne des riffs tous aussi inspirés les uns que les autres. Alors qu’il y avait quelques longueurs sur les précédents opus des québécois, ici la composition acquiert une maturité qu’on remarque au premier abord pour peu qu’on connaisse un peu le groupe. Très peu de longueurs (mis à part la fin du disque, disons deux morceaux qui flottent un peu avant la reprise de TORMENTOR qui elle, casse la baraque) sont à reprocher, la saveur monolithique créées par les deux compères n’a d’égale que la froideur de leurs offrandes, de plus en plus pertinente et atteignant son apogée sur ce nouveau disque qui s'impose rapidement comme leur meilleur disque. SORCIER DES GLACES enchaîne les icebergs comme des perles, avec ces morceaux terribles que sont notamment « Deathlike Silence », « ... Et les Anges périrent sous la Neige », morceau francophone stimulant, de même que « Through the Veils of Frost » , « From the Deepest Pits of Hell » ou encore l’énormissime « Winter Eternal » le meilleur morceau du disque qui confirme la qualité de ces hymnes au froid qui resteront gravées dans les têtes, de ces mandales neigeuses aux riffs fulgurants et aux passages atmosphériques pertinents à la guitare claire qui laisseront des cicatrices sur les esgourdes congelées par tout cet attirail déployé avec talent. Une grande intensité se dégage de tout le disque, qui ne connaît aucune pause… et la froideur reste bien présente, même lors des accalmies qui ne font en aucun cas s’essouffler un disque vraiment dense.
Bien que la voix soit un peu faiblarde et manque de hargne, et c’est bien un des seuls défauts de ce groupe, la recette estampillée SORCIER DES GLACES fonctionne à merveille lors de la petite heure que dure ce disque qui s’achève sur un bel hommage au culte combo hongrois TORMENTOR avec la reprise de « Tormentor I » (de l’album Anno Domini de 1988), qui montre l’attirance du groupe pour l’Old School. On sent bien que le groupe maîtrise son sujet là encore, en injectant une vraie personnalité à sa reprise : il fallait l’oser et c’est un challenge que nos deux hommes relèvent haut la main (« This world is really necrophilia and TORMENTOR ! / In days this world will fall in deadly TORMENTOR ! » : comment ne pas suivre les québécois sur ce refrain fédérateur ?). Ce son cristallin à la froideur paroxystique et ultra poignante associé à cette attirance pour l'Old School contribuera à imposer SORCIER DES GLACES comme un groupe fort respectable. Prenez garde à ne pas sous-estimer ce groupe et ce disque complètement glaçants. Beaucoup s’arrêteront au nom en riant comme des vieilles larves et en considérant ce combo comme l’énième groupe québécois foireux, et c’est pour moi une vraie injustice. Tant pis, SORCIER DES GLACES prouve avec The Puressence of Primitive Forests qu’il défend bec et ongle sa personnalité, on aurait tort de passer à côté sous prétextes de préjugés qui n’ont jamais eu lieu d’être. Respect total ! Et je me retiens de mettre plus à cet album qui colle parfaitement à mes attentes en Black Metal... mon objectivité me perdra.
| Voay 12 Septembre 2011 - 2721 lectures |
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